À l'occasion d'une rencontre stratégique réunissant les acteurs publics et privés, organisée conjointement par la Fédération Royale Marocaine de Football et la CGEM, ce mercredi 21 mai, au Complexe Mohammed VI de football, les acteurs économiques et ministres ont appelé à une mobilisation nationale sans précédent en vue de la tenue de la Coupe d'Afrique des Nations 2025 et de la Coupe du Monde 2030. Ces deux événements constituent, selon les protagonistes, un levier majeur de transformation économique, touristique, sociale, sportive et culturelle pour le Royaume. Le Maroc s'apprête à écrire une nouvelle page de son histoire en co-organisant la Coupe du Monde 2030. Plus qu'un événement sportif, ce rendez-vous planétaire cristallise les ambitions d'un Royaume résolument tourné vers l'avenir, et mobilise l'ensemble de ses forces vives. À Rabat, plusieurs membres du gouvernement dont Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget et président de la FRMF, Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, ou encore Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Culture, ont exposé leur vision convergente pour faire de cette Coupe du Monde un levier de transformation durable. De nombreux acteurs économiques ont également enrichi le débat, à commencer par le président de la CGEM, Chakib Alj. En premier lieu, le président de la FRMF a tenu à rappeler que la co-organisation de la Coupe du Monde 2030 ne représente pas un point de départ, mais une étape dans un processus de développement national entamé depuis plus de deux décennies. S'exprimant devant les représentants du gouvernement, du secteur privé et des entreprises publiques, Lekjaa a tenu à souligner que le Maroc n'a pas attendu d'être désigné pays hôte pour s'engager dans des projets structurants. « Avec ou sans Coupe du Monde, le Royaume est dans une logique de développement fixée, tracée, avec une vision éclairée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste », a-t-il affirmé. En effet, avant même l'échéance mondiale de 2030, le Maroc accueillera plusieurs compétitions majeures : la CAN féminine dès juillet 2025, puis la Coupe du Monde féminine U17 à partir de novembre, pour une durée de cinq années consécutives. « Le travail a déjà commencé. Ces compétitions, en pleine croissance, sont une opportunité de rodage et d'ajustement pour mieux préparer l'échéance de 2030 », a-t-il indiqué. L'héritage au cœur de la stratégie Fouzi Lekjaa a insisté sur l'importance de l'héritage que laisseront ces événements : infrastructures modernisées, accélération des projets ferroviaires et aéroportuaires, mise à niveau des stades, et surtout, renforcement de l'expertise nationale. Il a pris l'exemple du stade de Rabat en cours de rénovation, soulignant avec fierté que l'ensemble du chantier est mené par des entreprises et des cadres marocains, dont une ingénieure en chef. « C'est une œuvre de fierté, un projet aux standards internationaux mené par des Marocains », a-t-il lancé. Ayoub Amar Lekjaa a également évoqué la dimension africaine de la candidature et des événements à venir. Il a réitéré que le Maroc portera la Coupe du Monde 2030 avec une ouverture totale sur le continent africain et sur les talents issus de la diaspora. « Nos jeunes, nos start-ups, nos entreprises à l'étranger ont montré leur volonté de participer. Ils seront les bienvenus pour contribuer concrètement au développement du pays », a-t-il déclaré. Enfin, le président de la FRMF a tenu à rappeler que le succès de ces compétitions reposera sur l'engagement de toutes les parties prenantes. Il a salué l'implication des équipes de la CGEM et du comité d'organisation, soulignant que l'organisation de la Coupe du Monde est une affaire collective. Et de conclure sur une note conviviale : « Je vous lance une invitation ouverte à revenir jouer des matchs de football ici. C'est agréable, et c'est bien de le faire. » Pour sa part, Chakib Alj, a appelé à une mobilisation nationale, une occasion d'accélérer la mise en œuvre de projets structurants à fort impact. « L'accueil de ces deux compétitions est une preuve de confiance des instances du football mondial envers notre pays », a déclaré Chakib Alj, saluant le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans les progrès accomplis par le Maroc. Un programme ambitieux d'investissements, un impact au-delà du sport Le président de la CGEM a détaillé une série de projets majeurs à finaliser d'ici 2030 : couverture 5G sur 70 % du territoire, doublement des capacités aéroportuaires, extension du réseau ferroviaire (LGV, RER), et développement du réseau autoroutier. Ces chantiers, a-t-il précisé, « façonneront les infrastructures de demain » tout en dynamisant de larges pans du tissu économique. Il a estimé les investissements publics à venir à plus de 1 000 milliards de dirhams, soit l'équivalent du PIB annuel du Maroc. Chakib Alj a salué l'engagement du gouvernement, notamment