Des quartiers de Beni Mellal aux salles d'entraînement de Belgique, Khalid Allali a tracé un parcours exceptionnel qui allie passion et défi. Cet entraîneur marocain a fait du taekwondo un pont reliant les enfants de la diaspora à leurs racines, transformant l'expérience de la migration en une histoire de réussite. Khalid Allali est né en 1974 dans la ville de Beni Mellal, au sein d'une famille qui lui a permis de grandir dans un environnement équilibré, entre éducation, sports et loisirs. Son père, feu Haj Saleh, a été son premier soutien. En l'encourageant à s'occuper par des activités ludiques, il l'a tenu éloigné des déviances à l'adolescence. Khalid a d'ailleurs découvert tôt sa passion pour le taekwondo, un sport qui l'accompagnera tout au long de sa vie. Sa relation avec le sport a commencé à l'âge de douze ans, sous la direction du champion du monde Driss El Arkoubi, qui a joué un rôle significatif dans sa formation et son mentorat. Le jeune homme a participé à plusieurs championnats nationaux et régionaux, décrochant la troisième place au Championnat du Maroc en 1990, ainsi que plusieurs titres au sein de la Ligue Tadla. Il est devenu une figure promeuse de son temps et reçu une invitation de l'équipe des FAR. Il s'y est entraîné pendant des mois, avant d'établir son propre club à Beni Mellal. Les années 1990 ont été une phase décisive dans la carrière d'Allali. Dans une interview avec Yabiladi, il a déclaré : «À l'âge de vingt-deux ans, comme mes pairs à l'époque, j'ai commencé à envisager une émigration vers l'Europe, à la recherche de meilleures perspectives économiques». À vingt-cinq ans, il a décidé de s'installer en Espagne pour améliorer ses conditions de vie, sans abandonner sa carrière sportive. C'est là-bas qu'il a également fondé une famille. Sa fille, Malak, a été le premier fruit de cette stabilité et deviendra elle-même championne de taekwondo, portant le flambeau de son père. «Mais les ambitions sportives en Espagne ne se sont pas concrétisées comme je l'avais espéré. Après dix ans de migration, j'ai déménagé en Belgique», a-t-il dit, se rappelant de la crise économique que l'Espagne a connue. De l'intégration en Belgique à la création de l'Elite Club Il note que «la langue a été un facteur aidant pour l'intégration, mais s'adapter au nouvel environnement n'a pas été facile». Malgré cela, son lien avec le sport est resté fort. Il a commencé à s'entraîner dans un club dirigé par un compatriote, passant rapidement de stagiaire à entraîneur adjoint. Il songe alors à fonder son propre club. «Au début, le chemin n'a pas été facile, mais le soutien des parents qui voyaient en moi un éducateur et un entraîneur professionnel m'a motivaté. Ainsi est né le 'Elite Taekwondo Club', un nom que j'ai mûrement choisi. Il représente un rêve et un message que je veux transmettre à travers les générations.» Khalid Allali Il poursuit : «Nous avons décroché quatre médailles d'or au Championnat de Belgique la première année, et deux ors et trois argents la deuxième année, tous remportés par des champions marocains, ce qui me rend immensément fier.» Ainsi, Khalid est devenu un modèle pour la communauté marocaine en Belgique. Il a réussi à cultiver une nouvelle génération de jeunes champions binationaux, insufflant confiance en leurs capacités et les reliant à leurs racines à travers le sport. Beaucoup parmi eux ont trouvé dans le club un espace d'appartenance, grâce auquel ils ont gravi les marches du podiums belge. Parmi eux, Safaa Kadouri, médaillée l'or en 2021, Malak Allali, qui décroche aussi l'or en 2022, Samir Boudiba la même année, et Abdellah El Haddadi en 2023... Le coach souligne que de nombreux enfants de la diaspora, nés dans un environnement européen éloigné de leurs racines culturelles, ont trouvé dans le sport un moyen de se connecter à leur identité marocaine à travers les valeurs qu'incarne un sport de combat comme le taekwondo. Aujourd'hui, Khalid Allali dirige le club avec sa fille Malak Allali, ceinture noire deuxième dan, tandis qu'il détient le quatrième. Il dit : «Malak n'est pas seulement une championne et entraîneuse. Elle gère aussi la coordination administrative avec la fédération belge. C'est un pilier du projet.» Le club compte plus de quatre-vingt-dix stagiaires, dont la plupart sont marocains. Malgré le succès en Belgique, Khalid Allali reste attaché à ses racines. Son grand rêve est de «transmettre cette expérience au Maroc». Comme il le dit souvent, l'amour pour la pays s'approfondit quand on est loin. Le succès à l'étranger devient alors un moyen de rendre la pareille à sa terre de naissance.