Après cinq semaines de précipitations, les barrages marocains ont enregistré un apport net de 105 millions de mètres cubes, offrant un répit partiel aux réserves nationales. Cette amélioration, aussi bienvenue que fragile, met toutefois en lumière de fortes disparités territoriales et confirme que la crise hydrique demeure profonde, malgré les premiers signes de recharge. Entre le 10 novembre et le 15 décembre, les précipitations ont enfin marqué une rupture après de longs mois de déficit. Ces cinq semaines ont enclenché une remontée lente mais significative des réserves nationales. Le volume global stocké dans les barrages a ainsi atteint 5,28 milliards de mètres cubes (m3), bénéficiant d'un apport supplémentaire de 105 millions de m3. Ce gain, communiqué par le ministère de l'Equipement et de l'Eau, marque le début d'une phase de « recharge » qui suscite un espoir mesuré, après plusieurs années de stress hydrique structurel. Cette amélioration demeure cependant très contrastée selon les régions. À l'image d'une mosaïque hydrique inégale, certaines zones ont bénéficié de précipitations significatives, tandis que d'autres restent confrontées à une sécheresse persistante. L'eau n'a pas alimenté de manière homogène l'ensemble des bassins, accentuant les déséquilibres territoriaux. Lire aussi : Plus de 65 MDH pour la construction d'un pont sur le barrage Al Wahda entre Ouezzane et Taounate Au sud-est, le bassin du Guir-Ziz-Rheris figure parmi les principaux bénéficiaires de cet épisode pluvieux. Porté par des apports conséquents, il a vu ses réserves progresser de 15,47 %, notamment grâce au barrage Hassan Addakhil, qui a capté une part importante de ces volumes. Les bassins du Tensift et du Souss-Massa, régulièrement soumis à de fortes tensions agricoles, ont également enregistré une amélioration notable, avec des hausses respectives proches de 20 % et de 15,44 %. Au centre du pays, le bassin du Bouregreg, stratégique pour l'alimentation en eau potable des grandes agglomérations, a consolidé ses réserves. Le barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah affiche ainsi une progression de 4,52 %, contribuant à sécuriser, à court terme, l'approvisionnement de la région. À l'inverse, la situation demeure préoccupante dans les bassins les plus structurants. Celui de l'Oum Er-Rbia, pilier de l'agriculture et de l'industrie nationales, reste soumis à une pression hydrique extrême. Son taux de remplissage plafonne à 8,8 %, un niveau jugé critique. Le barrage Al Massira, infrastructure stratégique pour les périmètres irrigués, affiche un taux particulièrement alarmant, avoisinant à peine les 3 % de sa capacité. Plus préoccupant encore, le bassin du Sebou, longtemps considéré comme l'un des piliers du système hydrique national, a enregistré un recul sur la période observée. Le barrage Al Wahda a ainsi perdu 15,3 millions de m3, illustrant la fragilité de l'équilibre entre apports naturels et demande croissante, notamment agricole. Ce contraste entre gains ponctuels et pertes structurelles souligne la complexité de la situation hydrique nationale. Si les précipitations récentes ont apporté un soulagement partiel, elles ne suffisent pas à inverser durablement une tendance marquée par le stress hydrique, la surexploitation des ressources et l'inégale répartition spatiale de l'eau. La gestion de cette rareté demeure, plus que jamais, un enjeu stratégique pour le Maroc.