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Maroc–Espagne : le partenariat économique prend de la hauteur
Publié dans Les ECO le 05 - 12 - 2025

À la veille de la XIIIe Réunion de Haut Niveau entre Rabat et Madrid, la capitale espagnole a accueilli un forum économique d'envergure, réunissant les grands acteurs publics et privés des deux rives. Une rencontre dense, ponctuée d'annonces stratégiques, qui marque l'entrée du partenariat maroco-espagnol dans une nouvelle ère, centrée sur la coproduction, l'investissement structurant et l'expansion vers les marchés émergents.
Sous les dorures sobres du siège de la Confédération espagnole des organisations professionnelles (CEOE) à Madrid, ce 3 décembre 2025, c'est un chapitre stratégique de la relation maroco-espagnole qui s'est écrit à travers un forum économique d'une densité rare.
Organisé en prélude à la XIIIe Réunion de Haut Niveau (RHN) entre les deux pays, ce forum a réuni plus d'une centaine de dirigeants d'entreprises, de décideurs publics et d'experts autour d'un objectif commun, celui de transformer une entente politique renforcée en synergies économiques concrètes.
Dès l'ouverture, le ton a été donné par Antonio Garamendi, président de la CEOE, qui a exhorté les deux nations à «renforcer l'alliance entre les entreprises espagnoles et marocaines dans des secteurs stratégiques», tout en insistant sur l'ambition commune de bâtir un pont économique entre l'Afrique et l'Amérique latine. «Nous avons la responsabilité d'œuvrer ensemble pour devenir ce trait d'union entre les continents», a-t-il affirmé.
Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a abondé dans le même sens, soulignant que la présence du chef du gouvernement marocain à Madrid pour cet événement était un symbole fort. «Sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a connu une transformation profonde, qui offre des perspectives très attractives pour les investisseurs internationaux, notamment espagnols», a-t-il déclaré.
Alj a insisté sur l'impératif d'une intégration conjointe sur de nouveaux marchés, notamment en Afrique et en Amérique latine, soulignant que «les entreprises marocaines et espagnoles ont tout intérêt à mutualiser leurs forces pour co-investir et co-produire».
Dans une allocution remarquée, le ministre délégué à l'Investissement, Karim Zidane, a de son côté évoqué «une relation désormais fondée sur la confiance, la prévisibilité et l'ambition partagée». Rappelant que les échanges commerciaux entre les deux pays ont dépassé 24 milliards d'euros en 2024, il a insisté : «Ce n'est plus une simple proximité géographique, c'est une proximité structurelle. Nos chaînes de valeur convergent, nos industries se complètent, et notre trajectoire commune est désormais irréversible».
Zidane a également plaidé pour un partenariat de «coproduction stratégique», notamment dans les énergies renouvelables, la mobilité durable et l'innovation. «Nous avons la capacité rare de construire des chaînes de valeur régionales qui rivalisent avec les plus grandes zones économiques mondiales», a-t-il souligné. Il a aussi évoqué l'importance de structurer ces ambitions autour d'accords d'investissement, de mécanismes d'arbitrage innovants et de plateformes industrielles binationales.
Le ministre espagnol de l'Agriculture, Luis Planas, a ensuite pris la parole pour saluer «l'excellence des relations agricoles et halieutiques entre Rabat et Madrid», insistant sur les progrès réalisés en matière de coopération dans la recherche, l'adaptation climatique et l'innovation. «Notre secteur agroalimentaire repose sur une complémentarité structurante. Ensemble, nous sommes capables de bâtir une filière durable au service des deux continents».
Planas a d'ailleurs annoncé que l'Espagne et le Maroc signeront dès le lendemain, lors de la XIIIe RHN, deux mémorandums de coopération : l'un dans le secteur agricole, l'autre dans la pêche. Ces protocoles visent à renforcer la gestion des ressources, l'innovation agricole, la sécurité alimentaire et la lutte contre la pêche illégale, tout en facilitant les échanges techniques et commerciaux.
Au-delà de ces secteurs, une dizaine d'accords bilatéraux couvrant des domaines variés étaient annoncés à la veille de la RHN. Ceci dans la transition numérique, modernisation administrative, gestion des risques et des catastrophes naturelles, éducation, formation professionnelle, égalité et inclusion, prévention de la violence, ainsi que coopération sectorielle (agriculture, pêche, infrastructures).
Ce calendrier de signature, rendu public à la veille de la réunion à Madrid, marque une inflexion : la relation bilatérale entre Rabat et Madrid n'est plus pensée comme un potentiel à explorer, mais comme un cadre d'engagements concrets. Le forum économique a donc non seulement posé les bases du dialogue, mais permis d'esquisser un plan d'action plurisectoriel — un signal fort envoyé aux opérateurs, investisseurs et gouvernements.
