Avec le Roi Mohammed VI, le ton est donné dès les premiers mots. Ses discours ne sont jamais de simples bilans, ils ne s'arrêtent pas sur le passé, ils dessinent l'avenir. Celui du 26e anniversaire de la Fête du Trône, dense et stratégique, a cette double force singulière. Il ferme un cycle, en ouvre un autre et, surtout, il fixe un cap avec la clarté d'un phare dans la nuit. De fait, le Maroc entre dans une nouvelle phase de son développement et entend le faire en acteur régional majeur, à la fois stable à l'intérieur et ouvert à l'extérieur. Dans cette adresse, il y a moins de chiffres que de certitudes, moins de célébration que de vision. Depuis vingt-six ans, le Royaume a changé de visage. Ce discours n'en est pas seulement le reflet, il en est la preuve vivante. Les acquis ne sont pas récités comme un inventaire mais ils sont érigés comme la signature d'une stratégie mûrie, d'une ambition assumée et d'un choix de civilisation. Dans ce sens, le Roi ne parle pas d'émergence comme d'un slogan. Il la raconte comme une réalité bâtie sur des fondations solides : une économie qui résiste aux secousses mondiales, un tissu industriel qui s'impose dans les secteurs stratégiques ( automobile, aéronautique, énergies renouvelables ), et une diplomatie économique qui fait du Royaume un trait d'union entre continents. Mais derrière la force des faits, il y a la marque de fabrique du Souverain : l'audace stratégique alliée à une lucidité sociale. Il ne se cache pas derrière les réussites, au contraire, il les expose tout en martelant l'essentiel : un Maroc à deux vitesses n'a pas droit d'existence. Et c'est là que le discours bascule de l'énoncé à l'engagement. LIRE AUSSI : S.M. le Roi Mohammed VI, un règne de projection nationale et mondiale Là où d'autres auraient célébré, lui exige. Là où certains auraient clos, il ouvre. Ce n'est donc pas un texte commémoratif, mais c'est plutôt un manifeste. Un manifeste qui dit que les prochaines années ne seront pas seulement celles de la croissance mais celles de l'équité ; que les infrastructures ne valent que si elles portent la dignité ; que la souveraineté économique n'a de sens que si elle s'accompagne de justice territoriale. Il faut bien le dire : avec le Roi Mohammed VI, les discours ne se contentent pas de parler, ils ouvrent des chemins Un discours qui exige plus qu'il ne célèbre Derrière la fierté, il y a cette exigence qui donne au discours une densité rare et une profondeur particulière. Le Roi le dit avec des mots lourds de sens : « Un Maroc à deux vitesses n'a pas sa place, ni aujourd'hui ni demain. ». Ces mots claquent comme une injonction, presque comme un serment. Oui, la pauvreté a reculé. Oui, le Royaume a franchi le seuil du « développement humain élevé ». Mais ces réussites ne suffisent pas à masquer les fractures qui persistent. Ce constat n'est pas une confession mais c'est un ordre de marche. Le Souverain met ainsi au centre ce qui fonde un pays : non pas seulement la force de son économie, mais la justice qui lie ses territoires et ses citoyens. La croissance n'a de sens, martèle-t-il, que si elle se traduit en équité sociale et spatiale. Derrière la baisse des indicateurs de pauvreté, il y a l'urgence d'un équilibre. Aucun progrès n'est véritable tant qu'il n'est pas partagé. Cette posture marque un tournant. On passe alors du Maroc des grands chantiers d'infrastructures à celui de l'équité territoriale. C'est une autre révolution silencieuse, mais tout aussi stratégique. Le Souverain trace une nouvelle carte : un développement intégré où chaque région, chaque village, n'est plus un simple spectateur mais un acteur et un bénéficiaire de la croissance. L'eau, l'emploi, l'éducation, la santé … ce ne sont pas des rubriques mais des piliers. Les nommer ainsi, c'est bâtir une politique au sens noble qui s'enracine dans la dignité humaine avant de se déployer en chiffres et en projets. Et dans cette feuille de route, la méthode est aussi claire que le cap. La stabilité institutionnelle demeure le socle. À un an des législatives, l'exigence Royale de préparer un Code général des élections n'est pas un détail technique mais un avertissement subtil et élégant. C'est un rappel que la démocratie n'est pas un rendez-vous électoral, mais une architecture qui se prépare et se construit