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«Le projet de loi de criminalisation de la normalisation avec Israël ne passera jamais !»
Entretien avec le réalisateur franco-marocain Kamal Hachkar
Publié dans Albayane le 03 - 01 - 2014

En toute franchise, l'historien et réalisateur du Tinghir-Jérusalem et Les Echos du Mellah, Kamal Hachkar déclare sa colère contre le projet de loi criminalisant la normalisation avec Israël. Il estime, en revanche, que ses travaux qui dérangent, selon lui, beaucoup d'ennemis de l'acceptation de l'Autre et qui nient également la vérité historique et identitaire des peuples, œuvrent pour la diversité culturelle et le vivre ensemble, et non pas des projets de normalisation. Dans la présente interview Kamal jette la lumière sur les points ténébreux de ce projet, ainsi que ses nouveaux projets artistiques relatifs à l'amazighité et à la jeune musique juive. Entretien.
Al Bayane : A priori que pensez-vous du projet de loi de criminalisation de la normalisation avec Israël ?
Kamal Hachkar : Tout d'abord, c'est juste un projet. Ce n'est pas quelque chose qui va passer et qui ne passera jamais de toute façon. En effet, il faut arrêter cette hypocrisie. On sait que le Maroc a des relations clandestines avec Israël sur le plan commercial et sur beaucoup de choses, et qu'on a plus de 8000 juifs marocains qui vivent là-bas et qui sont très attachés au Maroc. Donc on peut se couper de ces personnes là. De l'autre, c'est un projet de loi populiste, démagogique et hypocrite. Et j'aimerais que l'observatoire de la non normalisation avec Israël soit doublé d'un observatoire contre les exactions de Bachar el-Assad ou contre le terrorisme islamiste. C'est de cela dont on a besoin aujourd'hui et non pas d'un observatoire sur Israël ou sur la Palestine parce que ces deux pays collaborent ensemble, essayent tant bien malgré le problème politique de vivre ensemble. Alors que ces personnes là pourraient juste le faire comme fonds de commerce. Ces gens là se foutent des Palestiniens.
Beaucoup de gens disent que Kamal Hachkar œuvre pour la normalisation avec Israël. Qu'en dites-vous ?
Moi je ne suis pas un homme politique. Je suis un artiste. Ce n'est pas moi qui décide qu'on va faire des ambassades ou non. Moi je n'ai pas de prise là-dessus. Est-ce que une œuvre artistique c'est quelque chose qui normalise ? Non. Moi je suis fier, et je continuerais à aller en Palestine et en Israël pour voir mes amis israéliens et palestiniens, parce qu'il est interdit de rayer comme ça un pays de la carte malgré sa politique... En plus, je trouve que c'est vraiment de l'hypocrisie, car en Israël il y a 20% d'Arabes qui ont une nationalité israélienne, dont des chrétiens et des musulmans : c'est ça normaliser que d'aller les voir ? Moi je n'ai pas appelé à des relations diplomatiques parce que tout simplement ce n'est pas mon rôle. Mon rôle c'est de continuer d'y aller. C'est un Etat qui est reconnu par plus 160 pays. Alors que les Palestiniens, eux-mêmes, dont Mahmoud Abbas il y a pas longtemps, ont dit qu'ils étaient contre le boycott et qu'ils reconnaissaient Israël. Donc, il faut arrêter ces combats d'arrière-garde. Effectivement, ce pays existe, c'est un fait historique. Maintenant il faut se battre pour que les Palestiniens aient leur propre Etat souverain. C'est ça qu'il faut. Pour ma part, je suis normal avec tout le monde !
Vous venez de tourner un nouveau documentaire sur les jeunes musiciens israéliens. Qu'en est-il de ce nouveau projet artistique ?
Il avance. J'ai commencé à tourner au mois d'octobre au festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira dirigé par André Azoulay. On a commencé à filmer. Maintenant, je suis à la recherche de financement et de sponsors. Bon voilà, ça se passe plutôt bien. J'ai aussi un projet sur l'amazighité au Maroc. Je fais des recherches, j'écris, je suis là en fait pour écrire. En ce qui concerne le tournage, il sera ici au Maroc et en Israël. Ce sera pour 2014 !
Avez-vous rencontré des difficultés au niveau du tournage ?
Non. Les difficultés ont les trouve toujours du côté du financement. Une fois que j'aurais fini d'écrire mon projet et avec la célébrité du premier film, ça sera beaucoup facile.
Quelle est la particularité, la valeur ajoutée ou encore l'intérêt de ce travail artistique pour le public marocain ou israélien ?
