La Commission européenne a validé jeudi la mise sur le marché du Kisunla, un médicament à base de donanemab développé par le groupe américain Eli Lilly. Ce traitement vise les formes précoces d'Alzheimer, notamment les troubles cognitifs légers et les premiers stades de démence. Son autorisation s'inscrit dans la lignée de celle du Leqembi (lecanemab), produit par Biogen et Esai, déjà approuvé fin 2024 par l'UE. Cependant, comme pour son prédécesseur, le feu vert est assorti de fortes restrictions : le Kisunla ne pourra être prescrit qu'aux patients débutant la maladie, et à condition qu'ils ne présentent pas certaines mutations génétiques augmentant le risque d'effets secondaires graves. Entre espoirs thérapeutiques et prudence médicale Les traitements comme le Kisunla et le Leqembi incarnent une nouvelle génération de médicaments promettant de ralentir le déclin cognitif. Après des décennies d'impasses scientifiques, leurs résultats lors des essais cliniques ont suscité un regain d'espoir. Néanmoins, l'enthousiasme est tempéré : l'effet observé reste modeste, et certains spécialistes doutent de son impact réel sur la qualité de vie des malades. En parallèle, les risques ne sont pas négligeables. Des effets secondaires sévères ont été documentés, notamment des hémorragies et des œdèmes cérébraux, parfois mortels. Un cadre d'accès inégal selon les pays L'approbation européenne ouvre désormais la voie aux Etats membres pour décider du remboursement du traitement. En France, les autorités ont récemment estimé que le Leqembi ne justifiait pas une procédure accélérée pour sa prise en charge, tout en gardant la porte entrouverte à une réévaluation future. De leur côté, le Royaume-Uni a validé l'usage de ces médicaments, mais sans remboursement, invoquant un rapport coût-efficacité défavorable. Aux Etats-Unis, l'autorisation est en vigueur, mais l'accès dépend essentiellement des politiques des assurances privées. LIRE AUSSI : Alzheimer: Un traitement à la lumière LED redonne espoir Si l'arrivée du Kisunla marque un tournant symbolique dans la lutte contre Alzheimer, son déploiement reste entouré de précautions. Entre espoirs cliniques et vigilance sanitaire, la communauté médicale et les autorités de santé avancent avec prudence sur un terrain encore semé d'incertitudes.