Mauritanie : L'Algérie a-t-elle exercé des pressions pour bloquer l'accès à un média ?    Al Adl Wal Ihsane lance un appel à la mobilisation des oulémas marocains face à la crise à Gaza    Université de Boumerdès : Le gouvernement algérien évite de paraitre aux côtés du Polisario    CHAN-2024 : Le Maroc bat l'Angola (2-0)    Justice and Charity group urges Moroccan scholars to speak out on Gaza    Caso Achraf Hakimi: El Club de Abogados en Marruecos señala «graves fallos procesales»    Moroccan lawyers denounce «procedural violations» in Achraf Hakimi rape case    Activité portuaire : En hausse, le trafic commercial atteint 130 millions de tonnes traités    Législatives 2026 : Laftit tient deux réunions avec les dirigeants des partis politiques    Alerte météo : Vague de chaleur et averses orageuses de dimanche à vendredi    AMEA Power rejoint la seconde phase de la station de dessalement d'Agadir pour un montant supérieur à 2,7 milliards de dirhams    L'écart salarial entre femmes et hommes au Maroc recule de 41,8 % à 25,4 % en zone rurale et de 8,3 % à 3,4 % en zone urbaine    Russie : un volcan entre en éruption pour la première fois en plus de 450 ans    Dakar : Abdoulaye Fall élu nouveau président de la Fédération Sénégalaise de Football    Kenya : Un dispositif sécuritaire renforcé pour le CHAN    Espagne : un avion biplace abîmé en mer au large de Majorque    Températures prévues pour le lundi 4 août 2025    Intérêt de Lyon pour Bouchouari    Le gouvernement et les centrales syndicales s'affrontent autour du «triptyque maudit» des retraites    Affaire Achraf Hakimi : Le Club des avocats au Maroc pointe des «défaillances procédurales graves»    Comment les grandes ONG internationales entretiennent une grande conspiration du silence dans le cas Sansal, doublée d'une complaisance envers le régime algérien    Les fertilisants phosphatés animent les échanges économiques entre le Maroc et le Bangladesh, deux alliés indéfectibles    Le Maroc accueille les 19-22 août un grand atelier panafricain sur la gestion des ressources sécuritaires en présence de dix-huit pays    Le Raja scelle un partenariat avec Ports4Impact pour lancer la société sportive Raja S.A.    Le Raja et Ports4Impact actent la création de Raja S.A. avec un capital de 250 millions de dirhams    Maroc-Palestine : Aide humanitaire pour Gaza en denrées alimentaires et médicaments    «La souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est largement reconnue» : quand la propagande de l'officine FiSahara contre le film de Christopher Nolan s'évanouit    Fête du Trône : Trump réaffirme le soutien des Etats-Unis à la souveraineté marocaine sur le Sahara    En hommage à l'art et à la fraternité maghrébine : Le Syndicat Professionnels Marocain des Créateurs de la Chanson Marocaine célèbrent la fête du trône en Tunisie    Fête du trône : Donald Trump réaffirme la marocanité du Sahara occidental dans une lettre au roi Mohammed VI    Diaspo #400 : De Paris à Sydney, Jamal Gzem met en image les histoires humaines    Famine à Gaza : des Marocains en grève de la faim contre le silence international    La Turquie a commencé à fournir du gaz azerbaïdjanais à la Syrie    Festival des Plages Maroc Télécom : Réussite de l'Edition Spéciale Fête du Trône    BAD: Six millions d'euros pour le développement d'une centrale solaire au Burkina Faso    CHAN 2024 : Une victoire face à l'Angola, «cruciale pour la suite de la compétition» (Tarik Sektioui)    Exportations céréalières : le Kazakhstan livre 12,4 millions de tonnes dont 60 000 au Maroc    Le Maroc triple ses importations de bœuf en provenance de l'Union européenne    MAGAZINE : Ozzy Osbourne, les ténèbres à bras ouverts    Le temps qu'il fera ce samedi 2 août 2025    Le Maroc, allié de longue date et partenaire "essentiel" des Etats-Unis (Sénateurs US)    Omar Benmoussa prend les rênes de Mobiblanc    Fuites de documents d'urbanisme : Des fonctionnaires accusés de collusion avec des spéculateurs    Les indicateurs hebdomadaires de BAM en 5 points clés    Casablanca accueille la 1ère édition du festival AYTA D'BLADI    «Vallée des vaches» : Le Maroc documente des gravures bovines inédites à Tiznit    Disparition : Hassan Ouakrim, doyen de la culture marocaine aux Etats-Unis, n'est plus    Cinéma : "Calle Malaga", de Maryam Touzani, en sélection officielle à Venise et Toronto    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Fikra #49 : Comment la promenade a reconfiguré l'espace public au Maroc
Publié dans Yabiladi le 28 - 03 - 2020

Les berges du Bouregreg à Rabat sont le théâtre d'une mixité sociale et d'une certaine liberté dans l'appropriation de l'espace public, estime l'urbaniste Abdellah Moussalih. Autrefois bourgeoise, la promenade s'est démocratisée et permet notamment aux femmes et aux couples d'échapper aux codes qui leur sont traditionnellement imposés.
«On dit que la ville marocaine a tourné le dos à la mer pendant très longtemps. Plusieurs expériences à l'international ont pu relever ce défi, notamment Barcelone, Shanghai, Amsterdam, Budapest, Lyon et Bordeaux.» Ces mots sont ceux d'Abdellah Moussalih, urbaniste et docteur en aménagement et urbanisme, auteur d'une thèse intitulée «Du projet urbain à la production des espaces publics : usages, pratiques et représentations sociales. Cas de Rabat-Salé» (2018). Nous nous intéresserons à un article de cette thèse, publié dans Les Cahiers d'EMAM : «La promenade comme fabrique de l'espace public et nouvelle forme d'urbanité déambulatoire et d'émancipation. Le cas des berges du Bouregreg à Rabat».