En fait, ce n'est pas pour les Marocains et les Israéliens seulement, mais de faire connaitre les petits points de l'histoire du Maroc. A titre d'exemple, Tinghir-Jérusalem, les Echos du Mellah a eu beaucoup d'écho à l'international, notamment dans les festivals internationaux. Il est devenu un objet d'études dans les universités, surtout aux Etats-Unis, au Maroc et en Israël. Toutefois, l'intérêt de ce travail est de faire prendre conscience à la société marocaine de sa richesse. Ainsi, ce qui m'intéresse également là c'est de dire que c'est un peu une réflexion sur le pays natal ? Et de dire aussi qu'il n'y a pas aussi de la fatalité de l'histoire. Effectivement, notre histoire nous a séparés mais on peut aujourd'hui, au 21e siècle, recoudre les fils de cette histoire qui a été interrompue et la partager. D'où la différence avec le premier film : ce sera un accès sur la jeunesse, sur comment on peut revivre ces moments là aujourd'hui différemment... comment revivre maintenant ces moments là.
Quels sont les principaux messages que vous voulez transmettre à travers ce documentaire?
Celui d'être conscient de son histoire. Par ce que quand on est conscient de son histoire, on n'est prisonnier d'aucune idéologie. D'être ouvert et d'être quelqu'un qui se pose constamment des questions, des interrogations. Voilà un travail d'artiste ! Et non plus d'asséner une thèse et de dire voilà comment il faut penser. Notre œuvre, c'est le public qui l'interprète comme il veut. Cette œuvre est un vaccin, un antidote contre les obscurantistes. C'est le plus important pour moi parce que j'aime le Maroc.
Beaucoup de gens vous reprochent la sortie de votre premier documentaire (Tinghir-Jérusalem, les Echos du Mellah). Que dites vous à ces gens là ?
Ces attaques ne me dérangent pas de toute façon. Elles ne font, par contre, que me renforcer parce à côté de ça j'ai été beaucoup soutenu par la société civile, par des artistes, par des amis comme Latifa Ahrar, Noureddine Lakhmari, Fatym Layachi et aussi beaucoup d'anonymes, ainsi que de petites gens qui ont soutenu mon travail artistique.
Ce qui est intéressant, c'est que ce travail a dérangé et puisqu'il a dérangé, il est donc important. Je suis très fière de ce travail, je l'ai fait avec amour parce que j'aime mon pays et je suis un patriote contrairement à ces personnes là.
Vous avez déjà signalé que vous venez de travailler sur la question amazighe. Sur quel aspect exactement ?
On est d'abord un pays amazigh. Et beaucoup de gens l'ignorent, même ceux qui parlent darija ce sont des Amazighs. Il y a eu très peu d'Arabes qui sont venus au 7e siècle pendant les conquêtes. Dans cet esprit, il faut reconnaître la nature authentique de notre pays, et ce sans aucun nationalisme, sans aucune volonté d'exclure, mais au contraire en prônant la diversité culturelle. Et je trouve qu'il manque à ce pays aussi tout un patrimoine documentaire qui le fait interroger sur son histoire, sur ses identités et sur ses mémoires. Bref, j'ai envie de retracer modestement un petit peu le parcours d'une culture qui a été marginalisée et qui est devenue une culture aujourd'hui reconnue.
Dans ce cadre toujours, quel regard portez-vous sur la question amazighe actuellement au Maroc?
Il faut revenir à l'essence même de ce pays, de ce qu'il a été. En tant qu'artiste, je le fais avec mes œuvres artistiques, d'une manière détournée, je crois que c'est le plus efficace. Il fallait sortir l'amazighité du communautarisme vers plus d'ouverture. En effet, il y a des gens qui parlent la darija, mais qui se sentent amazighs et qui se représentent aussi comme des Amazighs. D'ici là, il ne faut jamais avoir un discours qui exclut, mais plutôt un discours qui inclut tout le monde.
Il faut être fier de cette histoire là et de cette diversité afin de puiser dans l'histoire amazighe les solutions de notre pays aujourd'hui. Moi par exemple, je suis particulièrement amazigh, mais universellement du monde et de toutes ces identités, et mon amazighité par exemple n'est pas effacée par mon identité française ou par mon identité occidentale. Je pense, en tout cas, que les valeurs de l'amazighité sont de mettre l'égalité homme-femme au centre des choses et de prendre une certaine forme de laïcité. C'est cela, finalement, que j'ai envie de montrer dans le film, de monter comment l'amazighité est porteuse d'une grande modernité pour notre pays, comment on peut puiser dans cette histoire là des leçons pour aujourd'hui et des exemples pour construire un futur meilleur...
Vous avez participé dernièrement au festival international du film de Marrakech. A votre avis, quelles sont les retombées de cet événement sur le paysage artistique national ?
Bon ça donne une image du Maroc ouvert et un pays de tolérance. Je pense aussi que ce festival mérite d'exister, c'est déjà bien.
Ça nous permet également, nous les créateurs marocains, de nous rencontrer et partager nos expériences artistiques.
Un denier mot ?
Continuer à s'intéresser à notre histoire, à s'engager dans les questions de notre société, surtout les libertés individuelles, la liberté de création et s'engager pour ça c'est vouloir le bien pour son pays. Il y a une phrase d'un ami qui m'a beaucoup frappé et qui disait : «Il faut l'aimer ce pays pour le changer». Et je crois que pour changer effectivement ce pays, il faut l'aimer.


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