La Direction générale de l'administration territoriale lance des enquêtes dans 40 wilayas et préfectures pour des soupçons de corruption dans l'attribution de marchés publics. Des entreprises appartenant à des fonctionnaires influents sont suspectées d'avoir été favorisées à travers la manipulation de dossiers et de procédures. La Direction générale de l'administration territoriale, sous la conduite du Wali Mohamed Faouzi, compte lancer des enquêtes approfondies dans les services chargés des marchés publics et techniques relevant de 40 wilayas et préfectures, en raison de suspicions de corruption liées à l'attribution de marchés de grande envergure à des entreprises liées à des fonctionnaires influents. Des sources bien informées ont révélé à Hespress que l'administration centrale s'est appuyée sur des rapports faisant état de la complicité de responsables dans la destruction et la dissimulation de dossiers d'entrepreneurs, afin de permettre à des entreprises proches de ces fonctionnaires de remporter des marchés. Les mêmes sources ont confirmé que les enquêtes à venir porteront principalement sur les wilayas des régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kénitra, ainsi que sur les préfectures qui leur sont rattachées. Des convocations urgentes seront adressées à des fonctionnaires et des ingénieurs pour être entendus, précisent-elles, ajoutant que les rapports reçus révèlent des faits mettant en cause certains services, soupçonnés de transformer les marchés publics en projets lucratifs par des moyens douteux. Ces sources estiment que ces rapports, sous le sceau de la confidentialité, entraîneront la chute de chefs de services impliqués dans des manipulations de marchés, notamment ceux liés à l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Elles indiquent également que cette mobilisation de l'Inspection générale fait suite à la réception de plaintes d'entrepreneurs signalant la destruction ou le vol de leurs dossiers par des cadres supérieurs de ces services, afin de favoriser des entreprises « privilégiées ». D'après ces sources, des fonctionnaires influents des services en charge des marchés publics ont été convoqués en urgence pour être entendus, tandis que des ingénieurs expérimentés des services techniques, soupçonnés de complicité avec des entrepreneurs en échange de l'attribution de marchés, sont également attendus pour être auditionnés. Par ailleurs, l'administration centrale du ministère de l'Intérieur a demandé à certaines préfectures de fournir des explications concernant des informations révélées par des rapports sur les services des « affaires intérieures ». Ces informations portent sur les modalités d'attribution des marchés publics et les soupçons entourant certains hauts fonctionnaires qui auraient transformé des commandes publiques en projets lucratifs par des moyens douteux. Il est précisé que ces mêmes rapports devraient entraîner la mise en cause de chefs de services dans des préfectures ayant bénéficié d'une prolongation de leur mandat au-delà de l'âge de la retraite. Ces derniers sont connus parmi les entrepreneurs lésés pour avoir défendu les dossiers de certaines entreprises et facilité à plusieurs reprises leur accès à des marchés publics. Les rapports présentent les conclusions d'une analyse des dossiers de dizaines de marchés publics suspectés, en raison des méthodes d'attribution et des bénéficiaires concernés, sur la base d'informations reçues et de plaintes de parties lésées. Des sources de Hespress précisent qu'il s'agit de marchés fondés sur le favoritisme, attribués dans des conditions manquant de transparence. Cela a suscité les doutes des entreprises concurrentes, qui ont déposé des plaintes auprès de plusieurs instances, notamment le ministère de l'Intérieur, la Cour des comptes et la Commission nationale des marchés publics. Ces entreprises dénoncent l'existence de clauses restrictives dans les cahiers des charges, adaptées à certaines sociétés, leur permettant de dominer ces marchés dans plusieurs préfectures pendant plusieurs années. Il est à noter que, lors de l'examen du projet de loi de finances actuel au Parlement, des pressions ont été exercées pour revoir le cadre législatif régissant les marchés publics, en particulier celui encadrant les bons de commande. Cela fait suite à la constatation que les très petites et petites entreprises ne bénéficient pas de ces marchés. En effet, des fournisseurs et prestataires de services en gros ont créé des entreprises liées afin de concurrencer sur les petits marchés, tirant avantage de leur position commerciale sur le marché ainsi que de leurs capacités financières et logistiques.