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La cité de Mazagan, une certaine idée de la coexistence interreligieuse au Maroc
Publié dans Yabiladi le 11 - 06 - 2025

Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2004, la cité portugaise d'El Jadida illustre une partie de l'Histoire de la coexistence interreligieuse dans l'espace urbain au Maroc, grâce à ses repères conservés. Entre lieux de culte juif, chrétien et musulman, ce triangle du vivre-ensemble s'incarne en effet dans la médina, témoignant d'une diversité que les habitants ont longtemps associée à la vie quotidienne.
Dans le même espace urbain en intra-muros, la cité portugaise d'El Jadida est l'une des illustrations de la coexistence interreligieuse, indissociable du lieu de vie quotidienne qu'est la médina, comme c'est le cas dans les citadelles de Casablanca et de Tanger. En effet, Mazagan a vu naître l'église paroissiale portugaise Notre-Dame-de l'Assomption au XVI siècle, par le fait de la présence ibérique. Plus loin, la chapelle de Saint-Sébastien deviendra ensuite une galerie d'art, avoisinant les nombreuses synagogues du Mellah, le quartier juif où Amiel a été le premier lieu religieux, construit en 1860 près de l'église espagnole.
C'est en ce XIXe siècle que sera également érigée, à proximité, la plus ancienne mosquée de la ville, Al-Masjid Al-âtiq. Ce repère musulman boucle ainsi ce qui aura été un triangle du vivre-ensemble, reconnaissable dans d'autres médinas côtières, à l'image de celle d'Anfa avec son église et sa mosquée historiques, ainsi que ses synagogues au-delà du Mellah. A Mazagan, le minaret est construit sur l'ancienne Torre de Rebate qui a fait partie de la Citerne portugaise, marquant une continuité dans l'espace et le temps.
Une installation au temps de la colonisation portugaise
Ce dernier repère historique, la Citerne, a permis de conduire les eaux à travers la citadelle, grâce à un système de canalisation innovant. Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2004, ce qui est devenu la médina d'El Jadida a ainsi conservé ses infrastructures, mais aussi ses repères séculaires, qui relatent des siècles d'Histoire depuis la première installation des Portugais sur le site de Mazagan, en 1502.Eglise Notre-Dame-de l'Assomption à El Jadida
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Pour la royauté lusitaine, les XVe et XVIe siècles sont en effet une période charnière. C'est le temps des explorations maritimes européennes et de la conquête de territoires, de l'autre côté de la Méditerranée et de l'Atlantique. La péninsule ibérique vit ses dernières années du califat d'Al-Andalus, qui connaît sa chute avec la fin de la Reconquista en 1492. Pendant ce temps, armées portugaise et espagnole multiplient les missions militaires, en Afrique du Nord et jusqu'en Amérique. Dans ce contexte, Mazagan est mise sous le protectorat de la couronne portugaise en 1486.
La cité a d'abord connu une construction unique qu'est la tour El-Brija. Ensuite, la citadelle sera construite dès 1514, obéissant à une conception des frères Francisco et Diogo de Arruda, qui travailleront également sur les fortifications d'autres médinas marocaines, où ils laisseront leur marque de fabrique. Après la perte d'Agadir, en 1541, les Portugais capitalisent davantage sur Mazagan pour en faire leur chef-lieu, avec bâtiments, installations militaires et fortifications.
C'est à cette même période que Louis de Loureiro sera fait gouverneur de la forteresse, entre 1541 et 1548, après avoir servi à Ceuta et à Mogador. La conception de l'ouvrage urbain est confiée à une équipe d'ingénieurs et d'architectes, dont le Portugais Joao Ribeiro, l'Espagnol Juan Castillo et l'Italien Benedetto di Ravenna qui érigent notamment des ensembles religieux. L'édification de Notre-Dame-de l'Assomption commence en 1514, pour être achevée en 1517.
À la fin du XVIe siècle, l'espace urbain intérieur des fortifications compte quatre églises et de nombreuses chapelles. Dans un schéma qui évoque l'esprit de la Reconquête avec l'expulsion des juifs et des musulmans d'Al-Andalus, Mazagan est cependant dépourvue de toute synagogue ou mosquée, tout au long de l'occupation portugaise qui aura duré deux siècles et demi.
Synagogue de Mazagan
Ce n'est qu'à la fin de l'année 1769 qu'un traité de paix est signé avec le sultan alaouite Sidi Mohamed Ben Abdellah (1757 – 1790). Les Portugais quittent alors les lieux, mais en minant l'entrée principale du fort. A l'arrivée de l'armée marocaine, cet accès stratégique explose en faisant beaucoup de morts. Le bastion du gouverneur et une grande partie du rempart sont détruits. La citadelle en reste un champ de ruines, vidé pendant près d'un demi-siècle au cours duquel elle est appelée «al-Mahdouma» (la ruinée).
Une reconstruction plus inclusive après la colonisation portugaise
Cet arrêt brutal de la vie à Mazagan après la colonisation fournit des éléments qui expliquent en grande partie les raisons de l'édification tardive des autres lieux de cultes. Au milieu du XIXe siècle, c'est le sultan Moulay Abderrahmane (1822 – 1859) qui donnera ses ordres pour relever les fortifications détruites et restaurer les autres parties de la citadelle. L'appellation lusitaine de la ville est alors interdite, laissant place à «El Jadida», la cité «nouvelle» qui renaît littéralement de ses cendres.
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Les fortifications sont alors dotées de quatre bastions : l'Ange à l'est, Saint-Sébastien au nord, Saint-Antoine à l'ouest et Saint-Esprit au sud. Du fait des interactions culturelles et architecturales au cours des siècles précédents, illustrées dans le bâtiment à Al-Andalus, ainsi que la combinaison des usages arabo-musulmans, ibériques et chrétiens dans la construction, outre l'apport du style mudéjar, la citadelle a cette particularité d'incarner l'ensemble de ces influences comme un tout qui ne connaît pas de cloisons.
Malgré le départ des Portugais, les lieux de culte n'ont en effet pas été détruits. Comme dans d'autres médinas, ils ont été conservés ou transformés. La chapelle de Saint-Sébastien a ainsi servi de synagogue, se dressant en symbiose avec les autres repères religieux de cet espace inclusif. D'ailleurs, le chantier de la mosquée est entrepris dans la même vision. En 1880, le minaret est construit sur l'une des tours de l'ancien château, édifiés par les Portugais dès 1514. C'est la raison pour laquelle son aspect est si particulier et se démarque du style carré nord-africain.
Cette ouverture marquera la transformation de la ville, devenue un véritable point commercial et un centre multiculturel, à partir de la moitié du XIXe siècle. Une partie moderne sera développée autour de la forteresse. «Plusieurs riches demeures illustrent la cohabitation au Maroc des Belges, des Espagnols, des Français, des Italiens et des Néerlandais au début du XXe siècle. D'autres bâtiments imposants, datant de la même période, sont édifiés dans la zone proposée comme zone tampon, hors des murs de la citadelle», relate le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS).
Justement, la qualité de cette conservation a considérablement permis le classement de Magazan au patrimoine mondial de l'UNESCO, dès les années 2000. Selon l'ICOMOS, les fortifications et leur système de défense que sont les bastions et les remparts sont même un «exemple de l'architecture militaire de la Renaissance», les édifices portugais encore visibles étant «la citerne et l'église de l'Assomption, construits dans le style manuélin (gothique tardif)». Grâce à un projet plus récent de réhabilitation et de mise en valeur, la cité portugaise connaît désormais un attrait historique et touristique sans précédent.


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