Par ailleurs, l'un des temps forts du forum a été la session sectorielle sur l'eau, l'énergie et la mobilité. Le directeur général de l'AMDIE, Ali Seddiki, y a révélé un chiffre marquant : le Maroc prévoit la réalisation de 22 stations de dessalement d'eau de mer dans les prochaines années, dont plusieurs en partenariat avec des entreprises espagnoles. «Il ne s'agit plus simplement d'investissements ponctuels, mais d'une co-ingénierie des solutions face aux risques climatiques partagés», a-t-il expliqué.
Ahmed Nakkouch, vice-président de la Fédération de l'énergie, a, pour sa part, mis en avant les projets énergétiques structurants entre les deux pays, notamment en matière de gaz et d'hydrogène vert. Il a évoqué l'intérêt croissant de fonds d'investissement espagnols pour les hubs marocains, et la perspective d'un cadre commun pour le financement de projets verts.
Julián Núñez, vice-président de la CEOE, a quant à lui souligné le rôle moteur des entreprises espagnoles dans les infrastructures hydrauliques et de transport, évoquant les projets conjoints d'extension d'aéroports, de hubs logistiques et de réseaux ferrés. «Nous construisons ensemble l'ossature physique de la coopération stratégique maroco-espagnole».
Une transformation qualitative de la relation bilatérale
Dans un second panel dédié aux opportunités de coopération en Afrique et en Amérique latine, Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM, a mis en avant les atouts logistiques du Maroc, notamment ses ports Tanger Med, Nador West Med et le futur Dakhla Atlantique. «Ces infrastructures sont des relais pour une stratégie africaine offensive et inclusive», a-t-il déclaré, appelant à une mutualisation des investissements dans les hubs portuaires.
Narciso Casado, secrétaire permanent du CEIB, a évoqué l'importance du Maroc comme observateur stratégique dans les espaces ibéro-américains. «Le Royaume est désormais reconnu comme un partenaire crédible par les pays de l'Alliance du Pacifique. Il peut jouer un rôle majeur dans l'intégration triangulaire afro-hispano-américaine».
La rencontre a été clôturée par le ministre espagnol des Transports, Óscar Puente, qui a salué l'ambitieux plan d'investissements marocain dans les infrastructures. «Nos entreprises sont déjà présentes, et nous allons intensifier cette collaboration pour moderniser le réseau ferroviaire, aéroportuaire et maritime du Royaume».
Enfin, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a prononcé un discours dense et stratégique. Il a rappelé que «l'Espagne est un investisseur clé dans la chaîne de valeur industrielle marocaine» et a insisté sur l'ouverture nécessaire aux PME. «Ce partenariat doit bénéficier à tout le tissu entrepreneurial, pas seulement aux grands groupes». Akhannouch a aussi souligné la dimension géopolitique du tandem hispano-marocain.
«L'Espagne est une puissance européenne dans les énergies renouvelables. Le Maroc est un futur exportateur d'hydrogène vert. Ensemble, nous pouvons créer un corridor énergétique afro-européen, capable de redessiner les équilibres régionaux». Il a annoncé que plusieurs mémorandums de coopération seraient signés à la Réunion de haut niveau du lendemain, notamment dans les domaines agricole et halieutique. «Mais au-delà des textes, c'est une nouvelle méthode que nous consacrons : celle du partenariat d'action».
De fait, cette rencontre entrepreneuriale a confirmé la transformation qualitative de la relation entre les deux rives. Plus qu'un simple voisinage renforcé, c'est une interdépendance structurée, assumée, projetée à l'international. Les défis globaux en matière de sécurité alimentaire, transition énergétique, résilience logistique sont autant d'opportunités partagées. Les acteurs économiques, désormais au cœur du dialogue, sont appelés à structurer des écosystèmes durables, alignés sur les priorités gouvernementales.
Dans cette perspective, l'édition 2025 du forum apparaît comme un jalon clé. Elle marque la fin d'une phase de réchauffement et l'entrée dans celle de la construction. Une construction qui, si elle est bien accompagnée par des instruments financiers, des garanties juridiques et une diplomatie économique proactive, pourrait faire du tandem Rabat–Madrid un axe majeur de la nouvelle architecture économique euro-africaine.
Il faudra désormais traduire les engagements en contrats, les discours en investissements, les ambitions en projets. Le climat de confiance est là, la vision est partagée, les outils sont en place. À l'image de la forte participation de cette rencontre, les entreprises sont prêtes. Il appartient maintenant aux gouvernements de maintenir l'élan et d'accélérer l'exécution, car, comme l'a rappelé Aziz Akhannouch dans son discours de clôture , «l'histoire est en train de s'écrire. Et elle nous regarde».


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