À la Chambre des représentants, le chef du gouvernement a analysé la portée de la résolution 2797 du Conseil de sécurité de l'ONU et l'a replacée dans une trajectoire diplomatique engagée depuis plus de deux décennies sous la conduite du Roi Mohammed VI. Au-delà de la dimension politique, Akhannouch a détaillé l'avancement concret des chantiers structurants dans les provinces du Sud, où infrastructures, énergie, industrie et gouvernance territoriale redessinent progressivement un espace devenu stratégique pour la projection africaine du Maroc. Plus qu'une décision internationale, la résolution 2797 adoptée par le Conseil de sécurité vient s'inscrire dans un mouvement profond, long et méthodique, qui redéfinit la place du Maroc sur la scène régionale et internationale. Lundi, devant les députés, Aziz Akhannouch a rappelé que la décision du Conseil de sécurité intervient dans un contexte où la position du Maroc a gagné en légitimité politique et en maturité diplomatique. «La résolution consacre non seulement la reconnaissance internationale de notre intégrité territoriale, mais, dans sa signification profonde, transcende le simple vote circonstanciel sur une cause juste, vers un vote qui consolide implicitement la reconnaissance internationale du statut important du Maroc en tant que puissance régionale et internationale sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI», a déclaré le chef du gouvernement. La diplomatie marocaine se distingue par une démarche constante, fondée sur la coopération, la médiation, l'apaisement et la construction de consensus, a souligné Aziz Akhannouch, évoquant «une gestion dynamique» de la cause nationale, faisant passer le dossier d'une logique de confrontation à une logique d'adhésion progressive à une solution réaliste et durable. La proclamation du 31 octobre comme journée nationale Aïd Al Wahda (Fête de l'Unité) a été présentée comme un acte de mémoire politique. «Cette date immortalisera un pan de la marche de Sa Majesté le Roi, un leader inspirant qui, par ses positions courageuses, a érigé notre pays en modèle de stabilité, de progrès et de défense de la souveraineté», a affirmé Akhannouch. Un modèle de développement fondé sur les infrastructures Le nouveau modèle de développement lancé en 2015, doté de 77 MMDH, a ouvert un cycle d'investissement public qui restructure la géographie économique des provinces du Sud. Le réseau routier s'étend désormais sur plus de 4.000 km, contre seulement 70 km il y a une décennie. La voie express Tiznit-Dakhla, longue de 1.100 km, en est la colonne vertébrale. Elle ne relie pas seulement des villes. Elle assure une continuité territoriale, irrigue des bassins économiques, facilite la circulation de la production halieutique, réduit les coûts logistiques, soutient l'implantation d'entreprises locales et attire des activités nouvelles. Cette structuration terrestre est complétée par une structuration maritime. Le port Dakhla Atlantique, dont les travaux ont atteint 50% d'avancement, se positionne comme une plateforme de connexion vers l'Afrique de l'Ouest et l'Atlantique Sud. Il n'est pas pensé comme un équipement isolé, mais comme un nœud dans un système portuaire comprenant Sidi Ifni, Tarfaya, Tan-Tan, Laâyoune et Boujdour. Ces infrastructures soutiennent la pêche maritime, les exportations, la transformation halieutique, la logistique du commerce extérieur et l'implantation d'industries liées à la mer. L'aquaculture y connaît une expansion notable, avec près de 240 fermes en cours de développement à Dakhla, représentant plus d'un milliard de dirhams d'investissements et des milliers d'emplois potentiels. L'agriculture, elle, avance grâce à la mobilisation des ressources non conventionnelles, notamment avec l'unité de dessalement de Dakhla d'une capacité annuelle de 30 millions de mètres cubes, adossée à 55 projets agricoles totalisant plus de 4,9 MMDH. Le tourisme s'inscrit dans la même logique. L'augmentation de 31% de la capacité d'hébergement entre 2020 et 2025, atteignant 7.441 lits, illustre l'attractivité croissante de la région, en particulier autour du tourisme sportif, écologique et côtier. Dakhla s'est imposée comme une destination internationale pour le kitesurf, les sports nautiques et les séjours nature, attirant une clientèle européenne, américaine et africaine. À cette dynamique s'ajoute l'ouverture des mobilités aériennes, notamment avec l'inauguration de nouvelles liaisons de Royal Air Maroc, qui réduisent les distances symboliques autant que les distances physiques. Le Sahara se rapproche, non seulement du reste du pays, mais du monde. L'énergie comme horizon stratégique La transformation la plus déterminante est cependant énergétique. Les provinces du Sud ne se contentent plus d'accueillir des infrastructures. Elles deviennent un territoire producteur d'énergies d'avenir. Le Plan d'équipement électrique 2025-2030 programme plus de 1.400 MW pour un investissement supérieur à 15 MMDH et s'articule avec 7 projets d'hydrogène vert totalisant 36 milliards de dollars, majoritairement situés à Dakhla-Oued Eddahab et Laâyoune-Sakia El Hamra. Mais l'étape décisive se situe dans l'économie émergente de l'hydrogène vert. 7 grands projets, représentant 36 milliards de dollars d'investissements potentiels, ont été retenus, principalement dans les régions de Dakhla – Oued Eddahab et Laâyoune – Sakia El Hamra. Ces projets ambitionnent de produire de l'ammoniac vert, des carburants propres et de l'acier bas carbone, orientés vers les marchés internationaux, notamment européens, confrontés à l'obligation de décarbonation. La région devient ainsi un pôle énergétique et industriel, mais aussi un pôle de recherche, formation et ingénierie, avec la création de CHU et de facultés de médecine, l'ouverture de centres de formation professionnelle, le développement d'internats, d'équipements culturels et d'espaces sportifs. Les premières promotions de médecins formés localement sortiront à partir de 2027. «Le Maroc a prouvé que le véritable enjeu du Sahara se gagne sur le terrain, par la justice territoriale, la cohésion nationale et le développement réel. Le Sahara n'est pas une région lointaine, c'est un prolongement naturel du principe de justice territoriale, d'équité spatiale et d'égalité des chances», a conclu le chef du gouvernement. Services publics, capital humain et ancrage territorial Le développement des provinces du Sud ne se résume pas aux infrastructures stratégiques ou aux investissements productifs. Il repose également sur un effort soutenu en matière de services publics, pensé pour renforcer l'attractivité résidentielle du territoire et stabiliser la montée en compétences locales. Ces dernières années ont vu l'ouverture ou la mise en chantier d'hôpitaux universitaires à Laâyoune et à Dakhla, de facultés de médecine, de centres de formation professionnelle, d'internats ainsi que d'équipements culturels et sportifs. Cette dynamique accompagne l'émergence d'un écosystème éducatif et sanitaire complet. Les premières promotions de médecins formés localement sortiront à partir de 2027, signe d'un changement profond dans les trajectoires professionnelles des jeunes du Sud. Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO