Résultats 2004 de la Samir C'est devant une forte communauté d'analystes et de journalistes que Jamal Ba-Amer, directeur général de la Samir, a présenté les résultats. Contextes national et international obligent, les questions ont porté essentiellement sur le devenir de l'entreprise. Le management, lui, rassure ses actionnaires. Dans les années à venir, la Samir devra faire face à plusieurs échéances. Les droits de douane continuent de baisser pour une suppression totale à l'horizon 2012. La question se pose de savoir si les autres pétroliers ne recourront pas aux importations. De même, le raffineur national est tenu de produire un gasoil dont la teneur en soufre n'est que de 50 parts par millions (ppm) de parts au lieu de 350 ppm actuellement. Les questions ont donc été à la mesure de ce futur qui appelle plusieurs réponses. De là, on se demande d'où proviendront les fonds, car la production d'un gasoil plus propre demande un effort d'investissement de près de 8,5 milliards de dh. De même, les actionnaires attendent avec impatience les dividendes à distribuer. Le nouveau staff de la Samir reste confiant. Les bailleurs de fonds ont déjà été identifiés et malgré la suppression des droits de douane en vue, l'activité ne sera pas touchée pour autant. Bonne reprise de l'exploitation Selon Jamal Ba-Amer, la Samir a déjà commencé à fournir des réponses à ces différentes interrogations avec notamment un résultat 2004 en forte progression par rapport à 2003. Le chiffre d'affaires qui avait fortement souffert de l'incendie de 2002 a progressé à la faveur de la reprise de l'activité de raffinage. Ainsi, le raffineur affiche 17,254 milliards de dh de chiffre d'affaires en 2004 contre 13,341 l'exercice précédent. Mieux encore, la structure de ce chiffre d'affaires permet de dégager un résultat plus intéressant. Puisque la part des produits transformés a été assez intéressante. Ainsi, les ventes en l'état de marchandises ont représenté en 2004 environ 10% du chiffre d'affaires alors qu'en 2003, elles avaient dépassé 38,7%. Résultat : l'activité industrielle n'avait pas pu couvrir les charges fixes de l'entreprise de l'exercice précédent. De sorte que la maigre marge commerciale d'à peine 115 millions de dh dégagée sur la vente de marchandises avait servi en partie à éponger les pertes sur l'exploitation. Le changement de configuration au profit de la vente biens et services produits a permis cette année de dégager un résultat d'exploitation de 405 millions de dh contre 76 millions en 2003. Le financier et le non-courant ralentissent Une telle performance aurait dû permettre d'améliorer le résultat net. Malheureusement, ce dernier n'augmente que légèrement à 473 millions de dh contre 417 millions en 2003. Les postes financiers et exceptionnels sont passés par là. Puisqu'en 2004, avec 10,9 millions de dh de reprises, la Samir n'a malheureusement pas eu les importantes reprises financières de 2003 qui ont été de 122 millions de dh. Certes, la baisse continue du dollar a permis à la Samir des gains de change de 144 millions, contre 129 millions en 2003. Toutefois, le résultat financier n'est que de 47 millions contre 160 millions de dh une année auparavant. En ce qui concerne le côté exceptionnel des produits et des charges, les reprises de provisions pour investissement se poursuivent et représentent 425 millions de dh. Il convient de rappeler que la Samir, devant un ambitieux programme d'investissement de quelque 12 milliards de dh, avait constitué des provisions conséquentes. Malheureusement, les trois années se sont écoulées et aucun investissement n'a été réalisé. L'entreprise devait donc reprendre ses provisions qui ne sont pas sans incidence fiscale. De sorte que le résultat non-courant est de nouveau positif se montant à 218 millions de dh contre 285 millions en 2003. La rupture avec AMHAL Aujourd'hui, la Samir a retrouvé sa vitesse de croisière avec des parts de marché très proches de celles qu'elle possédait avec les fâcheux incidents qui avaient ralenti la production. Il n'empêche que les distributeurs comme Akhannouch ne cachent pas leur envie de se tourner vers l'export. La Samir s'était prémunie contre une perte de parts de marché en signant un accord avec Somirgy qui lui avait permis de disposer indirectement d'un réseau de plus de 100 stations service Somepi. Cependant, le partenariat vient d'être rompu avec le rachat des parts par le groupe de Mustapha Amhal, son ancien partenaire. Sitôt fait, ce dernier s'est tourné vers Aziz Akhannouch du groupe Akwa pour la cession de son réseau de distribution. Du coup, la Samir est mise hors jeu. Elle continue certes de fournir Akwa ainsi que tous les autres distributeurs de produits pétroliers, à l'exception du gaz dont la production nationale est limitée. Et pour Jamal Ba-Amer, la Samir est appelée à se spécialiser de plus en plus vers son activité de base qu'est le raffinage. En conséquence, elle a adopté une stratégie orientée vers le client et dont l'objectif principal est l'amélioration de la qualité des produits. Mais quelle que soit cette qualité, la question se pose de savoir si la Samir pourra atteindre la qualité des raffineurs européens. Le management promet d'être à niveau dès 2008 avec un gasoil à 50 ppm. Malheureusement, en 2010, l'Europe passe à 10 ppm. Pourtant, Jamal Ba-Amer est catégorique, les importations ne constitueront jamais une menace. Il explique en effet que la Samir, avec 3 millions de barils, est la seule à pouvoir se prévaloir d'une capacité de stockage qui respecte les trois mois de réserve exigés par le législateur. Donc, les distributeurs continueront de s'approvisionner à la Samir. Dans le cas contraire, ils sont appelés à consentir des investissements importants qu'ils auront du mal à rentabiliser. Cela rassure les actionnaires de l'entreprise qui s'inquiéteraient de l'avenir de la Samir après la levée totale des droits de douane en 2012. Cependant, pour les dividendes, en 2004 l'entreprise sert 27 dh par action, mais les porteurs de parts devront encore patienter pour les deux ou trois années à venir. Car pour le moment, l'entreprise se concentre sur son investissement de 8,5 milliards de dh dans les années à venir. La BAD et l'Italien Saatchi feront partie des bailleurs de fonds qui apporteront 65% de ce montant à un taux défiant toute concurrence. La Samir, dont l'endettement est presque nul (85 millions de dh) prendra en charge le reste.