Dans des déclarations médiatiques, l'ambassadeur Omar Hilale s'est montré très ferme à l'égard des menaces bellicistes proférées par le Polisario, tout en adoptant un ton diplomate envers l'Algérie. Cette différence de ton éclaire sur les changements politiques qui se dessinent en coulisses. Au micro de BBC Arabic, le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies a clarifié les raisons qui ont poussé le royaume à proposer, en 2007, le plan d'autonomie pour le Sahara occidental. «Par cette initiative, nous aspirons à établir de bonnes relations de voisinage avec nos frères algériens. Nous souhaitons également résoudre un problème qui a entravé le développement du Maghreb arabe pendant un demi-siècle, et permettre à nos frères dans les camps de réfugiés de Tindouf de retrouver leurs familles et leurs villes», a-t-il déclaré lors d'une interview au média britannique. Hilale a souligné que le plan d'autonomie représente «une preuve de bonne volonté de la part du Maroc». Il a rappelé qu'à l'origine, «le Maroc affirmait simplement que le Sahara est marocain, point final, et refusait d'envisager d'autres solutions. Cependant, les interventions de l'ONU et de pays amis, avec lesquels nous avons des relations solides et fraternelles, ont encouragé le royaume à s'engager dans un processus politique pour satisfaire toutes les parties, offrir à l'Algérie l'occasion de sauver la face et permettre au groupe armé sur son territoire de retourner au Sahara». Omar Hilale a assuré que le Maroc aurait pu, depuis longtemps, mettre en œuvre unilatéralement l'autonomie dans la région. «Mais nous souhaitons une solution sous l'égide des Nations unies. Nous visons un accord avec toutes les parties pour clore définitivement ce dossier. Cet objectif ne peut être atteint que dans le cadre de l'ONU, et après l'adoption d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité consacrant un accord engageant pour tous.» Hilale prudent sur le projet américain de réconciliation entre le Maroc et l'Algérie Interrogé sur le projet américain visant à rapprocher le Maroc et l'Algérie, Hilale s'est montré prudent, renvoyant la question vers Steve Wittkoff, l'envoyé spécial du président américain Donald Trump au Moyen-Orient, auteur de cette annonce en octobre dernier. «Personnellement, je n'ai aucune information sur ce sujet», a indiqué le diplomate, tout en saluant l'initiative de l'administration Trump, «qui s'intéresse à la sécurité et à la stabilité régionales, à la coopération entre le Maroc et l'Algérie, et à la volonté de tourner la page des différends pour relever ensemble les grands défis». Il a réaffirmé que «le Maroc reste ouvert à toutes les médiations». L'ambassadeur a également profité de cette interview pour adresser un message ferme au chef du Polisario, qui multiplie les menaces envers le royaume. «Brahim Ghali connaît la riposte du Maroc à ses actions. Nos frontières et nos citoyens sont protégés.» Il a rappelé que le roi Mohammed VI avait assuré, en novembre 2020, au secrétaire général de l'ONU, que le Maroc respectait le cessez-le-feu de 1991, «mais se réservait le droit de défendre ses citoyens et ses frontières» lorsque le Polisario avait annoncé, le 13 novembre 2020, sa «guerre» contre le royaume. Ce contraste de ton résume la ligne marocaine actuelle : ouverte lorsqu'il s'agit de réchauffer la relation avec Alger et inflexible face aux surenchères du Polisario. Omar Hilale tente ainsi de maintenir un climat propice à un éventuel dégel maghrébin voulu par Washington, tout en rappelant que la sécurité du territoire reste une limite non négociable.