Après près d'un an de détention, l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été gracié par les autorités algériennes. L'annonce, confirmée ce mercredi 12 novembre par la présidence algérienne, met fin à un long épisode marqué par les tensions diplomatiques entre Alger et Paris. Cette décision de clémence intervient deux jours après l'appel lancé par le président allemand Frank-Walter Steinmeier, qui avait exhorté Alger à libérer l'écrivain pour raisons humanitaires, évoquant sa fragile santé et son âge avancé. Le chef d'État allemand avait salué en avance un possible "geste humanitaire" de son homologue Abdelmadjid Tebboune, attendu à Berlin début 2026. Arrêté le 16 novembre 2024 dans la capitale algérienne, l'auteur du Serment des barbares et de 2084 avait été condamné en juillet dernier à cinq ans de prison ferme, pour des propos jugés attentatoires à l'unité nationale. L'écrivain avait notamment évoqué, lors d'une conférence, que certains territoires algériens avaient autrefois appartenu au Maroc avant la colonisation française, des déclarations qui lui avaient valu de vives critiques du régime. Sa condamnation avait suscité une vague de protestations à l'international. Plusieurs responsables politiques et intellectuels avaient dénoncé un procès politique, tandis que les relations entre la France et l'Algérie connaissaient un net refroidissement : rappels d'ambassadeurs, expulsions de diplomates et restrictions de visas s'étaient succédé au fil des mois. Âgé de 76 ans, Boualem Sansal, connu pour son franc-parler et ses critiques du pouvoir algérien, devrait être libéré dans les prochains jours. Sa grâce apparaît comme un signal d'apaisement diplomatique, mais aussi comme une reconnaissance implicite du statut d'un écrivain dont la voix dépasse depuis longtemps les frontières algériennes.