Excellences, Mesdames et Messieurs, Au sein de l'échiquier géopolitique contemporain, le Maroc incarne, sous la conduite éclairée de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, Que Dieu L'Assiste, une trajectoire d'exception. La Diplomatie Royale se déploie comme la manifestation éclatante d'une conviction inébranlable : la grandeur des nations se mesure à leur aptitude à forger ensemble leur avenir, et la solidarité constitue le fondement même d'un ordre mondial plus juste et équitable. Cette Vision Royale s'enracine dans l'héritage plurimillénaire du Royaume, dans ce dialogue séculaire tissé entre l'Atlantique et le Sahara, entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne, pour édifier une Diplomatie résolument engagée. C'est une Diplomatie qui choisit l'action et privilégie les réalisations tangibles. Le 50ème anniversaire de la Marche Verte Glorieuse nous offre l'occasion de méditer sur cette trajectoire remarquable. Car la Marche Verte fut la manifestation éclatante d'une philosophie diplomatique fondée sur la mobilisation pacifique, sur la légitimité historique conjuguée à la volonté populaire, sur l'affirmation de soi sans négation de l'autre. Ces principes nourrissent aujourd'hui l'ensemble de l'action diplomatique marocaine. Dans leur grande sagesse les pères fondateurs de l'Organisation des Nations Unies ont conçu dans, la Charte des Nations Unies, le socle d'une diplomatie mondiale basée sur trois piliers interconnectés et complémentaires : 1. Le développement comme levier d'émancipation collective 2. Les droits de l'Homme comme socle de dignité universelle ; et 3. La paix et la sécurité comme condition d'épanouissement des nations. Ces trois piliers, sur lesquels je vais structurer mon allocution, représentent une boussole opérationnelle pour la diplomatie marocaine. Cette dernière, se distingue comme une diplomatie d'action ; guidée par des principes constants et concrétisée par des initiatives tangibles sur les plans économique, humanitaire, social, environnemental, culturel, spirituel et institutionnel, loin de toute approche purement intentionnelle ou déclarative. Ainsi, le Royaume sous la clairvoyance de sa Majesté le Roi, Que dieu l'Assiste, défend un multilatéralisme du concret : un multilatéralisme qui ne se limite pas à proclamer des valeurs, et à adhérer à des principes. Il les met en œuvre, en créant des solutions, en renforçant la coopération et en participant à la construction d'un ordre international plus juste, plus solidaire et plus durable. Lire aussi : Omar Hilale : La diplomatie marocaine, modèle de réalisme et d'anticipation stratégique S'agissant du pilier Développement : Le Maroc considère le développement comme le véritable moteur de stabilité nationale et d'émancipation et de coopération régionale et internationale. Au cœur de la Vision marocaine pulse une conviction fondatrice : le développement ne se transmet pas, il se crée ensemble. Cette Vision, a été cristallisée dans la parole fondatrice de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI lors du sommet maroco-ivoirien à Abidjan en 2014 (je cite) : « l'Afrique doit faire confiance à l'Afrique » (fin de citation). Il s'agit d'une promotion de l'action collective qui proclame que : les réponses aux défis africains gisent dans le génie propre du continent, dans la capacité millénaire des Nations à transmuter l'adversité en invention, à faire de leurs griefs historiques le terreau de leur renaissance. Le Maroc se présente ainsi, en tant que porteur de projet national et continental ; ancré dans la solidarité, l'action et l'innovation et ce, à travers des investissements dans les énergies renouvelables, modernisations des infrastructures, développement humain et action climatique ambitieuse. Cette vision trouve son expression opérationnelle dans une architecture de coopération Sud-Sud et triangulaire qui est aujourd'hui un vrai « succès story » qui a pu se distinguer des paradigmes traditionnels de coopération et qui se traduit par plus de mille Accords bilatéraux et plus d'une trentaine de visites Royales aux pays frères et amis du Continent. Ces visites Royales n'ont pas seulement renforcé les relations fraternelles avec ces pays, mais ont ouvert une nouvelle voie d'intégration économique pragmatique et mobilisant des secteurs clés de développement durable ancrés dans les réalités africaines. Plusieurs initiatives phares illustrent la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour une Afrique solidaire, résiliente et maîtresse de son destin, notamment : * L'Initiative Royale pour l'accès des pays du Sahel à l'Atlantique va bien au-delà du désenclavement géographique. Elle incarne une diplomatie économique d'action, orientée vers la connectivité, la diversification et l'intégration régionale. En ouvrant de nouvelles voies d'accès aux marchés mondiaux, elle crée un espace africain d'échanges, de prospérité et de