dans sa capacité à trouver les marges budgétaires pour financer ces projets d'envergure. Insistant sur le rôle clé du secteur privé, Chakib Alj a lancé un appel à l'anticipation, en particulier pour les TPME : « Si la Coupe du Monde a lieu dans cinq ans, les appels d'offres, les partenariats et les chantiers se préparent aujourd'hui », a-t-il affirmé. Il a plaidé pour une meilleure structuration des entreprises, l'encouragement à l'innovation et la formation ciblée des ressources. Ayoub Amar Il a aussi souligné l'importance de soutenir l'écosystème technologique marocain, incluant les start-ups, pour offrir une expérience digitalisée et à la hauteur des attentes internationales. Au-delà de l'impact immédiat sur le PIB — estimé à environ 1 point de base par an — le président de la CGEM insiste sur les retombées immatérielles, en termes de rayonnement international et de soft power. Il a rappelé l'écho mondial qu'a eu la performance du Maroc lors de la Coupe du Monde 2022, en évoquant l'image du Maroc projetée à des milliards de téléspectateurs. Enfin, Chakib Alj a insisté sur la nécessité de penser l'héritage post-Mondial. « Nous ne pouvons pas développer des infrastructures de cette qualité uniquement pour un événement », a-t-il martelé. Il plaide pour la création d'un écosystème pérenne fondé sur l'hôtellerie, la culture, les loisirs, les centres de conférence et le tourisme d'affaires. Clôturant son discours sur une note d'optimisme, le patron du patronat marocain a exprimé sa conviction que le Maroc a les moyens de réussir ce défi : « Une vision claire portée par Sa Majesté, un secteur privé mobilisé, et des partenaires publics engagés sont les ingrédients de notre succès. » Et de conclure : « Ce que nous allons réussir ensemble pour la Coupe du Monde, nous devons le réussir pour l'avenir du pays et des générations futures. » Le tourisme marocain entre dans une nouvelle ère, culture et jeunesse au cœur de l'héritage Pour Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, la Coupe du Monde intervient dans un contexte particulièrement favorable. « En 2024, nous avons accueilli 17,4 millions de touristes, un record qui positionne le Maroc comme la première destination touristique en Afrique. » Et ce succès n'est pas le fruit du hasard. Il résulte d'une stratégie ambitieuse, fondée sur une feuille de route claire, des investissements massifs (8 milliards de dirhams) et une diversification de l'offre autour de l'expérience touristique. Ayoub Amar La ministre annonce une audience télévisuelle estimée à 5 milliards de téléspectateurs pendant le Mondial, et des retombées économiques considérables, dont 40 % directement liées au tourisme. Mais l'objectif ne s'arrête pas à 2030. « Nous ne voulons pas construire des coquilles vides. Ce que nous visons, c'est un tourisme pérenne, réparti sur toutes les régions. » Pour cela, plusieurs dispositifs sont activés, dont le fonds M6, le programme Cap Hospitality, ou encore des incubateurs dédiés au gaming, à la gastronomie ou au tourisme digital. De son côté, Mohamed Mehdi Bensaid insiste sur une approche transversale où la culture, le sport et la jeunesse forment un tout. Pour lui, « la Coupe du Monde est une occasion unique de faire rayonner le Maroc non seulement sur le plan sportif, mais aussi culturel». Il évoque des programmes structurants comme le Pass Jeunes, qui offrira à la jeunesse marocaine un accès élargi aux infrastructures sportives, culturelles et touristiques durant les grands rendez-vous. Ayoub Amar Le ministre défend une politique culturelle qui transforme les monuments en « patrimoines parlants », à travers des mises en scène vivantes et interactives. L'ambition est d'ancrer ces pratiques dans la durée, en créant un écosystème où les industries culturelles et créatives (ICC) — gaming, musique, audiovisuel, festivals — deviennent un pilier de la croissance économique. « Le Maroc a les ressources : une jeunesse dynamique, un patrimoine riche, une ouverture sur le monde. Il peut réussir dans les ICC comme il l'a fait dans l'automobile ou l'aéronautique. » À l'horizon de la Coupe du Monde 2030, le Maroc ne se contente pas d'organiser un événement sportif planétaire : il engage une dynamique nationale fondée sur le sport, la culture et la jeunesse. Ces grands rendez-vous internationaux sont bien plus que des compétitions : ils sont les leviers d'une transformation profonde du pays, d'une ouverture renforcée sur le monde et d'un rayonnement africain affirmé. En associant le patrimoine, les technologies, les industries créatives et l'énergie de sa jeunesse, le Royaume affirme une ambition claire : faire de ces manifestations une vitrine de son identité plurielle et de son avenir collectif. Sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et avec l'engagement de toutes les composantes de la société, le Maroc trace son chemin vers une émergence durable, inclusive et inspirante.