Les industriels marocains voient d'un mauvais œil l'indexation des prix des produits pétroliers. Une mesure qui était prise en septembre 2013 par le gouvernement Benkirane. Selon une très récente enquête du CMC (Centre Marocain de Conjoncture), réalisée auprès d'un échantillon représentatif des industriels marocains, 56% des chefs d'entreprises du secteur jugent que cette décision, prise en catimini, est en effet inefficace. En détail, 44% des sondés déclarent être très préoccupés contre 47% moyennement préoccupés. Ils s'accordent tous à dire (85%) cependant que cette mesure ne manquera certainement pas à avoir des retombées néfastes aussi bien sur les prix, la production et la compétitivité que sur les conditions de vie des ménages. L'enquête fait montrer à cet égard que 83,3% des industriels interrogés considèrent que la décompensation des prix des carburants n'est positive que pour le budget de l'Etat et 78,6% d'entre eux pensent qu'elle n'est pas favorable aux entreprises. Aussi, 45,7% des industriels questionnées pensent que la décompensation des produits énergétiques sera défavorable aux ménages et 26,1% la jugent même très défavorable. Pour rappel, Habib El Malki, président du CMC, avait déjà estimé, dans un entretien accordé en septembre 2013, que cette mesure (indexation des prix des produits pétroliers) est « un retour au système qui a été pratiqué jusqu'à la fin des années 1990. Il a été abandonné parce que la mise en œuvre posait beaucoup de problèmes. La maîtrise des prix des produits pétroliers est problématique puisque ses déterminants sont d'ordre géopolitique. Aujourd'hui, la tendance lourde des prix des produits pétroliers est à la hausse. La fluctuation est toujours à la marge et souvent saisonnière soit sous l'effet d'une diminution des stocks quand l'hiver est très rude ou en raison des conflits dans les régions productrices du pétrole, comme c'est le cas actuellement ». Pour lui, cette mesure risque de pénaliser l'entreprise marocaine à un moment où la compétitivité de l'économie recule aussi bien dans les classements régional et mondial ». Pour rappel, le Haut Commissariat au Plan (HCP) a déjà fait, à son tour, une simulation d'impact de cette mesure sur l'économie marocaine. Comme le CMC, le HCP conclut que l'indexation des prix des produits pétroliers « améliorerait le solde budgétaire de l'Etat et se traduirait, à l'exclusion de toutes éventuelles mesures d'accompagnement, par une hausse des prix intérieurs, une baisse de la demande intérieure, et par conséquent une baisse du Produit Intérieur Brut (PIB) ». C'est ainsi que le solde budgétaire enregistrerait une amélioration de 0,18 point en pourcentage du PIB en 2013 et de 0,58 en 2014. Les prix intérieurs s'accroîtraient, pour leur part, de 0,37% en 2013 et de 1,10% en 2014. La consommation des ménages en volume serait en baisse de 0,29% en 2013 et de 0,92% en 2014 et l'investissement de 0,26% et de 0,91% respectivement. Le PIB perdrait, quant à lui, près de 0,15% en 2013 et de 0,48% en 2014 et l'emploi connaîtrait des pertes évaluées à 4810 postes en 2013 et à 15790 en 2014. Par ailleurs, la baisse de la demande intérieure se traduirait par un recul des importations en volume de l'ordre de 0,34% en 2013 et de 1,13% en 2014. Les exportations de leurs côté, sous l'effet de la hausse des prix intérieurs, connaîtraient une baisse, de moindre ampleur que les importations, d'environ 0,11% en 2013 et de 0,40% en 2014. A cet effet, le solde commercial serait en amélioration de 0,11 point en pourcentage du PIB en 2013 et de 0,38 en 2014. Un arrêté du chef du gouvernement créant ce système d'indexation a été publié au Bulletin Officiel (n°6182) du 29 août 2013.