Cette première récolte est le fruit d'un programme mis en place par le groupe OCP, à travers le programme Al Moutmir, au cours des trois dernières campagnes agricoles, pour encourager l'introduction du quinoa comme culture résiliente stratégique, dans ce contexte de stress hydrique. Suivez La Vie éco sur Telegram «Aujourd'hui nous fêtons la récolte du quinoa. Après plus de sept ans de recherche au niveau du laboratoire à l'UM6P, nous voilà sur le terrain, pour travailler avec des agriculteurs dans les plateformes de démonstration, en collaboration avec Al Moutmir». Ce 23 juillet, en cette matinée de forte canicule, Manal Mhada, professeure assistante au Collège des sciences de l'agriculture et de l'environnement de l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), ne cache pas sa satisfaction, en voyant des agriculteurs de la commune de Rissana Chamalia, dans la province de Larache, sortir de terre les premières graines de quinoa de leurs champs. Cette première récolte est le fruit d'un programme mis en place par le groupe OCP, à travers Al Moutmir, au cours des trois dernières campagnes agricoles, pour encourager l'introduction du quinoa comme culture résiliente stratégique, dans ce contexte de raréfaction des ressources hydriques et de la recrudescence des aléas climatiques. Développer de nouvelles cultures pour faire face aux changements climatiques Dans le cadre de cette phase expérimentale, plus de 106 plateformes de démonstration ont été réparties sur 60 sites, couvrant douze provinces (Azilal, Béni Mellal, Berrechid, El-Jadida, Khénifra, Khouribga, Kénitra, Larache, Meknès, Ouezzane, Tanger-Assilah, Youssoufia). Plusieurs zones agroclimatiques ont été mises en place. Ces plateformes ont permis de promouvoir un «Programme intégré des cultures (ICP)» dédié au quinoa, intégrant toutes les opérations et bonnes pratiques nécessaires à sa réussite. «L'objectif était de faire sortir les résultats du laboratoire vers l'agriculteur, afin qu'il bénéficie du savoir qui a été développé, des variétés qui ont été sélectionnées au niveau de la ferme expérimentale, et aussi lui expliquer la nécessité d'introduire des cultures qui sont résilientes, notamment le quinoa, le sorgho, le millet», a expliqué Mhada. «Nous voulons inciter les agriculteurs à développer de nouvelles cultures pour faire face aux changements climatiques, à adopter des itinéraires techniques, afin d'augmenter le rendement et aussi la profitabilité à la ferme», a-t-elle ajouté. L'experte accompagne une dizaine d'agriculteurs travaillant sur une superficie étalée sur 13 hectares dans les plateformes de démonstration, y compris les plateformes de production de semences. Outre le transfert de technologies vers les agriculteurs, l'UM6P, en collaboration avec Al Moutmir, est en train d'étudier l'interaction entre génotype et environnement, afin d'optimiser le rendement. Objectif scientifique : trouver la formule idéale entre le génotype, le fertilisant et la région où l'on développe la culture du quinoa. Des résultats prometteurs d'une céréale résiliente D'après Al Moutmir, les premiers résultats observés dans les plateformes de démonstration au niveau national sont prometteurs, avec des rendements atteignant 20 qx/ha et un retour d'intérêt croissant de la part des agriculteurs impliqués. Interrogée sur la particularité du quinoa, la professeure assistante à l'UM6P nous explique que cette céréale, originaire d'Amérique latine, est connue pour sa résilience et son adaptabilité à la chaleur. «Avec sa plasticité phénotypique, elle s'adapte très bien dans nos régions méditerranéennes. Elle est très riche en nutriments et a un profil d'acide aminé essentiel qui est très intéressant, ne contient pas de gluten, est très résilient, et a une racine qui est très rustique. Certaines variétés s'adaptent très bien à l'augmentation de température», insiste-t-elle. En principe, la production du quinoa se fait dans les régions arides. Pourquoi alors le choix de la province de Larache, qui dispose d'un climat semi-aride pour y développer cette culture ? «Ce n'est pas une région aride, mais le futur ne nous promet pas que ce sera le cas. Donc on doit se préparer, on doit préparer les agriculteurs aux effets du changement climatique, non seulement les agriculteurs du semi-aride et aride, mais notamment ceux du nord du Maroc», explique notre interlocutrice.