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Domaine public maritime : Après les bulldozers, quelles options de réhabilitation ? [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 21 - 02 - 2024

Alors que les opérations de démolition des constructions bâties sur le domaine public maritime continuent et se propagent, se pose la question des arbitrages et vision pour le réaménagement.
Après les villages de pêcheurs du littoral de Chtouka-Ait Baha, les opérations de libération du domaine public maritime se sont étendues à d'autres régions du pays, confirmant ainsi l'ampleur inédite de ce qui se profile comme une vaste campagne d'assainissement foncier. « On croyait au début que cette opération concernait les villages de pêcheurs situés dans le périmètre du Parc National du Souss-Massa puisque ce territoire est une zone naturelle protégée », confie une ancienne habitante du défunt village de Tifnit. Les opérations qui se sont étendues à d'autres zones, au Nord d'Agadir, ont cependant démontré que la volonté de libérer le domaine public maritime va bien au-delà de quelques zones naturelles ou protégées. Ainsi, les pelleteuses et autres engins de démolition n'ont pas tardé à sévir à Imessouane, Dar Bouazza ou encore à Bouznika. Durant ce mois de février, la campagne s'est également exportée à la façade Nord du Royaume, avec des démolitions achevées et d'autres programmées au niveau des plages de Martil, Tanger et Nador.

Aménagement durable
Les propriétaires des constructions démolies n'ont pas manqué de manifester leur colère et consternation avec plus ou moins de vigueur. Si certaines plages « assainies » souffraient visiblement d'une urbanisation anarchique, d'autres anciens villages comme Tifnit et Imessouane avaient cependant un certain « cachet authentique » qui, pour certains, aurait dû être conservé. « Dans son avis adopté le 26 mai 2022 et intitulé « Quelle dynamique urbaine pour un aménagement durable du littoral ? », le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) n'évoque à aucun moment la nécessité de procéder à une libération sélective du domaine public maritime. Seule est soulignée l'urgence d'assainir la situation des constructions situées dans le domaine public maritime ou dans la bande des 100 m interdite à la construction, argumente une source proche du dossier, qui tient par ailleurs à souligner que « les démolitions se font en application de la loi et dans l'intérêt public avant toute autre considération ».

Modèle méditerranéen
Pourtant, certains modèles européens de politiques d'aménagement du littoral proposent d'autres alternatives à l'approche qui consiste à raser toutes les constructions bâties sur le domaine maritime sans distinction. En témoignent les partis pris historiques de plusieurs pays méditerranéens comme le Portugal, la France et la Grèce, qui ont capitalisé sur des hameaux et villages de pêcheurs pour développer des destinations touristiques « authentiques » (voir article ci-contre). « Ce qui est fait est fait. Les villages côtiers marocains que nous aimions tant ne sont plus, et c'est une perte qui n'aura d'égal que de voir ces espaces bétonnés et aménagés sans respect de l'identité des lieux pour au final bénéficier à quelques happy few qui ont les moyens de profiter d'offres touristiques inaccessibles aux classes moyennes ou défavorisées », déplore l'ancienne résidente de Tifnit. La question qui se profile alors que les pelleteuses continuent de sévir concerne justement la vision des choix et orientations d'aménagement qui devraient se déployer au niveau des plages dont le foncier est désormais « libéré ».

Développement et valorisation
En l'absence d'annonces officielles des autorités concernées, l'avis du CESE concernant l'enjeu d'aménagement durable du littoral se présente comme une référence à prendre en considération pour l'avenir des villages côtiers du pays. Ainsi, le Conseil « plaide pour un aménagement durable du littoral dans le sens d'une urbanisation maîtrisée assurant un équilibre entre le développement, la préservation et la valorisation de cet écosystème. La concrétisation d'une telle vision permettra d'atténuer significativement les pressions croissantes sur cet écosystème vulnérable, de renforcer la résilience de ce milieu et de promouvoir l'effectivité des droits environnementaux ». A noter que durant l'élaboration de son rapport, 81% des participants ayant répondu au sondage lancé par le CESE sur l'urbanisation durable du littoral, ont soutenu la nécessité d'une réforme des politiques d'urbanisme et ont considéré la mesure comme « très importante ».

3 questions à Kenza Belahnech, ingénieure en écoconstruction « D'autres approches auraient pu être consenties »
* Suite à la démolition des constructions de plusieurs villages littoraux, plusieurs observateurs se sont interrogés sur le caractère patrimonial de ces sites. Quelle est votre perspective à ce sujet ?

- Je considère la patrimonialisation de l'architecture comme une démarche qui en soi peut faire l'objet de critiques. Cela dit, je pense que les autorités territoriales se devaient, avant de décider de la marche à suivre pour un réaménagement aussi drastique, de commissionner des personnes expertes afin de mener une étude approfondie des établissements humains de chaque zone concernée, tant sur le plan matériel qu'immatériel.

