Le Maroc figure en tête des pays arabes en matière de transition démocratique, tant au niveau des institutions que dans la mise en application des textes, selon l'Index de démocratie arabe 2009-2010, un baromètre de l'état de la démocratie dans le monde arabe, présenté lundi à Paris. Pierre angulaire du rapport "Etat de la Réforme dans le Monde Arabe" 2009-2010, ce baromètre suit le statut de la démocratie dans 10 pays (Maroc, Algérie, Egypte, Arabie Saoudite, Jordanie, Koweït, Liban, Palestine, Syrie et Yémen) par la collecte et l'analyse de données portant sur quarante indicateurs liés au processus de transition démocratique. S'agissant du classement général, le Maroc vient en deuxième position, soit la même que l'année dernière avec un score de 601 points (sur 1000), non loin de la Jordanie qui occupe la première place (620), d'après les critères de cet indicateur de l'Initiative Arabe de Réforme, un réseau unique de centres de recherche et d'instituts d'études politiques arabes indépendants. Mais, "si l'on tient compte de la durabilité et de l'irréversibilité des réformes entreprises, le Maroc arrive largement en tête", a souligné Mme Bassma Kodmani, directrice exécutive de l'Initiative Arabe de Réforme. Même appréciation du professeur Abdallah Saaf, président du conseil d'administration de ce réseau, qui confirme que le Maroc se détache par rapport aux autres pays de la région arabe en matière de réduction de l'écart entre les textes existants et l'application de ces derniers. Selon lui, ce document confirme également les conclusions d'autres rapports d'institutions européennes et internationales, dont ceux relatifs à la politique européenne de voisinage et au dernier rapport du PNUD, soulignant les avancées du Maroc sur les questions des libertés et des réformes politiques, de la promotion des droits de l'homme et du processus de démocratisation. Du côté du Conseil de l'Union européenne, M. Christian F. Jouret rappelle que l'octroi du statut avancé au Maroc s'est basé sur des critères qui se rapprochent de ceux retenus par le rapport, en particulier le degré d'écart entre la mise en place de textes et d'institutions et leur fonctionnement. L'étude comporte quarante indicateurs qui évaluent quatre principes essentiels liés au processus de démocratisation: "des institutions publiques fortes et responsables", "le respect des droits et des libertés", "la primauté de la loi", et "l'égalité et la justice sociale". Dans le domaine de la primauté de la loi, le Maroc affiche un score largement supérieur à la moyenne arabe avec 807 points contre 614 en moyenne dans l'ensemble de la région. De même, ses scores sur le plan institutionnel (633 points) et de respect des droits et des libertés (558 points) dépassent les moyennes arabes en la matière, soit respectivement 558 points et 510 points. Les indicateurs sélectionnés mesurent les enjeux politiques, économiques et sociaux au quotidien, et recouvrent l'ensemble du processus décisionnel démocratique. Sur la base de ces critères, l'Egypte vient en troisième position (596 points), après la Jordanie et le Maroc, suivie du Liban (583 points), de l'Algérie (570 points) et du Koweït (553 points). La Palestine arrive en septième position avec 506 points, talonnée par la Syrie (461 points), le Yémen (457 points) et l'Arabie saoudite (402 points). "Il existe un écart de mesure considérable entre les moyens et les pratiques de la transition démocratique, un phénomène qui est clairement mesuré et décrit par l'Index", explique Khalil Shikaki, rédacteur principal du rapport et Directeur du Palestinian Center for Policy and Survey Research. Le rapport estime qu'un changement véritable nécessite une transformation dans trois domaines: "la législation et un processus électoral intégrant tous les secteurs de la société, et libres de toute discrimination", "l'élaboration de systèmes fiscaux basés sur une taxation progressive et une répartition équitable des richesses" et "l'instauration d'un système d'éducation reposant sur des bases morales et sociales solides".