La consommation des produits alimentaires bat son plein durant le mois sacré du Ramadan. Fidèles à leurs habitudes, les Marocains ne se font pas prier pour faire la queue devant les vendeuses de galettes, de gâteaux marocains ou des feuilles pour préparer la pastilla. Pour garnir la table du Ftour à petits prix ou pour préparer des mets prisés durant ce mois, beaucoup ferment l'il sur le manque d'hygiène. Le premier vendredi du Ramadan, juste après la prière d '« Ad-Dohr » à l'ancienne Médina de Casablanca. Malgré un temps pluvieux, les gens affluent vers cet endroit pour s'approvisionner en aliments et tout ce qui est nécessaire pour rompre le jeûne après toute une journée d'abstinence. Le sol boueux n'a pourtant pas empêché les vendeuses de galettes de poser leurs attelages qui se résument à une petite chaise et une caisse en bois sur laquelle ces vendeuses posent un grand plat plein de galettes et de « Rziza ». Les crêpes et les galettes se vendent ici à 50 centimes, tandis que Rziza coûte 1,5 DH, alors qu'ailleurs les prix sont excessifs. Les prix accessibles aux petites et moyennes bourses justifient la forte demande à laquelle ces bonnes dames répondent tant bien que mal. L'une d'elles nous a même convié à son atelier de production. Dans cette maison de vieille Médina, elles sont trois surs qui s'improvisent pâtissières. La proximité de chez elles leur permet également de s'éclipser dès que l'ombre des autorités se profile à l'horizon. Chaque jour, l'une va chercher la semoule nécessaire à la confection des galettes, tandis que l'autre va se charger de les confectionner. La troisième prendra le tout pour le vendre. Elles produisent plus de cinq cents galettes par jour et doublent le nombre durant le week-end. L'endroit où elles préparent les crêpes et les galettes paraît propre, mais ce n'est qu'une fois dehors que leur produit peut être infecté. En effet, le respect d'hygiène chez ces femmes se limite au moment de la confection. Une fois dehors, certaines d'entre elles oublient qu'il faut couvrir les galettes, alors que l'endroit reste exposé à toute forme de pollution. Même chose observée chez les vendeuses de galettes à Rabat. À côté de la mosquée de Bâb Lebbiba, une rangée de femmes proposent les mêmes produits, sans prendre de mesures d'hygiène. En effet, et même si elles couvrent les galettes d'un drap, elles les manipules avec une main nue, la même qui va prendre les billets d'argent et rendre la monnaie. Or, les pièces et les billets d'argent sont le champ idéal pour la prolifération bactériologique. Mais elles ne sont pas les seules. Toujours près de Bâb Lebbiba, il existe bon nombre de vendeurs de gâteaux marocains et de « Chebbakia » qui, pourtant, possèdent des surfaces de vente sans qu'il n'y ait une grande différence au niveau hygiène. Eux aussi ne portent pas de gants et manipulent aussi bien les gâteaux, les galettes et les billets d'argent avec la même main. Sans parler des mouches et abeilles attirées par le miel et que certains consommateurs ont la mauvaise surprise de trouver au fond de leurs plats. Cela n'empêche pas que les consommateurs se font de plus en plus nombreux à faire la queue devant ces magasins. Autre ville que nous avons visité : Kenitra. Ce Ramadan, les autorités veillent au grain. Contrairement à l'année dernière où les Kenetris trouvaient tout ce qu'ils voulaient à « Khabazat » dans un grand désordre causé par les marchands ambulants, cette année, les vendeurs de gâteaux marocains et autres sont cantonnés dans la célèbre rue 36. Cette rue présente un spectacle assez inédit. En effet, ici, vous pouvez trouver des galettes que des femmes vous préparent sur place sur des Canuns, du poisson « frais » amené tout droit de la plage Mahdia, des jus de contrebande, du fromage frais fait maison, du pain de blé à 1 DH, des gâteaux marocains et des plats de « Bakkoula » prêts et emballés dans des sacs en plastique. Pour exposer sa marchandise dans la rue, il faut payer le proprio du magasin en face. Ainsi, beaucoup tirent profit des espaces devant leurs boutiques. Certains vont même jusqu'à sortir leurs marchandises et les étaler sur le trottoir, puisque la plupart des consommateurs n'entrent plus dans les magasins tellement il y a de marchandises dehors. Le contrôle d'hygiène ou de la qualité rime ici avec « tenue verte » ou « Bouga » comme l'appellent les marchands. Cet agent d'autorité est épié de loin et à chaque fois qu'il s'approche de cette rue, des vendeurs s'éclipsent pour reprendre place après son départ. Quelques rues plus loin, des bouteilles de miel sont posées à même le sol et vendues à 13 DH le litre. Des « campagnardes » proposent également du lait à des prix nettement inférieurs à celui du lait pasteurisé. Même si ce lait « artisanal » ne présente aucune garantie, ces « campagnardes » liquident tout leur stock à peine arrivées. Le beurre « beldi » et le fromage frais sont très prisés. À Kenitra, comme partout ailleurs, ces produits restent longtemps exposés au soleil, à la pollution et la manipulation des produits par plusieurs mains à la fois. Et le même spectacle se produit dans toutes les villes du Maroc et personne ne semble s'en plaindre.