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Lucienne Viot/ propriétaire du restaurant Le Cabestan «C'est ici que je serai enterrée, comme mon mari»
Publié dans La Gazette du Maroc le 24 - 04 - 2009

Plus d'un demi-siècle d'amour du Maroc et de restauration traditionnelle française conviviale. Lucienne Viot a réussi un monument de la gastronomie sur la corniche atlantique casablancaise. Le rendez-vous incontournable d'une clientèle demeurée fidèle depuis des générations.
En débarquant au Maroc avec son mari, il y a près de 70 ans, en plein protectorat, Lucienne Viot, citoyenne française, était loin de s'imaginer qu'elle allait rencontrer son destin en alignant un parcours exceptionnel la liant par un contrat moral et affectif à vie avec le pays où elle décidera de s'installer définitivement après l'indépendance en 1956. Comme elle ne croyait guère aussi dessiner une carrière à vocation touristique et commerciale à Casablanca qui en fera une «reine de la gastronomie française traditionnelle» dont les échos auront tôt fait de franchir les frontières du Royaume. Deux grandes passions qui se confondent avec cette grande dame aujourd'hui âgée de 90 ans : l'amour du pays, le Maroc qui est «toute sa vie», et «Le Cabestan», le célèbre restaurant de la côte casablancaise auquel elle a consacré tout son temps et entouré de tous ses petits soins. Un site qui vaut le détour depuis sa création il y a plus de 40 ans, où son mari disparut tragiquement dans un accident de la circulation, et qu'elle a façonné, chouchouté, décoré, et géré avec tendresse et professionnalisme en ne comptant plus que sur ses propres forces, en décidant, par fidélité à la mémoire de son mari et pour l'amour de son fils Philippe, de rester veuve. Avant Le Cabestan, elle avait tenu d'autres restaurants dans La Cambuse, une signature qui ne laisse pas les gourmets indifférents. Elle a travaillé dur toute son existence et continue, avec un admirable courage à le faire, bravant les outrages du temps pour aller, chaque jour, à la rencontre de ses clients. Des clients assidus depuis de longues années sauf ceux, bien sûr, décédés depuis, ou partis sous d'autres cieux pour contraintes professionnelles ou familiales. «Ce restaurant représente tout pour moi», ne cesse-t-elle de dire avec cette humilité remarquable des personnes marquantes que le succès ou la gloire n'ont pas transformé d'un iota. «Mon restaurant est depuis 1965 le rendez-vous incontournable des gourmets, qu'ils soient dans les affaires, la politique, artistes ou simples amoureux de l'océan», mesure-t-elle, le travail accompli à force d'engagement personnel et d'abnégation morale. Pour y déguster de succulentes spécialités dans un cadre marin et un décor convivial, en s'y sentant tellement bien.
Disponible, liante, accessible, aux petits soins avec les clients, gérante de proximité avec son personnel, Viot vit la plénitude de ses passions dans son restaurant Le Cabestan. Une affection qui ne la quittera plus comme ce pays où elle a tant aimé vivre et où elle a décidé de finir ses jours : «J'aime le Maroc et c'est ici que je serai enterré comme mon mari».


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