Tanger: Mise en service officielle du nouveau parc de transport urbain    Attentat antisémite de Sydney. Le monde condamne    CDM Handball Féminin : la Norvège reprend son trône mondial    Province de Safi : Sept morts suite à des pluies torrentielles et des inondations exceptionnelles (Autorités locales)    Pluies torrentielles et inondations dévastatrices à Safi    "La mer au loin" remporte le Grand Prix du 21è Festival international Cinéma et Migrations    Nucléaire au Maroc : Un levier économique stratégique au service de la compétitivité durable et de la souveraineté nationale    ZLECAf : Rabat booste ses partenariats africains    ZLECAf : Bouée de sauvetage pour l'Afrique    Prolongation du délai de dépôt des candidatures au programme « Video Game Creator » jusqu'au 21 décembre    Agropole du Loukkous : El Bouari inaugure le Qualipôle Alimentation    Stade Moulay El Hassan : Les VRD confiés à SGTM pour 305 MDH    Tanger : Les études sectorielles autour de la gare TGV et de Sania-Est approuvés    Aziz Akhannouch : « Notre parti n'attend pas les élections pour investir le terrain »    Un coup fatal porté au régime algérien : proclamation de l'indépendance de la République de Kabylie depuis Paris    Trois Américains tués en Syrie: Trump promet des représailles    Le Brésil se félicite de la levée des sanctions américaines contre le juge chargé du procès Bolsonaro    La France durcit les conditions de délivrance de certains titres de séjour    Kordofan/Soudan: 6 Casques bleus tués et huit autres blessés dans des attaques de drones    USA : Trump admet le risque d'une défaite aux législatives de mi-mandat 2026    Sydney : une célébration juive tourne au drame, 12 morts    Les députés RNI énumèrent les réalisations du gouvernement    La finale de la Coupe intercontinentale opposera le PSG au Flamengo    CAN 2025 : la CAF et le LOC s'engagent à offrir les meilleures conditions de travail aux médias    CAN 2025 : 24 camps de base, une première dans l'histoire de la compétition    The Best FIFA football Awards: Remise des prix le 16 décembre à Doha    Maroc – EAU : les Lions de l'Atlas en mission pour atteindre la finale    CAN 2025 : Aït Boudlal fier de figurer dans la liste finale des Lions de l'Atlas    CAN 2025 / J-8 : Le Maroc met ses chefs d'œuvre infrastructurels au service de l'Evènement    Zidane : «L'Oriental possède un potentiel exceptionnel d'investissement et de production»    La gauche radicale palestinienne s'aligne sur les positions algériennes hostiles au Maroc    Éducation : logement de fonction obligatoire à tous les directeurs d'établissements    Merzouga : la gendarmerie porte secours à deux touristes espagnols emportés par les crues    Hilale: La coopération Sud-Sud, un axe stratégique de la Diplomatie Royale    MAGAZINE - Jaylann : fée et gestes    Patrimoine culturel immatériel de l'Unesco : 67 nouvelles inscriptions    Lahcen Saadi : « L'identité amazighe est chère à tous les Marocains »    Après les révélations d'Elmahdaoui, Younès Moujahid écarté du bureau politique de l'USFP    Tras las revelaciones de Elmahdaoui, Younès Moujahid fue apartado del buró político de la USFP.    CoSPAL : l'Afrique revendique un siège permanent au CS et réaffirme son attachement à l'intégrité des États    Alerte météo : chutes de neige et fortes pluies de samedi à dimanche dans plusieurs régions    Omar Hilale : la coopération Sud-Sud, un axe stratégique de la diplomatie royale    Casablanca accueille le Winter Africa by WeCasablanca    Métaux lourds : Le poison discret des sociétés modernes    Le Parc national de Dakhla : Un sanctuaire écologique et un levier de développement durable    Après l'inscription du caftan, nouveau succès du Maroc à l'UNESCO    Le Royaume consolide sa diplomatie culturelle à l'international    Colloque international à Rabat – Lire le sacré : Enjeux géopolitiques de l'exégèse    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Leïla Slimani, sa grand-mère et les nôtres…
Publié dans Maroc Diplomatique le 26 - 10 - 2025

Elle est devenue experte dans l'art de parler d'un pays qu'elle ne connaît plus qu'à travers ses souvenirs d'enfance et les récits de seconde main. Sur chaque plateau télé, Leïla Slimani manie la formule comme d'autres manient la mise en scène : avec l'assurance de celle qui sait que son auditoire raffole de l'exotisme bien emballé. Son Maroc n'est pas le Maroc réel, c'est un Maroc de studio, calibré pour séduire les oreilles occidentales en mal d'Orient parfumé, d'épices et de passions contenues.
