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Iran / USA : Vers l'inévitable guerre
Publié dans La Gazette du Maroc le 24 - 04 - 2006

Les négociations entamées en toute « discrétion » à Washington, la semaine dernière, entre Iraniens et Américains, n'ont pas réussi à faire prédominer la logique de la politique sur la grammaire de guerre. Tout simplement parce que les stratèges au Pentagone estiment que cette dernière se rapproche de sa forme absolue.
Certains de ceux qui avaient participé au « 3ème congrès international d'Al Qods et du soutien des droits du peuple palestinien », tenu à Téhéran du 14 au 16 avril, affirment avoir remarqué que la République islamique vit d'ores et déjà dans un climat de guerre. Les privilégiés parmi les invités de marque, qui ont eu la chance de rencontrer le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, ou les responsables de la Garde révolutionnaire et des Pasdarans, ont été surpris de découvrir que ces derniers étaient très influencés par le système conceptuel mis en place par le stratège théoricien prussien de la guerre, Clausewitz.
Notamment, aussi bien par sa théorie
sur le « Land wehr », c'est-à-dire la mobilisation des milices ou les troupes de réserve, que par le « landsturm », la levée des masses.
Cela veut dire que Téhéran, convaincue que Washington est arrivée au point de mettre fin au conflit prolongé, poursuit son forcing dans la canalisation des passions populaires et, par là, soumet à l'entendement autant que possible le jeu. Peut-on, ainsi, conclure que les deux parties sont déjà prêtes pour la dernière grande bataille au Moyen-Orient, et ce, même si chacune d'elles n'admet pas que son existence dépende de cette seule confrontation aussi décisive puisse-t-elle être ?
Le temps des idéologies
Tous les indices montrent que la région la plus riche du monde s'approche à grands pas du bout du gouffre avant de plonger, cette fois, dans l'inconnu. Ce, malgré les écrits et les analyses parus tout le long des derniers mois, excluant une frappe militaire de l'Iran. Cependant, les articles publiés, le 9 avril, par le « Washington Post » et, le 17 avril, par le « New Yorker » sur les plans conçus
pour l'Iran, représentent un début de préparation de l'opinion publique américaine à la guerre déjà programmée. Ces articles deviennent plus sérieux, voire plus crédibles lorsqu'ils se recoupent avec l'analyse établie par l'agence russe « Novosti », signée du général Guemadi Yestaiceve, intitulée « Les nuages se rassemblent dans le ciel de l'Iran ».
Mais l'essentiel, c'est que le choix militaire est passé, chez les décideurs
à la Maison-Blanche, du stade du « dernier recours » au stade de « l'unique recours ».
Si cette information se confirme, cela dit que la région et, avec elle, le monde entier, sont déjà rentrés dans une étape semblable à celle qui avait précédé la guerre d'Irak. La preuve, le transfert du dossier nucléaire de l'AIEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique) au Conseil de Sécurité. Ce qui explique, selon les observateurs, le fait de porter les plans militaires définis, jusque-là, sur papiers aux salles des opérations militaires.
Néanmoins, en tout état de cause, le monde n'assistera pas aux mêmes scénarios vécus lors de la dernière guerre qui avait abouti à l'occupation de l'Irak. Car l'histoire a montré qu'il « n'y a pas deux guerres identiques ». En effet, toutes les guerres n'en ont pas moins de traits communs sans quoi, elles ne seraient pas des guerres. De ce fait, il faut s'attendre, cette fois, à tout, parce que les Etats-Unis estiment que plus
la guerre se rapproche de sa forme absolue, plus elle contient d'éléments universellement valables, nécessaires donc, plus la raison théorique est en mesure de penser la guerre et de légiférer.
La politique a changé à la fois l'instrument militaire et l'enjeu des guerres. Cependant, ces derniers demeurent des instruments politiques.
En bref, les généraux du Pentagone tentent de convaincre les idéologues à la Maison-Blanche que l'Iran, en 2006, n'est pas l'Irak de 2003. D'autant plus que le contexte, la conjoncture et même les rapports de force sont différents. De toute manière, rien ne prouve, jusqu'à présent, que l'Iran aurait violé le traité de non-prolifération des armes nucléaires. Cela dit, il serait difficile de l'isoler régionalement et mondialement, comme cela a été avec l'Irak. C'est ce que Washington sait parfaitement. A cela, s'ajoutent les difficultés internes et externes auxquelles sont confrontés les Etats-Unis. En dépit de ce constat et de ces faits, force est de souligner que l'idéologique, au sein de l'administration Bush, l'emporte sur le pragmatisme basé sur la logique. Ce dernier aspect devrait, en principe, être le fil conducteur de toutes les décisions. En optant ainsi, la première puissance mondiale prouve qu'elle ne s'est jamais séparée de son projet hégémonique qu'elle compte mener jusqu'au bout. Washington est convaincue que ce projet débute par la mainmise totale sur le pétrole du Moyen-Orient et que l'Iran constitue un obstacle à cet objectif stratégique. De ce fait, les Etats-Unis ne reculeront devant rien, y compris prendre le risque de mener une nouvelle guerre, quels que soient les défis et les sacrifices. Ceci étant, une fuite en avant est désormais inéluctable.
