Le Parti du Progrès et du Socialisme : la plus longue présence au ministère de la Santé, mais la plus courte distance vers la réforme    "Chergui 2025" : coopération militaire maroco-française pour renforcer la sécurité régionale et faire face aux menaces transfrontalières    Mehdi Bensaid et la génération Z : quand la communication ministérielle se transforme en réunion partisane fermée    En Couv'. Sahara : Les signaux d'un changement très attendu    Côte d'Ivoire. Un Datacenter d'IA voit le jour    Le Togo prévoit une croissance robuste en 2025    Catastrophes naturelles. Le Rwanda bâtit son bouclier climatique    Tactical Tactics et Dar Si Hmad : un partenariat RSE qui relie l'Amérique du Nord au Maroc    Tour du Faso : top départ prévu le 24 octobre    Le Prince Héritier Moulay El Hassan préside la cérémonie de remise du Grand Prix SM le Roi Mohammed VI de saut d'obstacles    France : Lecornu a remis sa démission, quelques heures après l'annonce d'un nouveau cabinet    Accord agricole Maroc-UE : le texte amendé signé à Bruxelles    Revue de presse de ce lundi 6 octobre 2025    Match amical : Le Maroc U17 affronte le Sénégal    Liga : Ezzalzouli porte le Betis à la victoire face à l'Espanyol (2-1)    Mondial U20 : Le Maroc joue la Corée en huitièmes de finale    Omar El Hilali attire les convoitises en Angleterre    Mondial U20 : Les Lionceaux de l'Atlas connaissent leur adversaire pour les 8ès    Generation Z fuels healthcare reform as Morocco appoints 543 specialist doctors    UN Chief : Moroccan Army assured «civilian use» of road between Amgala and Mauritania    Marruecos: El ministro de Salud intenta calmar la ira de la Generación Z    Rabat : La Gen Z exige des réformes sociales urgentes    Près de 150.000 visiteurs au 16e Salon du Cheval d'El Jadida    Manifestations GenZ au Maroc : L'UE appelle au clame    France : Naima Moutchou et Rachida Dati au gouvernement de Lecornu    Maroc-France : L'exercice Chergui lancé, silence à Alger    France: le nouveau gouvernement nommé    Inauguration d'une nouvelle ligne aérienne reliant Essaouira à Séville    Rabat : des milliers de Marocains manifestent contre le génocide à Gaza et la normalisation avec Israël    Le Salon du cheval d'El Jadida, miroir des liens Homme-cheval    Nouvelle tournée diplomatique du ministre chinois des Affaires étrangères : l'Italie et la Suisse au cœur de la stratégie européenne de Pékin    Maroc-Jordanie : Signature à Amman de deux accords dans le domaine de la coopération judiciaire    Mondial U20 (3è journée) : Après la phase de groupes, le Maroc va préparer sereinement les huitièmes de finale (Mohamed Ouahbi)    Le raffinement égyptien s'installe au Maroc : « Sunrise » se prépare à ouvrir un nouvel hôtel    Marrakech : les allégations relatives à la mort d'un individu lors des événements de Sidi Youssef Ben Ali dépourvues de tout fondement    Espagne : la police madrilène violemment confrontée aux manifestants propalestiniens    L'économie mondiale progresse grâce à l'essor de l'intelligence artificielle et vacille sous le poids des tensions commerciales, selon le Policy Center for the New South    MAGAZINE : Abdelhadi Belkhayat, la vie aux chants    CNDH : Les manifestations se sont déroulées sans aucun comportement de nature à transgresser le droit au rassemblement pacifique    Décès d'un citoyen à Marrakech : le Parquet clarifie les faits et écarte tout lien avec les manifestations    El Guerguerat. Saisie de près de 54 kg de cocaïne    La police déjoue un trafic de trente-trois kilogrammes de cocaïne au port de Tanger Med    L'envoûtante Meknès se vêtit à l'international pour fêter son deuxième festival interculturel sur le soufisme et la poésie    Line Producers India étend son maillage au Maroc et tisse un pont cinématographique entre l'Inde et le monde arabe    Sidi Taïbi : 17 individus présentés devant la justice après des violences et des pillages    Diaspo #409 : Noura Mennani rend hommage à son père par le pop art    L'Humeur : Yves Saint Laurent, homme à chiens    Le Festival du cinéma méditerranéen à Tétouan rend hommage à : Nabil Ayouch, Aida Folch et Eyad Nassar    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Plus qu'un virus…
Publié dans Albayane le 20 - 04 - 2020

Jamais l'humanité n'avait d'ennemi commun tel qu'elle en dispose désormais, ne serait-ce qu'en termes d'obsession. Il est vrai que l'histoire de cette même humanité témoigne de passages, plus ou moins longs, de diverses épidémies, mais à l'ère de globalisation, aussi bien les causes que les conséquences de la propagation du Corona virus s'avèrent amplement originales. Une seule réalité ressort de l'évidence après un premier bilan de cette pandémie, c'est que personne ne peut trancher de la nature du phénomène.
