Le magazine français Le Point du 30 octobre courant récidive en consacrant sa Une au « Spectre de l'Islam », et à ce que la France risque avec cette religion.
Sur la même Une , la photo d'une jeune fille portant le voile et affichant un aspect naïf ; sur sa poitrine on peut lire : « Fantasme et réalité. Ce que la France risque. La vérité sur les frères musulmans ». Toutes ces « vérités » sont annoncées sans sourciller, tout est mis dans le même sac dans ce montage : les fantasmes, le voile, la vérité, la France innocente et candide, et les risques auxquels ce pays s'expose. Désormais, de tels jugements sur une religion déformée jusqu'à l'absurde, avec toute l'orchestration que l'on sait, on les a vus sur des dizaines de chaînes de télévision dans plusieurs langues et dans plusieurs pays, lus dans des centaines de journaux, et entendus dans des radios jusqu à la nausée, jusqu'à l'insupportable. Tous ces médias réunissent à intervalles réguliers et à des moments choisis suivant un agenda des pseudo chercheurs, presque toujours les mêmes, et tous, expliquent à leur public les dangers que risquent les démocraties, le monde libre, les pays civilisés. Tous les maux, tous les dangers à venir ne peuvent provenir que de ce spectre, ce fascisme, ce fantôme appelé Islam. Toutes leurs politiques se légitiment, les sauvages ou les terroristes adeptes de cette religion, même les simples pratiquants, tous sont assoiffés de sang et ne sont que de dangereux criminels en puissance à contenir, à dompter et même à exterminer par des guerres préventives. La voie est libre à l'OTAN, la guerre préventive se justifie. La géopolitique, le pétrole, le gaz, les mines, toutes les richesses dont regorge le monde arabe et que les grandes puissances exploitent à outrance ne comptent pas : l'unique souci de tout ce monde « libre » est la démocratisation des pays arabes ! Ces chantres de la paix et des droits de l'homme conseillent aux politiciens et à leurs états major l'instauration de ces idéaux universels en pays d'Islam même par les bombes et les armes les plus sophistiquées dont dispose l'armada de l'OTAN, sous la bénédiction du Conseil de Sécurité. Nous avons la démonstration de ce mode de pensée et de ces recettes dans les terres d'Islam. Inutile d'énumérer l'épopée de ces âmes charitables, les écrans de télévision les ont étalées tout au long de ces dernières décennies. Mais soulignons tout de même que ce sont des musulmans qui meurent par milliers en Afghanistan, au Pakistan, en Somalie, en Iraq, en Palestine, en Libye, en Syrie, au Yémen, et bien d'autres pays. Ils continueront à mourir au nom de la « démocratie ». L'ex président américain G.W Bush avait parlé de croisades qui dureront un siècle. Et comme le disent si bien les statisticiens, au lieu de spéculer, calculons : combien de morts on déplore du côté de ces pays qui se sentent menacés ? Combien de dizaines de milliers de morts de la part de ceux à qui on attribue la menace ? Qui extermine l'autre : les menacés ou les supposés menaçants ? Les envahisseurs ou les envahis ? Aussi ces journalistes et ces pseudo chercheurs et spécialistes ont-ils la mémoire courte, ou sont –ils des amnésiques occasionnels, pour qui la vérité c'est ce qui est bon pour la tribu, ce qui est bon pour les financiers, ce qui est bon aux multinationales, ce qui permet de mettre main basse sur les hydrocarbures qui se trouvent les terres de ces pauvres musulmans ? Faut-il encore secouer leur amnésie historique et leur demander combien de musulmans sont morts pendant les conquêtes napoléoniennes, combien la colonisation a décimé d'arabes, de musulmans, d'asiatiques et d'africains pendant ses conquêtes et ses razzias au Maghreb et dans les différents coins du monde ? La liste des massacres est trop longue, laissons tous ces faux humanistes, et à leur tête B.H. Lévy, faire les comptes.
