Dans les semaines qui ont suivi le meurtre en 2019 d'un avocat à Amsterdam, une affaire largement associée par les médias à la Mocro Maffia et aux réseaux criminels maroco-néerlandais, les juges néerlandais ont prononcé des peines de prison plus sévères et en moyenne 71% plus longues, à l'encontre des suspects d'origine marocaine. Selon les conclusions d'une étude conjointe récente menée par l'Université de Göteborg, la Vrije Universiteit Amsterdam et l'Université Erasmus de Rotterdam, ce schéma serait attribué à l'effet de «saillance», un biais psychologique à travers lequel les juges accordent inconsciemment plus de poids à certaines caractéristiques, dans ce cas l'origine ethnique, lorsque celles-ci sont fortement médiatisées. Le meurtre en question est celui de Derk Wiersum, un avocat néerlandais abattu devant son domicile à Amsterdam alors qu'il représentait Nabil B., un témoin d'Etat maroco-néerlandais, dans le procès très médiatisé Marengo et impliquant principalement Ridouan Taghi. Selon l'étude, l'effet s'appliquait à 384 accusés d'origine marocaine, dont les peines augmentent d'environ trois mois par rapport aux autres. Une fois l'attention médiatique retombée, les niveaux de condamnation sont revenus à la normale. Le phénomène était le plus évident parmi les juges ayant moins d'expérience dans le traitement des affaires impliquant des suspects marocains. Les chercheurs ont souligné que les juges agissaient dans le respect de la loi, mais ont suggéré de mettre en place des examens par des pairs ou des systèmes de comparaison automatisés pour garantir des condamnations équitables. Les meurtriers de Wiersum, qui n'étaient pas d'origine marocaine, ont été condamnés à 30 ans de prison. Un verdict confirmé en appel en 2023.