Epidémiologistes, médecins, biologistes, sociologues, économistes, juristes et politologues, tous sont ainsi alliés pour essayer de contourner les effets néfastes de cette catastrophe. Un confinement au pluriel aurait été décrété dans les quatre coins de la planète. Même aux Etats-Unis, là où la machine économique n'est guère prédisposée à arrêter de fonctionner, on a été obligé d'abdiquer et le Président Trump avait dû à maintes reprises assouplir sa position et reconnaître que l'issue de cette dédale ne semble pas très proche. Sur le plan politique, les acteurs ne sont plus les mêmes. La scène également a changé de physionomie. Le réalisme politique et le pragmatisme méthodique, ayant souvent caractérisé les hommes au pouvoir et leurs élites traditionnelles, devaient perdre énormément de leur éclat.
L'épreuve du Corona virus risque de faire changer profondément les concepts classiques de la science politique. La notion de citoyen (simple électeur ou contribuable dépourvu de toute conscience en termes de prise de décision) paraît être désuète. Il n'est plus concevable de traiter ledit citoyen de la manière traditionnelle le reléguant au second rang de la réflexion politique. L'Etat devrait rompre avec cette vision exiguë de simple pourvoyeur de services publics en contrepartie d'une pression fiscale plus ou moins accablante. Sans trop philosopher, le débat est appelé à intégrer de plus en plus de protagonistes, dans une sorte d'espace public aussi vaste pour refléter une représentativité meilleure. Il n'est plus question de type de suffrage ou majorité acquise par des élus des plus opportunistes.
Les valeurs électorales ne pourraient être considérées comme sources uniques de légitimité. Celle-ci devrait désormais être fondée sur la nature du champ communicationnel s'établissant entre les divers acteurs sociaux sans la moindre discrimination. D'un autre côté, la porosité des frontières (matérielles ou même virtuelles) à l'échelle planétaire présente des symptômes de fragilité sans précédents. On assiste à une communauté de pensée, non essentiellement en matière de recherche de solutions, mais sûrement en termes de compassion et de souffrance. Jamais le monde ne s'est senti emprisonné voire incapable d'agir pour opérer le moindre changement. Corona virus semble imposer de nouvelles donnes géopolitiques.
Le virus « chinois », selon l'expression aussitôt retirée de Trump, s'est rapidement multi nationalisé pour n'épargner presque aucune région du monde. La bipolarité renaît de ses cendres, mais cette fois-ci avec un nouveau géant qui ne croit pas énormément en l'utilisation de la dissuasion militaire (du temps de la guerre froide) quoi que, selon les études et rapports qui font jour, ledit géant n'en manque pas d'armes sophistiquées ni de soldats (en qualité et effectifs). La guerre est désormais diplomatique, économique (commerciale et même monétaire), voire humaine et la rivalité porte sur l'image de marque tant altérée par la responsabilité en matière de propagation de la pandémie qu'en termes de l'assistance accordée aux pays les plus touchés. Les alliés futurs ne seraient plus les mêmes, répugnant toute forme de subordination.
L'Europe vieilli non seulement par la teneur de son histoire, mais particulièrement par les disparités flagrantes parmi les membres de son Union. L'après corona s'annonce bien révélateur, en ce que cette confiance aveugle en un « big brother » super veillant s'avère de l'ordre des chimères. Il ne serait plus facile de former une coalition pour aller conquérir « un ennemi présumé », comme ce fut le cas en Irak ou en ex Yougoslavie en dernière décennie du XX ème siècle. On multiplierait bien les calculs et l'on tergiverserait avant d'intégrer de telles manœuvres. Il est prématuré de parler d'un nouvel ordre international ou mondial, mais tout un chacun est convaincu que les mutations à venir s'annoncent d'emblée des plus profondes.