En conséquence de ces réalités, les analystes politiques américains estiment que l'actuelle administration ne se séparera guère de son rêve. Ils affirment que ses faucons pensent qu'ils ont entre leurs mains toutes les cartes leur permettant de sortir victorieux de la prochaine guerre contre l'Iran. Pire encore, ils croient que les capacités militaires et politiques demeurent à la hauteur d'une telle réalisation qui redorera l'image entachée de la première puissance mondiale, auprès de la communauté internationale. Dans ce cadre, Washington croit toujours qu'elle pourra compter sur les alliés.
L'Union européenne n'a, aux yeux des Américains, aucun autre choix que de se ranger derrière eux. Quant à Israël, son plus fidèle associé dans la région du Moyen-Orient, il n'hésitera pas à apporter son aide militaire directe. Il y a aussi les régimes arabes qui ne peuvent refuser à la direction américaine aucune demande de coopération. Surtout que les bases américaines sont réparties sur chaque parcelle des pays du Golfe. Reste la Turquie, cette puissance régionale aux frontières de l'Iran qui, sans sa participation logistique, la guerre en vue ne sera jamais gagnée. C'est la raison pour laquelle la secrétaire d'Etat américaine, Condoleeza Rice, s'est rendue la semaine dernière à Ankara.
Supériorité de l'offensive
Sur l'autre front de la confrontation, se trouve l'Iran qui raisonne et planifie d'une manière différente. Les Etats-Unis veulent que Téhéran laisse tomber son programme nucléaire et les aider aussi à restaurer la sécurité et la stabilité en Irak. Mieux encore, Washington demande
à Téhéran de ne guère s'opposer à l'existence en permanence de ses bases dans la région. La pression sur ses alliés est encore une exigence supplémentaire de la part de l'administration Bush. Cela dit, imposer au Hezbollah libanais de jeter les armes, désarmer les camps palestiniens et forcer le Hamas et le Jihad islamique à accepter un compromis selon les conditions israéliennes. Et le plus important, exiger que Téhéran se démarque du régime syrien ou la convaincre d'exécuter tous les points de la résolution onusienne 1559. À cet égard, le pouvoir iranien est conscient que toutes ces « demandes-ordres » sont irréalisables, sauf s'il change sa nature islamique. Ce qui veut dire mettre fin au système politique issu de la Révolution islamique d'Ayatollah Khomeïni et par là comprendre que le véritable objectif de l'administration américaine vise la chute du régime en Iran par les moyens politiques, sinon par la force.
Le fond du problème, selon la vision iranienne, ne réside pas dans son programme nucléaire. Car les contradictions avec les Etats-Unis sont apparues bien avant l'initiation de ce programme qui est, en réalité, le résultat de ces divergences et non sa raison. Ce, même si les Etats-Unis veulent faire croire à la Communauté internationale que l'éventuelle frappe militaire consiste à annuler définitivement ce programme nucléaire qui menace la région toute entière. Dans ce contexte, les experts militaires estiment que cet objectif ne sera jamais atteint, sauf si les Américains arrivent à détruire toutes les capacités militaires de l'Iran et ne pas se contenter d'une simple opération chirurgicale à l'instar de la frappe israélienne de la centrale irakienne « Ozirak » en 1981. La frappe généralisée des sites iraniens sera en fait l'introduction à la chute du régime.
C'est pourquoi les Iraniens estiment que la confrontation avec les Américains est déjà consommée, sauf si Washington change d'objectif, renonçant ainsi à abattre leur régime. A cet égard, Téhéran tente de leur faire comprendre qu'elle possède suffisamment de cartes pour les contraindre à réviser leurs plans.
Parallèlement, l'attitude des responsables iraniens sur les scènes régionale et internationale montre qu'ils ont accepté le défi ; d'autant qu'ils sont confiants de l'importance des cartes qu'ils détiennent. Les dirigeants de la République islamique voient que, d'une part, les Etats-Unis n'ont pas la possibilité de destituer leur régime d'un seul coup et que leur pays est capable non seulement de riposter en frappant les objectifs militaires dans la région, mais aussi leurs intérêts économiques, à savoir les sites pétroliers en premier. D'autre part, Téhéran estime qu'elle est capable, aussi, d'utiliser d'autres cartes qu'elle possède en Irak, en Syrie et au Liban.
C'est dans le cadre de cet équilibre de menaces que l'Iran aurait accepté de négocier avec les Etats-Unis la situation en Irak. Des pourparlers qui se sont déroulés dans un équilibre de force inconnu jusqu'à présent. Les désaccords apparus, mardi dernier à Moscou, concernant l'application de nouvelles sanctions contre l'Iran, confirment la thèse affirmant que la guerre est devenue inévitable entre la première puissance mondiale et la puissance régionale. Cette dernière jouera, sans doute, la « supériorité de la défensive sur l'offensive ».


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