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L'agriculture marocaine sous pression : vieillissement des exploitants, exode rural et sécheresse prolongée
Publié dans Barlamane le 23 - 02 - 2025

Dans les campagnes marocaines, le crépuscule d'une génération de cultivateurs coïncide avec une crise climatique d'une acuité inédite. Alors que l'agriculture demeure un pilier de l'économie nationale, représentant environ 14 % du produit intérieur brut et employant près de 40 % de la population active rurale, elle fait face à un double défi structurel : le vieillissement accéléré des exploitants et la raréfaction des ressources en eau.
Un secteur vieillissant, une transmission incertaine
Les chiffres officiels traduisent un phénomène inquiétant : sur les 1,6 million d'agriculteurs recensés au Maroc, un quart a dépassé les 65 ans. À l'inverse, les jeunes se détournent massivement de ce métier, préférant s'orienter vers des secteurs considérés comme plus lucratifs et moins éprouvants, tels que l'industrie et les services. Le phénomène est particulièrement marqué dans les petites exploitations familiales, où l'absence de relève menace directement la viabilité de milliers de fermes.
Longtemps structuré autour de la transmission intergénérationnelle des savoirs, le modèle agricole marocain se heurte à une modernité qui bouleverse les équilibres traditionnels. L'urbanisation rapide et l'élévation du niveau d'instruction dans les zones rurales ont modifié les aspirations des jeunes générations, désormais plus enclines à poursuivre des études supérieures qu'à perpétuer une activité jugée incertaine. Cette désaffection accentue le morcellement des terres, réduisant encore leur rentabilité dans un contexte de mutations climatiques profondes.
Conscient de cette évolution, l'Etat a inscrit dans sa stratégie agricole décennale, le Plan "Génération Green" 2020-2030, une série de mesures destinées à attirer de nouveaux acteurs dans le secteur. Parmi elles, l'incitation à la transmission des exploitations à des entrepreneurs agricoles, la consolidation du foncier pour limiter l'émiettement des parcelles, ainsi que l'élargissement de la couverture sociale à 400 000 familles rurales. Un programme de formation prévoit par ailleurs l'accompagnement de 350 000 jeunes agriculteurs et investisseurs afin de favoriser l'émergence d'un modèle plus résilient et productif.
Néanmoins, ces démarches peinent à enrayer une tendance de fond. En l'absence d'une rentabilité immédiate et d'un cadre incitatif suffisamment attractif, le secteur agricole ne parvient pas à concurrencer les opportunités offertes par l'économie urbaine.
Un modèle agricole vulnérable aux aléas climatiques
Parallèlement à cette mutation démographique, l'agriculture marocaine est durement éprouvée par une sécheresse persistante, aggravée par le changement climatique. Les six dernières années ont été marquées par un déficit hydrique historique, faisant de cette période la plus aride jamais enregistrée dans le pays.
L'effet induit est manifeste sur la production céréalière, secteur stratégique pour la sécurité alimentaire nationale. Lors de la campagne 2022-2023, la récolte s'est limitée à trois millions de tonnes, contre une moyenne excédant sept millions de tonnes lors des bonnes années. Cette contraction pousse le Maroc à renforcer ses importations de blé, accroissant ainsi sa dépendance aux marchés internationaux dans un contexte de volatilité des prix.
Le cheptel national subit lui aussi les conséquences de cette crise prolongée. Selon les chiffres du ministère de l'agriculture, le nombre de bovins et d'ovins a chuté de 38 % en moins de dix ans, menaçant directement les filières laitière et bouchère. Cette contraction affecte non seulement l'autosuffisance alimentaire du pays, mais elle met également en péril des centaines de milliers d'emplois dans l'élevage et l'agro-industrie. Le contrecoup social est déjà visible. En 2024, le secteur agricole a perdu 137 000 emplois, selon les données du Haut Commission au plan (HCP) entraînant une hausse du taux de chômage national à 13,3 %, un niveau inédit depuis un quart de siècle.
Face à ces défis, le Maroc mise sur une modernisation progressive du secteur agricole pour réduire sa vulnérabilité climatique. Le gouvernement a dit renforcer ses investissements dans l'irrigation de précision, le développement des cultures résistantes à la sécheresse et l'adoption de techniques agricoles durables.
Dans cette optique, un prêt de 250 millions de dollars a été accordé par la Banque mondiale en décembre 2024 afin de financer des projets destinés à améliorer l'efficacité de l'irrigation, promouvoir l'agriculture sans labour et encourager la diversification des cultures. Ce financement inclut également l'extension des assurances agricoles, dans l'objectif de sécuriser les revenus des agriculteurs face aux aléas climatiques.
Cependant, la transformation du modèle agricole demeure un processus de long terme. La petite taille des exploitations – la plupart inférieures à cinq hectares – ainsi que la faible mécanisation constituent des obstacles à l'adoption généralisée des nouvelles technologies. De plus, le faible niveau de structuration du secteur empêche encore l'émergence de grandes coopératives capables d'investir dans des équipements modernes et des techniques de production avancées.
Un enjeu stratégique pour la souveraineté alimentaire
Au-delà des considérations économiques, l'avenir de l'agriculture marocaine touche directement à la question de la souveraineté alimentaire. L'augmentation des importations de céréales et de produits agricoles essentiels dans un contexte de tensions sur les marchés internationaux expose le pays à des risques réels, alors que le gouvernement d'Aziz Akhannouch reste tacite à propos de cette question lancinante.
Dans un rapport publié l'an dernier, l'Institut royal des études stratégiques (IRES) a mis en garde contre l'érosion progressive du tissu agricole traditionnel, soulignant que l'exode rural et la disparition des petits exploitants pourraient avoir des conséquences sociales et économiques profondes. Il recommande ainsi une extension du soutien accordé aux petits agriculteurs, estimant qu'ils constituent une composante essentielle de la résilience alimentaire du pays.


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