* Donc, vous estimez que certains villages auraient dû être totalement ou partiellement épargnés ?

- Certainement. Prenons l'exemple d'Imessouane. Les démolitions ont surtout visé des cabanons construits en bois, en moellons de pierre ou en parpaings/briques de terre cuite qui étaient soit sur un terrain plat à côté du port (côté Baie) ou en petites terrasses sur un site escarpé et dans une roche assez friable (côté Cathédrale). Ces aménagements ont été faits avec beaucoup d'ingéniosité, en auto-construction, avec des esthétiques très créatives sur des temps longs. Ils reflètent une dynamique locale originale impulsée par la récente évolution de l'écosystème humain. Ce dernier était composé de populations différentes, entre les habitants autochtones, pêcheurs, surfeurs et hôtes touristiques dont beaucoup d'étrangers (nationaux et internationaux) qui ont choisi de s'installer sur place et de s'engager dans une reconversion centrée sur les modes de vie liés principalement au surf. Cette mixité sociale et occupationnelle et la manière avec laquelle ces populations faisaient société auraient dû être valorisées et surtout pas détruites.

* Quelle serait l'approche à adopter, selon vous, pour réaménager les sites qui ont été détruits ?

- Le réaménagement devrait a minima prendre en considération le respect de l'environnement naturel et humain (ou de ce qu'il en reste) tout en veillant à ce que cette reconstruction ne soit pas au seul bénéfice des catégories sociales les plus aisées. Les populations déplacées devraient être dédommagées correctement et intégrées à la réflexion. Je maintiens que d'autres approches auraient pu être consenties afin de trouver des solutions aux problèmes que les décideurs attribuaient à la construction vernaculaire. Certaines des zones ciblées par ces démolitions sont assez isolées, un tourisme de masse y serait de toute façon néfaste pour l'équilibre des écosystèmes locaux. Il y avait moyen d'améliorer ce qui existait dans ces villages, de soutenir les petites structures de tourisme déjà existantes en écoutant les besoins des populations, tout en construisant les nouveaux projets à côté ou ailleurs.
Sondage : Les Marocains insatisfaits de l'aménagement du littoral
Pour élaborer son avis sur l'aménagement et l'urbanisation durables du littoral, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) avait effectué un sondage à travers la plateforme « ouchariko.ma ». Les interactions avec le sujet (un total de 16.281) ont fait ressortir globalement la perception des participants par rapport aux défis et aux enjeux du littoral, ainsi que les perspectives pour mettre en œuvre un aménagement durable et une urbanisation harmonieuse des zones côtières du Maroc. Ces résultats montrent qu'une grande majorité des participants (85%) est insatisfaite de l'état d'aménagement et d'urbanisation du littoral national. Quatre principaux facteurs - qui expliquent les dysfonctionnements au niveau de l'urbanisation des zones côtières - ont été identifiés par les participants : l'incohérence des politiques publiques (26%), le mode de gouvernance et la multiplicité des acteurs intervenants sur le littoral (26%), l'ineffectivité des documents d'urbanisme (23%) et la problématique du foncier (18%).
Méditerranée : Les villages de pêcheurs en destinations phares du tourisme
Au niveau méditerranéen, plusieurs pays ont fait le choix de capitaliser sur des villages de pêcheurs afin de les positionner en tant que destinations touristiques « authentiques ».
En Grèce, les villages de pêcheurs de la côte d'Eubée ont fait ainsi l'objet de mesures pour limiter l'urbanisation excessive et promouvoir le tourisme éco-responsable axé sur la découverte des modes de vie traditionnels.
En Italie, les villages de pêcheurs des Cinque Terre sont devenus des modèles de tourisme responsable à travers des initiatives pour limiter l'afflux massif de visiteurs, encourager la restauration des bâtiments historiques et promouvoir les pratiques agricoles traditionnelles.
Au Portugal, les villages de pêcheurs de l'Algarve et de la région de l'Alentejo sont également au cœur des politiques touristiques axées sur la durabilité. Des initiatives telles que le programme "Aldeias do Mar" (Villages de la Mer) ont été lancées pour préserver le mode de vie traditionnel des pêcheurs.
En France, les villages de pêcheurs de la Côte d'Azur et de la Bretagne bénéficient également d'initiatives de préservation et de développement touristique. À Saint-Tropez, par exemple, des mesures ont été prises pour limiter l'impact environnemental du tourisme de luxe tout en préservant le caractère pittoresque du village. Idem aux Calanques, situées près de Marseille, qui offrent un exemple emblématique de la façon dont les politiques touristiques sont mises en œuvre pour protéger les villages de pêcheurs et leur environnement naturel.


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