L'entrée en vigueur effective du Ramed connaîtra encore du retard, et ce, en dépit de sa récente adoption en Conseil de gouvernement. L'Intérieur bute sur la délimitation précise des critères d'éligibilité, condition sine qua non pour la délivrance de la carte d'indigence et la commission interministérielle tarde à trouver la bonne formule pour mobiliser les fonds. Certes, le projet de loi relatif au Régime d'Assistance Médicale pour les Économiquement Démunis (Ramed) vient d'être adopté lors du Conseil de gouvernement du vendredi 16 mai, mais le bout du tunnel n'est pas encore visible. Aujourd'hui, la mise en place de ce régime accuse un retard d'une année et demie (les premières prévisions retenaient comme date de démarrage novembre 2006), mais selon des sources internes au ministère de la Santé, plusieurs détails ne sont pas encore au point. «Nous ne pouvons pas nous aventurer à avancer une date pour l'entrée en vigueur effective du Ramed. Plusieurs rendez-vous ont été fixés par le passé, mais tous ont été reportés», souligne un responsable au département de Yasmina Baddou. Aujourd'hui, il faudra non seulement attendre la publication des décrets ministériels qui expliqueront dans le fond et la forme les modalités d'application de ce nouveau régime, mais aussi patienter le temps de recueillir le feed-back des collectivités locales, partie prenante dans ce projet, et auxquelles reviennent toute la tâche organisationnelle, notamment en amont. 8,5 millions de Marocains dans l'expectative Il y a une dizaine de mois, les membres de la commission interministérielle en charge de la mise en place du Ramed justifiaient le retard par la nécessité d'expérimenter d'abord l'assurance maladie obligatoire avant de mieux concevoir les retouches que requiert le régime d'assistance médicale des démunis. Des arguments qui ne tiennent plus dans le contexte actuel, dans la mesure où l'AMO soufflera ses trois bougies dans moins de trois mois. Ce sont donc les 8,5 millions de Marocains, dont 4,5 millions de démunis relatifs et 4 millions de démunis totaux, représentant les bénéficiaires potentiellement concernés par le Ramed, qui pâtissent d'un ajournement qui n'a que trop duré. Selon une source proche du dossier, «le volet financier n'est pas à mettre de côté quand il s'agit d'énumérer les raisons bloquant l'avancement du projet». Le coût direct du Ramed, estimé pour la première année de sa mise en place à 2,6 milliards de DH, soit 328 DH par bénéficiaire et par an, pose un réel problème. Et pour cause, «les préparatifs pour mobiliser les fonds sont toujours au stade embryonnaire», ajoute la même source. Selon les dispositions législatives réglementant l'assurance maladie obligatoire de base, qui consacrent tout un chapitre au Ramed, les ressources financières doivent être mobilisées à titre principal et conjointement par l'Etat et les collectivités locales. Le complément doit être assuré grâce aux contributions des démunis relatifs, dans la mesure où les démunis dits totaux en seront entièrement dispensés. Des fonds qui posent d'autant plus de problème quand l'on sait que le taux d'accroissement annuel de ce coût est estimé à 1,9% durant les quatre premières années de sa mise en application. ◆