En l'espace de dix années, le Maroc a vu ses exportations de myrtilles passer de 7 000 à plus de 83 000 tonnes, soit une progression fulgurante dont peu de produits agricoles peuvent se prévaloir. Le royaume s'impose désormais comme un fournisseur de référence sur les marchés internationaux, fort d'un modèle agricole structuré autour de la qualité, de l'efficience et de la régularité des flux. Une filière fondée sur la rigueur agronomique Cette ascension résulte d'un basculement profond du tissu agricole national. Les conditions agroclimatiques — climat tempéré, disponibilité de l'eau souterraine dans plusieurs bassins et possibilité de récoltes multiples dans l'année — confèrent au Maroc des avantages comparatifs que ne sauraient revendiquer des producteurs comme le Canada ou le Chili. Sa proximité avec l'Europe, affirment les cultivateurs, permet d'expédier les fruits en moins de soixante-douze heures vers des marchés comme l'Espagne, la France, l'Allemagne ou le Royaume-Uni, ce qui réduit les délais et les coûts tout en garantissant une fraîcheur optimale. Sur le plan technique, les exploitations se sont dotées d'équipements d'irrigation de haute précision, de serres performantes, de techniques de taille avancées, et ont obtenu les principales certifications exigées par les distributeurs internationaux. L'Etat, à travers le Plan Maroc Vert puis Génération Green 2020‒2030, a soutenu le développement de cultures à haute valeur marchande, dont la myrtille incarne aujourd'hui l'exemple le plus abouti. «Le Maroc a su bâtir un écosystème agricole cohérent, capable de répondre aux exigences croissantes des marchés sans compromettre la qualité ni la régularité», observe un expert du secteur basé à Casablanca. L'Asie, horizon d'expansion pour les fruits dits de santé Fruit riche en antioxydants, la myrtille bénéficie depuis une quinzaine d'années d'un engouement mondial nourri par les aspirations diététiques d'une classe moyenne urbaine soucieuse de son alimentation. L'Asie orientale — en particulier la Chine, la Corée du Sud et le Japon — attire désormais l'attention des producteurs marocains, désireux d'élargir leur rayonnement au-delà des marchés historiques de l'Europe et du Golfe. Des groupes espagnols, français et américains ont implanté des plantations dans les régions du Gharb et du Souss, profitant des infrastructures locales et du savoir-faire acquis par les agriculteurs marocains. À mesure que les campagnes d'exportation gagnent en ampleur, le Maroc se positionne comme l'un des rares pays capables d'assurer à la fois quantité, constance et exigence sanitaire.