Dans le cadre de ses travaux, Abdellah Moussalih a observé les circulations et les interactions sur les berges du Bouregreg, et s'est interrogé sur la notion de promenade «comme forme d'expression urbaine fondée sur le mouvement» ; une sorte «d'urbanité déambulatoire», ainsi qu'il l'écrit en introduction de son article. Il s'interroge également sur cette fabrique de l'espace public, où les femmes et les jeunes couples, principalement, prennent une autre place que celle qui leur est traditionnellement attribuée par la société marocaine.
Au vu de cette reconfiguration de l'espace public, une question s'impose : les berges du Bouregreg sont-elles devenues un lieu de transgression sociale ? «Je ne parlerais pas de transgression sociale, mais d'émancipation. Les jeunes femmes et les couples se permettent de se rencontrer là-bas avec l'avantage de ne pas être soumis aux contraintes du quartier. C'est comme si le quai était un espace où le poids des contraintes sociales semblaient moins forte que dans leurs quartiers», explique Abdellah Moussalih à Yabiladi. «C'est un espace libérateur qui permet un certain desserrement social, aussi bien pour les filles que pour les garçons. Par leur présence, ils, et elles, participent à la production d'un nouvel espace public aux normes internationales, inédit dans la ville marocaine», poursuit-il.
«Au-delà de fonctions sociales et économiques, l'oued Bouregreg assurait également un rôle identitaire, étant à la fois un lieu de mémoire et de célébrations festives, avec une importante dimension patrimoniale.»
Abdellah Moussalih
Une mixité sociale de façade ?
Le quai de Rabat est aussi le théâtre d'une certaine mixité sociale. «L'aménagement du site et l'ouverture du quai de Rabat au public, en 2007, ont profondément bouleversé les pratiques quotidiennes et festives des usagers. Depuis lors, le quai est devenu un lieu de sociabilité plus cosmopolite et un repère urbain dont la dimension symbolique s'affirme», écrit Abdellah Moussalih.
Auprès de Yabiladi, il explique qu'il s'agit «du lieu d'une sociabilité cosmopolite. L'espace est devenu un symbole urbain qui draine toutes les catégories sociales, auxquelles il faut ajouter les touristes, en fonction des équipements et des aménagements qui sont en train d'être réalisés». Encore que cette mixité sociale n'est pas totale, tant les cafés et restaurants franchisés qui bordent le quai, dans lesquels tout le monde n'entre pas, imposent une certaine sélectivité de la clientèle. «De fait, les prix élevés qui y sont pratiqués – même s'il ne s'agit pas de commerces ou de services de luxe – empêchent l'accès aux catégories sociales défavorisées et aux familles nombreuses, comme cela a déjà été dénoncé sur d'autres lieux et pour d'autres services comme la restauration rapide», rappelle Abdellah Moussalih dans son article.
Il fait référence notamment aux travaux de Said Graiouid, enseignant en communication à l'université Mohammed V de Rabat : «Les établissements de fast-food franchisés ne sont accessibles qu'à une clientèle bourgeoise privilégiée qui fuit généralement les cafés non seulement à cause des préjugés sexistes, mais aussi pour des raisons de classe [sociale]», écrit ce dernier dans «A Place on the Terrace : Café Culture and the Public Sphere in Morocco» (The Journal of North African Studies, 2007).
«Une certaine liberté dans l'appropriation de l'espace public»
La promenade a pourtant bel et bien perdu de son embourgeoisement au fil des décennies. Au XIXe siècle, c'est une pratique «essentiellement bourgeoise, procurant divertissement et détente à ses adeptes», lit-on dans l'article d'Abdellah Moussalih, qui cite les travaux du chercheur québécois Laurent Turcot. «Au-delà des aspects de bien-être, elle fut aussi une occasion d'expression ostentatoire de la richesse, de la puissance des promeneurs et une forme de culture urbaine s'exprimant dans des espaces spécialement aménagés pour ce faire», ajoute-t-on.
«La promenade était en effet essentiellement bourgeoise et s'est démocratisée au fil du XXe siècle. Elle s'accorde désormais avec un nouvel espace ouvert, dont Rabat manquait, même s'il y avait d'autres espaces du même acabit, notamment les jardins et parcs mis en œuvre pendant le protectorat», reprend Abdellah Moussalih. La particularité de ces espaces publics, qui en font, quoi qu'on en dise, des espaces de mixité sociale, réside dans leur gratuité. «Un espace public se définit d'abord par sa gratuité et son accessibilité. C'est une certaine liberté dans l'appropriation de l'espace public.»
La revue
Les Cahiers d'EMAM est une revue interdisciplinaire qui se propose de contribuer à la restitution des savoirs sur le monde arabe et la Méditerranée, dans leurs interférences avec le reste du monde, autour des questions urbaines et des processus de constructions/reconfigurations territoriales dans leurs dimensions sociales, économiques et politiques en encourageant les idées nouvelles et les démarches comparatives.
L'auteur
Abdellah Moussalih est urbaniste, titulaire d'un doctorat en aménagement et urbanisme de l'Institut national d'aménagement et d'urbanisme de Rabat (INAU). Ses recherches portent sur les espaces publics urbains, en particulier à travers le prisme du projet urbain comme catalyseur de la fabrique des espaces publics, leurs compositions sociales, leurs usages, leurs pratiques et leurs perceptions sociales, à partir de ses terrains à Rabat.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.