Les statistiques officielles font état d'une légère baisse de l'indice du coût de la vie. Déduisez-en une amélioration du pouvoir d'achat. Pourtant, le ressenti des Marocains va tout à fait à l'encontre de ce constat Pure contagion par rapport à un débat qui atteint son apogée en France et fait parler politiques, conjoncturistes, syndicalistes et hommes de la rue ou réel phénomène touchant de plein fouet le panier de la consommation au Maroc ? La vie serait-elle plus chère ? Le pouvoir d'achat du consommateur s'en ressentirait-il, en accusant une baisse de plus en plus forte ? Tant que les résultats de l'enquête sur les revenus des ménages ne sont pas encore rendus publics, il est impossible d'approcher cette question avec exactitude. Cependant, en observant de prime abord les bulletins d'informations rendus publics mensuellement par le Haut commissariat au Plan, on remarque que l'indice du coût de la vie (ICV) est en légère baisse depuis le début de l'année 2008. Quelques détails à l'appui : malgré quelques hausses portant entre autres sur le lait (10 centimes par demi-litre), les prix des légumes, qui occupent une bonne place dans le panier de calcul de l'ICV, auraient baissé de 15%. La pomme de terre, féculent consommé à grande échelle par les foyers marocains, a enregistré par exemple une baisse qui a vu passer son prix de 8 DH à 3 DH. Des faits qui pourraient contredire l'hypothèse d'une baisse du pouvoir d'achat. Le ressenti des Marocains Par ailleurs, ce que ressentent les Marocains va à l'encontre de ces notes de conjoncture, établies pourtant par des statisticiens expérimentés et dont les bases de calcul prennent en compte un panier composé de quelque (tenez-vous bien) 386 produits qui se déclinent en 768 dérivés, relatifs aussi bien à l'alimentaire qu'aux loisirs, la santé, l‘habillement… Vu sous cet angle, serait-il justifié de jeter à la poubelle ce travail de fourmis, comme l'appellent sans fausse modestie ces mêmes conjoncturistes? Même si la réponse est négative, elle ne nous empêche pas d'y porter un regard critique. D'abord, l'indice du coût de la vie est général. Et pour cause, il est la résultante d'un seul panier qui n'est pas ventilé selon l'appartenance à l'une des trois grandes classes socio-économiques: pauvre, moyenne et élevée. Une ventilation d'autant plus importante à mettre en place que la classe moyenne se sent la plus touchée par les dernières baisses du pouvoir d'achat. Et pour cause, les augmentations ne touchent pas nécessairement à l'alimentaire, mais à des produits tels que les crédits ou le logement, voire des produits qui n'ont pas nécessairement beaucoup de poids dans le panier servant de référence de calcul de l'ICV. Ce panier ne couvre pas non plus toutes les villes du Royaume. Un projet allant dans ce sens (généralisation géographique et segmentation des paniers) sera mis en place dès 2009, selon une source au Haut commissariat au Plan. Il permettra d'y voir plus clair et de mieux approcher l'indice du coût de vie. Peut-être renouera-t-il avec une certaine période de gloire qui remonte à plusieurs décennies. En effet, il fut un temps où les salaires, en se remettant aux dispositions d'un décret ministériel, étaient indexés à l'indice du coût de la vie. Cela avait des avantages, puisqu'il permettait de garder intact le pouvoir d'achat des consommateurs, mais avait aussi ses points faibles. «La fluctuation avait fini par créer une spirale. Il a donc fallu ne plus se tenir au principe d'indexation afin de stopper l'inflation et d'en finir avec le cycle vicieux des augmentations», explique un économiste. Mais aujourd'hui encore, certaines entreprises s'enquièrent de l'évolution annuelle de l'ICV, soit pour décider du niveau des augmentations à accorder à leur personnel ou avant de contracter des marchés à terme, apprend-on au HCP.