Le ministère de l'équipement a lancé un appel d'offres pour actualiser les coûts de référence. Une application informatique permettant le suivi et la mise à jour de ces coûts par les professionnels sera développée. Le ministère de l'équipement, du transport et de la logistique vient de lancer un appel d'offres pour la réalisation d'une étude pour l'actualisation de la structure des coûts de référence du transport routier de marchandises, sachant que les tarifs de transports routier de voyageurs sont réglementés par la tutelle. Nouveauté : cette étude devrait déboucher sur la mise en place d'une application informatique pour permettre le suivi et la mise à jour de ces coûts par les professionnels. Il faut préciser d'emblée que l'établissement et l'actualisation des coûts de référence du transport de marchandises pour le compte d'autrui ne détermine pas vraiment le niveau des prix appliqués au Maroc. La grille constitue juste un référentiel théorique pour les professionnels. Mais le gouvernement est obligé de les publier régulièrement parce que la loi 16-99 sur le transport l'y oblige. En effet, l'article 22 stipule que «les tarifs de transport de voyageurs sont fixés conformément à la législation et à la réglementation en vigueur et les prix et tarifs de marchandises et de messageries pour le compte d'autrui sont établis et publiés par l'autorité gouvernementale chargée des transports». La structure de ces coûts devrait servir normalement, comme c'est le cas dans les économies organisées, à définir les prix du transport en fonction de l'évolution des coûts d'exploitation tels que les salaires et charges du personnel de conduite, les tarifs des autoroutes, le prix du gasoil, l'inflation, etc. Mais, au Maroc, les choses se passent autrement, étant donné la situation structurelle du secteur qui demeure fortement atomisé et dominé par l'informel. Les pratiques de surcharge et d'autres anomalies telles le non-respect de la réglementation, non seulement tirent les prix vers le bas, bien en dessous des prix de références officiels, mais se traduisent par des pertes en points de PIB. Une tarification réelle basée sur les coûts de référence peut tirer le secteur vers le haut A titre d'exemple, la pratique courante de surcharge et le non-respect de la vitesse autorisée et des normes de sécurité influent directement sur l'augmentation du nombre d'accidents, et cette sinistralité est estimée au Maroc autour de 16 milliards de dirhams, soit à peu près 2% du PIB. Donc, l'objectif de fixer et d'actualiser régulièrement des coûts de référence reste sain même s'il se heurte à une réalité malsaine sur le terrain. Du reste, après des années de régulation des prix de transport de marchandises par l'administration, par le biais de l'Office national du transport (ONT), la libéralisation en 2003 devait être accompagnée par un certain nombre de mesures. L'élaboration des prix de référence constitue une de ces mesures puisqu'elle visait à renforcer la création d'un nouveau cadre concurrentiel «libre et transparent (…) dans le respect des conditions de sécurité routière, de protection de l'environnement, des normes techniques en vigueur et des dispositions législatives et réglementaires, notamment celles se rapportant au volet social et fiscal». En d'autres termes, une tarification réelle basée sur les coûts de référence est de nature à tirer le secteur vers le haut à condition que tous les intervenants jouent le jeu. Car, comme le souligne Abdelilah Hifdi, président de la Fédération du transport-CGEM, les choses ne peuvent pas évoluer positivement sans un consensus sur cette question entre les transporteurs, les chargeurs, l'administration et les autres intervenants dans le processus. L'idéal serait selon lui d'arriver à mettre sur pied au Maroc un organe indépendant à l'instar du Comité national routier (CNR) français qui veille sur la vérité des prix en suivant de près les évolutions de ses composantes et en diffusant de manière régulière les changements qui peuvent intervenir dans tel ou tel poste d'exploitation. Ce CNR nous apprend par exemple que, pour l'année 2013, «de nombreux postes de coûts ont objectivement dérivé, tels les salaires des conducteurs qui se sont appréciés de 3,8% ou le prix des autoroutes qui a augmenté de 2,1%, des facteurs inflationnistes qui ne doivent pas être masqués par la baisse du prix du gasoil». Il prévoit même pour 2014 une inflation hors gasoil de 1,5%. On n'en est pas encore à de telles précisions au Maroc, mais l'Observatoire du transport pourrait jouer ce rôle, à condition qu'on lui donne les moyens. Cela suppose un préalable, la mise à niveau de tout le secteur, un chantier qui résiste à toutes les réformes. Les coûts de référence existent bien depuis 2003 et leur dernière actualisation date de 2011. Mais ils n'ont jamais influé sur les prix.