stabilité partagée. * Le Gazoduc Maroc–Nigeria n'est pas seulement un projet énergétique : c'est un lien organique entre les extrémités du continent. Ce projet illustre une vision d'intégration africaine fondée sur la solidarité, la sécurité énergétique et la mise en valeur du potentiel collectif de l'Afrique. * La sécurité alimentaire érigée en priorité stratégique avec l'Initiative pour l'Adaptation de l'Agriculture Africaine – la Triple A – lancée lors de la COP22 à Marrakech, traduit cette ambition. Elle transforme les systèmes agricoles africains pour les rendre plus résilients face aux chocs climatiques, tout en favorisant l'innovation, la formation et la valorisation des ressources Transformant la souveraineté alimentaire en un levier de paix, de sécurité et de développement humain durable. Parallèlement le Royaume tisse un réseau de transferts de compétences qui honore l'intelligence collective du Sud. À travers la formation de cadres africains dans les institutions marocaines, le déploiement d'experts marocains au service de projets nationaux africains et la création de partenariats techniques et scientifiques, le Maroc œuvre à un investissement durable dans le capital humain africain. Cette approche repose sur la conviction que le savoir, le partage d'expertise et la solidarité constituent les leviers les plus puissants pour bâtir une Afrique souveraine, innovante et tournée vers l'avenir. Par ailleurs, lorsque le Royaume plaide pour l'économie bleue, il s'exprime depuis l'épicentre d'une mobilisation continentale dont il est l'architecte. Cette volonté s'est illustrée par le rôle fédérateur assumé par le Royaume du Maroc sur le continent africain, à travers des initiatives concrètes en faveur d'une approche commune sur les océans. Elle s'est notamment traduite par la réunion intergouvernementale africaine tenue à Tanger, en juin 2024, en amont de la Conférence des Nations Unies sur l'Océan (UNOC3), tenue à Nice. Cette dynamique s'est consolidée avec la tenue du Sommet Afrique pour l'Océan, co-présidé par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa et le Président Emmanuel Macron, qui a consacré la dimension stratégique des océans pour le développement durable et la résilience climatique du continent africain. En agrégeant, depuis Tanger, la convergence des positions africaines avant de les porter à Nice, le Maroc illustre sa doctrine fondatrice : il ne suffit pas de parler pour l'Afrique, il faut permettre à l'Afrique de parler d'une seule voix. Ainsi l'action diplomatique du Royaume ne constitue pas un simple prolongement symbolique, mais bien un pilier stratégique de son développement et de son rayonnement international. Il démontre qu'il ne se contente pas d'adhérer aux principes des Nations Unies : il les traduit en initiatives concrètes et en programmes durables en faveur des pays africains et les pays en développement. Un autre exemple à mettre en exergue, lorsque le Royaume défend le rôle des pays à revenu intermédiaire, il plaide pour la reconnaissance d'une réalité vécue par des millions d'êtres humains. Lorsqu'il fait reconnaître l'Arganier comme patrimoine de l'humanité, il affirme la dignité des savoirs traditionnels face à « l'homogénéisation » culturelle. Du coup, le Royaume illustre comment Le multilatéralisme devrait toujours être l'atelier où se forge la justice internationale. Pilier II : Les droits de l'Homme comme socle de dignité universelle : La Diplomatie marocaine s'ancre dans une conviction profonde : les droits de l'Homme sont le fondement de toute société aspirant à la pérennité et à la cohésion. Cette vérité, inscrite au cœur de la Sagesse Royale et consacrée par la Constitution de 2011, fait des droits de l'Homme une nécessité stratégique et un impératif collectif. Cette cohérence se déploie en Afrique à travers une Diplomatie multidimensionnelle des droits de l'Homme, qui conjugue action humanitaire, coopération institutionnelle, partage des savoirs, promotion du dialogue spirituel et engagement sécuritaire. Sous les Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Champion de l'Union Africaine pour la question migratoire, le Maroc a bâti depuis 2013 l'une des politiques migratoires les plus progressistes d'Afrique, rompant avec la logique sécuritaire pour embrasser une approche humanitaire, solidaire et inclusive. Plus de 50 000 migrants africains ont obtenu un statut légal lors des campagnes de régularisation de 2014 et 2017, leur garantissant l'accès à la santé, à l'éducation et au travail. L'Observatoire africain des migrations, établi à Rabat en 2018 sous l'égide de l'UA, institutionnalise cette vision d'une gestion concertée et respectueuse des droits de l'Homme, accompagnée de programmes d'intégration couvrant l'apprentissage linguistique, l'insertion professionnelle et la sensibilisation culturelle. Le Maroc, référence continentale grâce à l'Instance Equité et Réconciliation (IER), a fait de la justice transitionnelle un instrument de coopération Sud-Sud. Le Conseil national des droits de l'Homme a tissé des partenariats avec les institutions du Mali, du Sénégal, du Niger, de la Côte d'Ivoire et de la Mauritanie, permettant le transfert de méthodologies, d'outils d'enquête et de procédures de réparation, qui a été assorti d'accords bilatéraux d'assistance judiciaire, policière et juridique pour combattre la traite des êtres humains, la corruption et le crime organisé. Pôle de stabilité et de modération religieuse, le Maroc forme chaque année des centaines de cadres religieux africains du Mali, du Sénégal, du Nigeria, du Niger, de la Côte d'Ivoire, du Tchad et de Guinée dans un islam du juste milieu respectueux des droits de l'Homme. Cette Diplomatie spirituelle s'est traduite par des accords de coopération religieuse avec plusieurs pays africains et par un leadership onusien remarquable : le Royaume a initié en juillet 2019 la résolution historique de l'Assemblée Générale première du genre sur le discours de haine, suivie de la résolution proclamant le 18 juin « Journée internationale de la lutte contre les discours de haine », puis des résolutions contre l'autodafé du Saint Coran. Cette exemplarité continentale irrigue la parole diplomatique marocaine sur la scène internationale. La résolution sur le rôle des femmes dans la Diplomatie et la médiation adoptée à Genève, comme l'initiative portant à la reconnaissance des savoirs traditionnels incarnée par la Journée mondiale de l'Arganier, procèdent d'une même conviction : les droits de l'Homme ne se réduisent pas à leur dimension juridique, ils s'enracinent dans les patrimoines culturels et environnementaux des peuples. Le Maroc forge ainsi une éthique de la cohérence où l'engagement africain multidimensionnel (humanitaire, institutionnel, éducatif, spirituel et sécuritaire) transmue l'action locale en norme universelle. Pilier III : La paix et la sécurité comme condition d'épanouissement des nations : La Diplomatie marocaine en matière de paix et de sécurité se distingue par sa volonté d'appréhender les défis sécuritaires dans leur globalité. Elle reconnaît que le terrorisme, les trafics transnationaux, les conflits armés, les crises humanitaires et les dégradations environnementales ne sont pas des phénomènes isolés mais les manifestations interconnectées de fragilités profondes. Cette lecture systémique conduit le Royaume à redéfinir la notion même de sécurité, l'arrachant aux seules logiques militaires pour l'élargir aux dimensions alimentaire, énergétique, climatique, humaine. Car comment parler de sécurité à celui qui ne mange pas à sa faim ? Comment promettre la stabilité à celui que la sécheresse chasse de ses terres ancestrales ? La sécurité véritable se construit dans la dignité quotidienne retrouvée. Chaque fois qu'il y avait des crises, le Maroc était présent. Dès 1960, le Royaume s'affirme parmi les premiers pays africains à participer aux opérations de paix en République Démocratique du Congo, inscrivant ainsi son nom dans l'histoire du maintien de la paix internationale. Depuis lors, notre engagement n'a jamais faibli, se déployant en Angola, Somalie, Cote d'Ivoire, Bosnie-Herzégovine, en République Centrafricaine et en Somalie. Chaque Casque bleu marocain déployé porte en lui l'héritage de la Marche Verte Glorieuse : la conviction que les solutions pacifiques l'emportent toujours sur la force. Notre engagement pour la paix a un coût humain. Des soldats marocains ont fait le sacrifice ultime de leurs vies. Ces hommes et ces femmes en uniforme ont porté haut les valeurs de notre Royaume : courage, solidarité et dévouement à la cause de la paix. Le Maroc n'est pas qu'un pays fournisseur de Casques bleus. Notre pays occupe des postes de responsabilité au plus haut niveau de la chaîne de commandement onusienne et dans l'architecture de paix internationale. Des personnalités marocaines incarnent cette expertise au service de la paix : Madame Najat Rochdi, Envoyée Spéciale Adjointe du Secrétaire Général de l'ONU en Syrie puis en République Centrafricaine, atteste la reconnaissance internationale de l'expertise marocaine en médiation et en consolidation de la paix. La Présidence marocaine de la Configuration République Centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix (PBC) illustre l'engagement résolu du Royaume en faveur de la stabilisation et du relèvement post-conflit en Afrique. Ce mandat traduit une vision marocaine qui conçoit la consolidation de la paix comme un processus holistique exigeant une mobilisation durable au service de la réconciliation nationale et de la reconstruction. Cette approche intégrée trouve son illustration éclatante dans la Conférence internationale d'investissement consacrée au financement du Plan national de développement (PND) de la République Centrafricaine 2024-2028, organisée à Casablanca, en