La 90e séance de la Chambre des représentants, tenue lundi 5 mai à Rabat, a été marquée par l'absence notable de plusieurs membres du gouvernement alors que des questions cruciales concernant les secteurs agricoles, sociaux et économiques étaient à l'ordre du jour. Sous la présidence de Mohamed Ouzzine, vice-président de la Chambre des représentants, les débats ont duré deux heures et quinze minutes, mais ont été entachés par le manque de réponses directes de la part de l'exécutif. Des absences ministérielles remarquées Parmi les absents figuraient Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'économie et des finances, Zakia Driouich, secrétaire d'Etat chargée de la pêche maritime, Fatima-Zahra Ammor, ministre du tourisme, Hicham Sabri, secrétaire d'Etat chargé de l'emploi, Omar Hejira, secrétaire d'Etat chargé du commerce extérieur et Karim Zidane, ministre de l'investissement, de la coordination et de l'évaluation des politiques publiques. «Il est indigne qu'un Parlement démocratiquement élu se voie répondre par le vide à des interrogations émanant du pays profond», a déploré un député du Groupe socialiste (USFP), visiblement irrité par ce qu'il a qualifié de «désinvolture institutionnelle.» L'agriculture en première ligne, mais sans écho complet Le ministère de l'agriculture, de la pêche maritime, du développement rural, des eaux et forêts (MAPMDREF) était censé répondre à quatorze questions, dont huit qualifiées d'urgentes. L'état du cheptel national, la pénurie fourragère, les suites du Salon international de l'agriculture de Meknès (SIAM) ou encore l'annulation du sacrifice rituel d'Aïd Al-Adha figuraient au cœur des préoccupations. «Le monde rural se meurt dans le silence des palais ministériels», a lancé un élu de l'opposition, évoquant «la conjonction d'un printemps incertain, d'un pouvoir d'achat effondré et d'un cheptel en déshérence.» Dialogue social et emploi : l'écho sans la voix Plusieurs parlementaires, issus du Parti authenticité et modernité (PAM), du Rassemblement national des indépendants (RNI), du Parti du progrès et du socialisme (PPS) ou encore du Mouvement populaire (MP), avaient préparé des questions d'une rare gravité sur l'atonie du marché du travail, le sort des saisonnières marocaines en Espagne ou la mise en œuvre des mécanismes d'insertion. «Ce mutisme de l'exécutif, face aux douleurs silencieuses de la jeunesse sans emploi, est une injure faite à la République sociale que nous prétendons incarner», a martelé un membre du PJD. Un Parlement en quête de répondant Face à ce ballet d'interpellations sans répondants, plusieurs groupes parlementaires ont exigé que la présidence de la Chambre adresse une convocation formelle aux ministres défaillants. Si la répartition du temps de parole entre les groupes a été scrupuleusement respectée — quatorze minutes pour le RNI, onze minutes et cinquante-cinq secondes pour le PAM, onze minutes pour le groupe PI —, l'échange n'a pas atteint sa plénitude faute de contradicteurs.