Pourquoi sont-ils obsédés par cet ennemi extérieur, et intérieur, qui n'est autre que le musulman, ou sa religion ? Pourquoi cet amalgame entretenu entre la religion d'un milliard et demi de musulmans et un terrorisme qui se réclame d'un certain islam concocté dans certains pays du Golf fidèles alliée des USA, commandité par les services secrets que tout le monde connaît ? Ben Laden n'était-il pas une création de la CIA et de certaines pétro monarchies ? En quoi les musulmans sont-ils coupables ? On prétend que l'Islam somme ses fidèles de mener le djihad et que le prophète Mohamed était sanguinaire !!! Que pensent-ils de ces paroles terribles prononcées par Jésus : « N'allez pas croire que je suis venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive… » (Mt. 10 :34-35), ou encore : « C'est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! » (Lc. 12 :29). Contemplons aussi l'injonction de Jésus à ses apôtres de se munir d'une épée « et celui qui n'a pas d'épée, qu'il vende son manteau, pour en acheter une » (Lc. 22 :36). Contemplons encore la pensée d'un autre humaniste et démocrate, auteur de « De la démocratie en Amérique », Tocqueville, apôtre de la « domination totale en Algérie », et du « ravage du pays » qui disait : « J'ai souvent entendu dire en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos, et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre ». Décidemment, la haine contre les arabes est viscérale et les contemporains n'ont rien inventé, y compris le massacre des femmes et des enfants. Belle leçon de civilisation ! Mais au fait, pourquoi nous haïssent-ils autant ? Ils nous haïssent parce que nous accumulons un retard technologique et scientifique terrible. Retard difficile à combler, d'autant plus que toutes les entraves et manœuvres diaboliques sont employées pour ne point le dépasser. Ils nous haïssent parce que nous ne possédons pas d'armes de destruction massives. Les musulmans et les arabes n'ont pas largué deux bombes atomiques, à la fin de la guerre, sur des populations civiles. Ils sont haïssables et barbares, comme tous les faibles qui n'écrivent pas l'histoire, qui subissent et qui ne déterminent pas les événements de cette histoire. Ils nous haïssent parce qu'ils disposent de nos richesses qu'ils pillent à outrance. Ils nous haïssent pour toutes ces raisons et pour d'autres que nous ignorons. Mais pour relativiser, pour répliquer à leurs mensonges et ne point mettre tout le monde dans le même sac, citons ces témoignages sur la civilisation musulmane, civilisation édifiée autour d'un livre saint qu'on appelle le Coran : Dans l'Essai sur les mœurs Voltaire porte un jugement favorable sur Mahomet et se montre plein d'éloges pour la civilisation musulmane et pour l'Islam en tant que règle de vie. Il écrit que « dans nos siècles de barbarie et d'ignorance, qui suivirent la décadence et le déchirement de l'empire romain, nous reçûmes presque tout des Arabes : astronomie, chimie, médecine » et que « dès le second siècle de Mahomet, il fallait que les chrétiens d'Occident s'instruisissent chez les musulmans ». Un autre jugement et non des moindres, celui d'Alphonse de Lamartine : « si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet ? ». Le célèbre poète allemand, Göthe, connaisseur de la civilisation islamique, a pris position en faveur de l'Islam à un moment de propagande anti-islamique. Dans « Recueil d'Ouest », il dit : « Le style du Saint Coran est fort, immense, fécond et porte une vérité merveilleuse » ; il a même écrit une pièce de théâtre nommée « Mohammad », et une belle partie de cette pièce nommée « La mélodie de Mohammad », un poème où il présente le fondateur de l'Islam comme le « Guide spirituel de l'Humanité ». Terminons ces témoignages avec cette belle poésie du poète : « Je ne sais si le Saint Coran est prééternel et je ne me demande pas s'il est contingent, mais je sais que le Noble Coran est le père de tous les livres ». Il va sans dire que ces gros titres et ces émissions télévisées modifient négativement en profondeur l'image des communautés musulmanes en France et ailleurs. Tout cela pour justifier des politiques cyniques.