Déjà sur le plan interne, les systèmes sociaux (santé et éducation) se sont avérés bien déficitaires. Des pays comme l'Italie et l'Espagne, voire même les Etats Unis, souffraient de manque de visions stratégiques. Autrement quel a été l'objet de ces milliers de centres de recherche dont regorgent ces pays, si ce n'est la prévention de l'ampleur de telles catastrophes. Il est temps peut-être de revoir cette vision rousseauiste d'un contrat social déséquilibré privilégiant amplement les considérations souverainistes de l'Etat au détriment des aspirations de prospérité et de bien-être des citoyens.
La puissance de l'Etat devrait avant tout être testée à l'égard de la gestion du quotidien de ses sujets et non à travers des aventures fantaisistes au-delà de ses frontières. Quant au confinement plus ou moins imposé, il pourrait être conçu comme la plus significative des vertus de cette pandémie. Outre sa nécessité et son efficacité, en tant que remède unique avant la conception d'un quelconque vaccin tant espéré, le confinement aurait dévoilé plusieurs vérités qu'on s'efforçait délibérément d'ignorer. On nous a souvent présenté la mondialisation comme un processus d'effacement de frontières, ou comme une remise en cause des dimensions temps et espace, ou encore comme un phénomène de déterritorialisation de l'univers… le confinement ne fait que consacrer ces diverses thèses tout en générant d'autres formes d'isolation beaucoup plus structurelles.
Les voies de communication, de nature virtuelle, s'imposent de manière exclusive, dans tous les volets de notre vie sociale. Tout, ou presque, se fait à distance via un réseau des plus compliqués. Il est vrai que le monde n'a pratiquement plus de frontières, mais celles-ci se dressent désormais en (et autour de) nous. Elles seront de nature psychologique. Déjà depuis plus d'une décennie, il s'est de plus en plus créé un nouveau mode de vie articulé autour de la notion d' « être virtuel ».
Etre dé-connecté de son milieu réel, puisqu'il l'est à travers le réseau des réseaux, y faisant ses courses, ses études, voire ses amours. Le confinement n'est pas un phénomène nouveau, on le vivait sans vouloir l'avouer, et ce à travers la conception la plus réaliste de ce phénomène de globalisation. On est soi-même confiné, en cédant toute sorte de volonté à une machine nous guidant dans la moindre prise de décision. Cette forme de dépossession, dont nous (ex) être humains, faisons l'objet, traduit parfaitement notre vulnérabilité. On s'est cru capable de conquérir d'autres univers, après avoir dévasté et dénaturé notre pauvre planète.
On faisait semblant d'avoir été conscient de relever moult défis, en rapport avec l'environnement et le développement durable… les traités et protocoles se sont multipliés depuis le sommet de Rio de Janeiro… mais on s'est résolu depuis que le poids des multinationales et des lobbies les représentant était beaucoup plus pesant que celui des Etats. Et c'est là l'une des plus belles prophéties dont nous a gratifié ce fameux système néo-libéral, incorporant l'Etat dans le fond du capitalisme. Les pouvoirs publics, aussi bien dans les pays développés que ceux du tiers monde, ne sont pas uniquement les bras séculiers de la soi-disant bourgeoisie, selon la conception marxienne, mais ils y sont foncièrement intégrés.
On est gouverné, solennellement, par l'économique dans le sens large du terme. Pire encore, l'économie dont il est question ne présente rien de réel, elle se fait par une création de fortunes imaginaires à base spéculative sans le moindre rapport d'égalité avec la production de biens. Les carences du système monétaire, depuis la chute des accords de Bretton Woods, font que l'on vit dans une anarchie totale quant à la création et l'échange de monnaies. C'est ainsi que les marchés financiers, pompés par toutes sortes de produits financiers dérivés, se présentent de nos jours comme des casinos ou maison de paris et de jeux. Processus davantage accentué à travers la conquête desdits marchés par les algorithmes, consacrant cette nouvelle théorie des nano (allusion faite à la vitesse faramineuse des exécutions des ordres d'achat et de vente sur ces marchés).
Sans négliger le phénomène de privatisation des monnaies par le développement des crypto monnaies, référence faite notamment à ce que l'on convient d'appeler désormais Blochchain… les exemples dont nombreux et le bilan ne cesse de s'alourdir. Le corona virus nous révèle ainsi toutes nos défaillances. Il a pu, à lui seul, défier toutes les disparités idéologiques et conceptuelles. Il nous a prouvé que l'homme était avant tout homme, quelques soient sa couleur, son origine ou sa religion. Les différences sont créées pour servir les intérêts d'une minorité qui, pratiquement, n'a qu'une seule foi, celle de l'accumulation de richesse…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.