Lorsqu'elle déclare que « le rapport à la vengeance, notamment chez les femmes marocaines, est quelque chose d'important » et cite sa grand-mère comme modèle de philosophie vengeresse, elle ne livre pas une vérité. Elle vend un cliché. Derrière la belle phrase se cache la paresse du raccourci, celle qui transforme une anecdote intime en thèse universelle. Ce n'est plus de la littérature, c'est du folklore pour lecteurs pressés. Peut-être confond-elle tout, dans sa tête. Il n'y a chez elle qu'un fil ténu entre la réalité et la fiction, entre ce qu'elle imagine et ce qu'elle croit savoir. Mais le Maroc, lui, ne se prête pas à ce genre de confusion. Il est trop vivant, trop multiple, trop ancré pour se réduire à une phrase bien tournée.
Car que sait-elle, au fond, des femmes marocaines ? Celles qui se lèvent à l'aube, qui travaillent, qui élèvent, qui prient, qui rient malgré tout, qui avancent sans fracas. Des femmes qui ne se vengent pas, parce que la vengeance suppose le luxe du temps et de l'amertume, deux choses qu'elles n'ont jamais pu se permettre. Elles réparent, elles reconstruisent, elles pardonnent. Elles tiennent debout sans slogans ni aphorismes. Chez nous, au Maroc, le vrai, on dit : « Ne sois pas rancunier, Dieu pardonne. » Voilà la seule leçon transmise de mère en fille, la seule « philosophie » vraiment marocaine.
LIRE AUSSI : Monsieur Tebboune, l'Histoire vous rattrape depuis le Sahara !
Sa grand-mère, si elle a vraiment prononcé cette phrase, était peut-être une femme fantasque, romanesque à souhait. Mais dans la mémoire collective marocaine, la grand-mère n'est pas synonyme de rancune. Elle est douceur, prière, bénédiction. Elle console, elle rassemble, elle réconcilie. Elle n'enseigne pas la vengeance mais plutôt la patience. Ce n'est pas une prêtresse de la rancune, mais la gardienne de la paix domestique.
Il faut dire que celle qui se permet ces généralisations a grandi loin des ruelles, loin du dialecte quotidien, loin du Maroc réel et rugueux. Elevée dans la bourgeoisie feutrée, puis expatriée dans les salons parisiens, elle observe le pays de ses parents avec la distance d'une touriste sentimentale. Ce Maroc-là n'a ni poussière ni dialecte, il se raconte en français poli, dans des phrases bien pesées qui sentent la recherche d'un prix littéraire plutôt que d'une vérité.
À force de parler de ce pays comme d'une fable, elle l'instrumentalise. Elle l'étale comme une matière première, un décor de roman ou un alibi identitaire. Elle en extrait ce qui brille, ce qui choque, ce qui plaît. Le reste – la complexité, les contradictions, la dignité tranquille des femmes – passe à la trappe. Le Maroc ne lui est pas hostile, à coup sûr, il lui est simplement étranger. Elle le regarde comme on regarde un souvenir, avec une tendresse confuse et une méconnaissance absolue. Ce qu'elle croit décrire, elle l'invente. Ce qu'elle croit dénoncer, elle le déforme. Et à chaque sortie médiatique, c'est le même rituel, le même ton docte, la même posture de témoin éclairé, la même gourmandise pour l'exotisme qu'elle prétend critiquer.
Mais qu'elle se le tienne pour dit : les femmes marocaines n'ont pas besoin d'être vengées ni représentées. Elles existent, simplement. Dans leur force, leur pudeur, leur humour, leur endurance. Elles ne sont ni le produit de sa nostalgie ni les héroïnes de ses romans. Et si vengeance il y a, c'est celle de continuer à vivre dignement, malgré tous les discours qui les réduisent à des caricatures vendables.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.