pierre après pierre. Un discours où la diplomatie devient identité Et puis, il y a ce fil rouge qui traverse chaque Fête du Trône, cette dimension régionale et diplomatique qui ne relève plus de la tactique mais de l'ADN du règne. La main tendue à l'Algérie n'est plus un simple geste politique mais c'est devenu un marqueur identitaire. Elle porte une conviction intime et presque organique que les peuples marocain et algérien sont deux rameaux d'un même arbre, enracinés dans la même terre, nourris de la même mémoire. Or dans un Maghreb fracturé, cette constance résonne comme une rareté. Là où d'autres dressent des murs, le Roi érige des ponts. Là où les rancunes figent l'histoire, il rappelle que la géographie et le sang ont des droits plus anciens que les querelles politiques. En tendant encore une fois la main à l'Algérie, le Roi Mohammed VI ne parle pas seulement à un Etat, il parle à un peuple frère, et, ce faisant, il place le Maroc en moteur naturel d'une réconciliation régionale que beaucoup croyaient impossible. Par ailleurs, la question du Sahara est abordée avec cette fermeté tranquille qui dit tout. Ce n'est plus un combat défensif, c'est désormais un acquis consolidé. Le soutien croissant de pays majeurs comme le Royaume-Uni et le Portugal n'est pas cité comme un trophée, mais comme la preuve que la diplomatie marocaine a su accomplir un exercice rare, celui de transformer le droit en légitimité, et la légitimité en consensus. Cette double adresse, à l'Algérie et à la communauté internationale, donne au discours une profondeur géopolitique claire. Le Maroc parle à ses voisins pour bâtir la paix, et au monde pour asseoir sa souveraineté. LIRE AUSSI : Sahara marocain : S.M. le Roi salue le soutien international à la Proposition d'Autonomie Et puis, comme un sceau final, ce verset coranique : « Celui qui les a nourris contre la faim et les a rassurés contre la peur. » Ce n'est pas une simple conclusion pieuse, c'est une équation politique et humaine. Tout est là : nourrir par le développement, rassurer par la stabilité. Prospérité et sécurité comme deux piliers d'un même projet, celui d'un Maroc qui se construit de l'intérieur et rayonne vers l'extérieur. Ce passage du discours n'est pas diplomatique, il est existentiel. Parce qu'au-delà des frontières et des résolutions, il affirme ce que le Maroc veut être … un pays qui unit là où d'autres divisent, qui bâtit là où d'autres détruisent, et qui tend la main même quand le silence répond. Un discours-charnière qui ferme une ère et en ouvre une autre Ce discours n'est ni un simple bilan ni un vœu pieux. C'est un texte qui tranche, qui dessine une ligne de fracture entre ce qui a été et ce qui doit venir. Un discours-charnière, un appel clair à refermer l'ère des grands chantiers pour entrer dans celle de la justice territoriale et sociale. Pendant ces premiers vingt-six ans, le Maroc a bâti les fondations d'un pays émergent, solide et ambitieux. Aujourd'hui, l'heure est venue de bâtir autre chose, en plus de la puissance, l'équilibre et à côté de l'infrastructure, l'équité. En filigrane, c'est un message adressé au monde entier. Le Maroc n'est plus seulement ce partenaire économique et sécuritaire fiable que l'on sollicite. Il veut être perçu pour ce qu'il devient à savoir un pays émergent qui assume sa vocation de trait d'union géopolitique et de modèle de stabilité dans une région en tension. Ce discours n'est pas un simple exercice rituel, c'est une feuille de route, une carte que le Roi trace avec lucidité sur les défis internes et une confiance presque tranquille dans les atouts du Royaume. Le signal envoyé aux partenaires est limpide : le Maroc est prêt à jouer dans la Cour des nations émergentes, avec une vision longue, une diplomatie agile et un projet de société qui ne laisse plus personne en marge. Force donc est de souligner que la force de ce discours réside dans sa capacité à conjuguer puissance économique et exigence sociale, souveraineté nationale et ouverture régionale, mémoire historique et projection stratégique. C'est une promesse d'avenir, et surtout, une promesse tenue à voix haute : le Maroc ne se contentera pas d'être fort, il sera juste. Et avec le Roi Mohammed VI, on le sait d'avance : Quand il trace une route, c'est que le Maroc est déjà en marche…