Edition : Présentation de « Ne mange pas ce livre, Mali, Mauritanie, Maroc, les enjeux des manuscrits au Sahara » Présentation de « Ne mange pas ce livre, Mali, Mauritanie, Maroc, les enjeux des manuscrits au Sahara » Manuscrits sahariens en péril L'Institut Français de Casablanca, en collaboration avec les Editions La Croisée des Chemins (Casablanca), a présenté mercredi 1er octobre à partir de 19h30, au Théâtre 21, la collection « Le Royaume des idées » dirigée par Driss C. Jaydane, de formation philosophe et politologue, auteur de romans et d'essais. Il s'agit d'une nouvelle collection de débat d'idées qui se décline comme une carte blanche pour des auteurs qui y abordent des thèmes leur tenant à cœur. Trois ouvrages déjà publiés : « Parole ouverte » de Driss C. Jaydane, « Errances critiques » de Driss Ksikès, écrivain et journaliste, et « Comment les jeunes changent nos vies » de Jalil Bennani, psychiatre et psychanalyste. La rencontre a été l'occasion aussi de présenter le dernier ouvrage de la collection « Ne mange pas ce livre, Mali, Mauritanie, Maroc, les enjeux des manuscrits au Sahara » en présence de l'auteur. Il s'agit d'un livre d'entretiens avec Romain Simenel, ethnologue, chercheur au sein de l'Institut de recherche pour le développement. L'auteur vit et travaille entre le Maroc et la France. Les entretiens sont réalisés par Murtada Calamy, cofondateur de la collection « Le Royaume des idées ». Romain Simenel est notamment auteur de « L'origine est aux frontières : les Aït Ba'amrane, un exil en terre d'arganiers », CNRS Editions, Paris 2011. L'idée de ces entretiens c'est d'évoquer la richesse culturelle inestimable incarnée par les manuscrits anciens du Sahara. Ceux-ci résultent d'une culture séculaire autour de la circulation du savoir et la diffusion de la spiritualité musulmane. C'est aussi l'occasion de rappeler l'Histoire mouvementée d'une région jadis relativement paisible, celle du Sahara malien où, depuis les années 1990, ce véritable héritage culturel, bien enraciné dans les mœurs des tribus sahariennes, a subi les contrecoups de l'actualité de la guerre et en particulier à Tombouctou, grand centre de concentration de manuscrits anciens qui a toujours eu des relations étroites avec le Maroc. En plus de dangers que peuvent courir des livres manuscrits en tombant entre les mains d'extrémistes religieux, farouches adversaires des écrits du soufisme trop tolérant à leur goût, il y a eu récemment des trésors de manuscrits emportés par des réfugiés dans leurs bagages. Débarqués sans ressources et sans abri dans la frontière mauritanienne, ils sont contraints de les céder en les vendant aux plus offrants, juste pour se nourrir. Les trafics de vieux manuscrits ne datent pas d'aujourd'hui. Mais ils auraient pris de l'ampleur avec la crise malienne, accentuant un mouvement de prédation qui existait déjà pour alimenter des bibliothèques de collectionneurs privés ou se retrouver dans des salles de ventes aux enchères internationales. Que d'œuvres manuscrites de grande valeur ont disparu pour se retrouver à Genève, Londres ou aux Etats-Unis. Des solutions plus appropriées contre ces prédations pour sauvegarder ces trésors de culture doivent être trouvées. Dans ces fonds manuscrits souvent rattachés à des bibliothèques appartenant à des familles et des zaouias, on trouve aussi bien des Corans avec enluminures datant de plusieurs siècles, conservés grâce à des poudres végétales utilisées contre les insectes bibliophages, que des études d'exégèses islamiques, livres de grammaire, de la poésie, de l'Histoire, de l'astronomie, etc. Selon l'auteur qui a côtoyé de près, notamment au Sahara marocain, des conservateurs de ces bibliothèques familiales soucieux de préservation de cet héritage, il y a lieu d'aider les familles qui détiennent ces trésors pour les conserver, les restaurer et les transmettre.