septembre 2025, à la demande du Président Faustin- Archange Touadéra. Permettant de mobiliser 9 milliards de dollars en faveur du développement du pays. Fort de cette expérience et de ces résultats tangibles, le Maroc brigue la Présidence de la PBC en 2026, organe essentiel de l'architecture onusienne. L'accession du Royaume à cette présidence permettrait d'apporter une perspective africaine authentique et une compréhension endogène des dynamiques de paix et de sécurité du continent. Elle constituerait ainsi une opportunité pour l'Afrique de voir ses priorités mieux reflétées dans les stratégies onusiennes de consolidation de la paix. Cette ambition d'incarner une voix africaine authentique dans les instances décisionnelles internationales se manifeste également à travers l'engagement du Maroc au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies. Une voix qui formule les préoccupations du continent avec la force de l'expérience vécue, l'autorité de l'engagement concret, la crédibilité de celui qui ne se contente pas de déplorer les crises mais qui agit pour les prévenir. Au-delà de ces enceintes multilatérales, cette philosophie d'action se traduit par des initiatives de coopération régionale concrètes. Le Maroc a ainsi démontré sa capacité à catalyser le dialogue à travers l'Initiative du Bassin du Fleuve Mano en Afrique de l'Ouest, où notre pays a facilité la réconciliation entre Etats voisins en créant des espaces de confiance et de collaboration durable. Dans cette même logique, la région sahélo-saharienne s'est naturellement imposée comme une priorité cardinale de la politique étrangère marocaine. Cela est dû à la reconnaissance lucide d'une vérité géographique et historique : la stabilité du Royaume est organiquement liée à celle de son voisinage sahélien. Ainsi se dessine la contribution marocaine à la paix et à la sécurité internationales : Une Diplomatie qui, forte de son ancrage africain et de sa vision holistique, qui croit fortement que la paix durable se bâtit pierre après pierre, dans la patience de la réconciliation, l'audace de la coopération et l'exigence de la solidarité. Le Maroc porte une conviction profonde : la paix n'est pas l'absence de guerre, mais la présence de justice, de dignité et d'opportunités pour tous. C'est cette conviction qui anime chaque Casque bleu déployé, chaque initiative de médiation entreprise, chaque projet de développement soutenu. C'est elle qui fait du Royaume un partenaire crédible et un acteur indispensable de la paix en Afrique et dans le monde. Une Diplomatie Enracinée : une vision tournée vers l'avenir Au terme de ce parcours à travers les trois piliers de la Diplomatie marocaine, une constante s'impose : la cohérence entre les principes proclamés et les actes posés. Cette exigence de résultats mesurables traduit une conception stratégique forgée sous l'égide de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, Que Dieu L'Assiste, pour qui la Diplomatie demeure un instrument d'une transformation réelle. Le cinquantième anniversaire de la Glorieuse Marche Verte Couronné par la résolution 2797 du Conseil de Sécurité éclaire d'une lumière singulière cette trajectoire : les mutations historiques profondes naissent de la capacité à fédérer les volontés autour d'un dessein qui dépasse les calculs conjoncturels. Cette Diplomatie puise sa force dans plusieurs sources distinctes : l'ancienneté d'un Royaume aux racines plurimillénaires ; sa situation géographique qui en fait naturellement un pont entre les continents ; sa capacité éprouvée à conjuguer fidélité aux héritages et adaptation aux exigences contemporaines; son expérience historique qui a fait de la pluralité une richesse plutôt qu'un obstacle. La Diplomatie marocaine propose le dialogue méthodique contre la confrontation inféconde, la construction contre les diktats unilatéraux, la confiance réciproque contre les réflexes de défiance. À ce titre, elle incarne l'une des voies possibles d'un multilatéralisme refondé, dont l'efficacité se vérifie à sa capacité effective à améliorer le sort des nations. Un multilatéralisme qui reconnaît aux pays en voie de développement leur qualité de co-architectes d'un ordre mondial plus équitable. Au fond, la Diplomatie marocaine telle qu'elle se déploie sous le règne éclairé de Sa Majesté le Roi Mohammed VI repose sur une philosophie d'action articulée : celle du pari sur la confiance plutôt que sur la méfiance, sur la coopération plutôt que sur l'isolement, sur la pérennité plutôt que sur l'opportunisme, sur la dignité commune plutôt que sur la domination. Une Diplomatie qui ne pavoise pas sur les acquis, mais qui construit l'avenir, qui n'attend plus les événements, mais qui les anticipe et les façonne aussi bien au niveau national que continental et international. Je vous remercie. (*) S.E M. OMAR HILALE AMBASSADEUR REPRESENTANTPERMANENT DU ROYAUME DU MAROC AUPRES DES NATIONS UNIES.
