La chambre des crimes financiers près la cour d'appel de Casablanca a prononcé, mardi 29 juillet, des peines privatives de liberté totalisant dix-sept années dans l'affaire dite de la «réseau de Bouznika», l'un des dossiers les plus retentissants en matière de malversations publiques dans le royaume ces derniers mois. Au terme d'une audience tenue dans la salle 8 du palais de justice, les magistrats ont reconnu coupables trois personnalités locales, dont Mohamed Karimine, président du conseil communal de Bouznika et membre du parti de l'Istiqlal (PI). Ce dernier a été condamné à sept années de réclusion pour dilapidation de deniers publics et abus de fonction, les chefs d'inculpation relatifs à la falsification de documents officiels ayant été écartés par la juridiction. Abdelaziz El Badraoui, ancien président du club Raja de Casablanca, a quant à lui écopé de six années d'emprisonnement ferme pour des irrégularités dans la gestion de marchés publics, en infraction aux dispositions légales encadrant les collectivités territoriales. La chambre a, néanmoins, abandonné les poursuites pour faux documents. Un ancien ingénieur communal, surnommé «le Tangérois», a pour sa part été condamné à quatre années de détention effective pour son rôle dans les opérations incriminées. Dans leurs dernières déclarations devant la cour, les prévenus ont tenté de se disculper. M. Karimine a soutenu que les observations formulées par la Cour régionale des comptes avaient donné lieu à des réponses dûment documentées, précisant que certaines recommandations exigeaient des délais d'exécution en raison de contraintes administratives et juridiques. Il a également affirmé que l'Inspection générale de l'administration territoriale (IGAT), relevant du ministère de l'intérieur, n'avait interrogé aucun fonctionnaire communal au sujet desdites remarques. Suivie avec acuité par l'opinion publique, cette affaire a révélé une fois de plus les failles structurelles dans la gestion des ressources communales, au moment où les organes de contrôle tels que la Cour des comptes (CDC) et l'IGAT s'efforcent de resserrer l'encadrement des dépenses locales.