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L'école et le politique
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 07 - 2002

Enquête exclusive sur la socialisation politique des enfants
Réduite à un appareil de conditionnement, à la disposition de l'Etat, l'institution scolaire s'ingénie à la légitimation
de l'ordre social, culturel et surtout politique, représenté par les institutions politiques et religieuses dont le Roi est l'acteur central. Par conséquent, l'enfant doit apprendre à être un bon Musulman, un patriote dévoué pour l'unité
de sa patrie et un bon citoyen dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle.
Comme la famille, l'école instruit, éduque et socialise. Depuis la fin du XIX ème siècle, avec l'augmentation du taux de scolarisation et la prolongation de la durée de la scolarité obligatoire, son rôle se renforce partout dans le monde. Ceci étant, dans quelle mesure l'institution scolaire pourrait être considérée comme un agent déterminant dans la socialisation politique de nos enfants ? Autrement dit, est-ce que l'école contribue à l'apprentissage politique des enfants
à travers les programmes scolaires administrés dans le cadre de l'enseignement élémentaire ?
Appareil de conditionnement
L'école semble être le canal idéal pour la transmission, l'inculcation et l'initiation aux valeurs politiques et pour le développement d'un sentiment de civisme et de patriotisme. Plus, l ‘école s'avère le créneau approprié pour la préparation du citoyen de demain avec un contrôle strict des comportements des enfants et des canaux d'éducation. D'où l'importance de l'enseignement scolaire dans la préservation des normes sociales et des fondements institutionnels du système politique.
C'est pourquoi, l'école veille à l'encadrement politique des jeunes enfants par le contrôle systématique du processus de la socialisation politique, en visant deux objectifs principaux : d'une part, le conditionnement des enfants en leur inculquant les normes et valeurs de la société. En d'autres termes, l'école est une institution sociale qui assure une fonction de reproduction et de légitimation de l'ordre social. Ainsi, pour Bourdieu, Passeron 1970 “ la fonction sociale de l'école est la reproduction des inégalités sociales en diffusant une culture de classe façonnant les individus au plus profond et constituant les inégalités comme légitimes ”.
Et d'autre part, l'Etat s'ingénie à façonner un sentiment de patriotisme national chez l'enfant, à travers l'identification aux croyances et valeurs fondatrices du système politique. Pour cette fin, l'instruction civique est le cheval de bataille dans la course effrénée des pouvoirs publics
pour modeler la socialisation politique des enfants. Pour Durkheim (1895) : “ l'éducation est un phénomène social fondamental : le milieu social “ tend à façonner l'enfant à son image ”.
Socialisation politique
L'école est un milieu propice où l'enfant peut assimiler les normes du système politique. En effet, l'Etat tente d'inculquer aux enfants les connaissances nécessaires relatives aux différentes institutions politiques et religieuses, en vue de renforcer la légitimité fondamentale du régime politique. A titre illustratif, Easton et Hess (1962) ont pu démontrer l'importance de l'enseignement élémentaire comme la phase principale dans la formation des orientations politiques de base.
Plus, l'Etat essaye tant bien que mal, de produire un “ citoyen modèle ” qui soit en mesure de reconnaître les lois qui régissent la vie en société, afin qu'il puisse s'y conformer. Par exemple, les cours d'histoire du pays ravivent un sentiment d'attachement à l'héritage culturel et politique de la nation.
Pour cette fin, les cours de l'instruction civique, islamique et d'histoire s'avèrent d'une grande utilité pour contrôler le processus de la socialisation politique des enfants. Pour exemple, Almond et Verba (1963) ont démontré la connexion qui existe entre l'éducation civique primaire et le développement d'un sens politique individuel manifeste. Même si Edgar Litt (1963) a découvert, grâce à une enquête dans les écoles de Boston aux USA, que les cours de l'éducation civique ont un impact mineur sur les attitudes que développent les enfants à l'égard des autorités politiques
Marketing scolaire
L'école contrôle le processus de socialisation politique des jeunes enfants par la préparation minutieuse des programmes scolaires. Ainsi, selon Ivan Illich (1971) “ l'école assure la vente des “ programmes scolaires ” soigneusement préparés et façonnés et l'enseignant assure “ le service de vente ” qui administre le produit fini au consommateur, en l'occurrence à l'élève ”. En fait, cette remarque s'applique parfaitement au système éducatif marocain. Ainsi, les pouvoirs publics n'ont pas hésité à exploiter l'institution scolaire pour mettre en place tout un service de commercialisation des programmes, qui draine d'importants bénéfices au budget de l'Etat.
En fait, le changement systématique des programmes scolaires, en moyenne de chaque année, révèle le mercantilisme abject visant la paupérisation des masses déshéritées, qui ont pris l'habitude d'économiser quelques dirhams en faisant un multiple usage des livres scolaires. En effet, les familles issues des souches défavorisées ont dû, plus d'une fois, relooker des livres usités d'un frère ou d'un ami pour en faire un nouvel usage scolaire. Mais, apparemment, cette pratique, pour le moins commode et rationnelle, n'a pas arrangé les esprits opportunistes qui ont vu dans l'enseignement une source d'enrichissement intarissable.
Cette année encore, les pouvoirs publics sont restés fidèles à leur tradition, puisqu'ils ont procédé au renouvellement de quelques programmes scolaires au niveau primaire. Le comble, c'est que cette fois, ils sont allés très loin puisqu'ils ont édité, parfois, deux manuels scolaires pour une même matière. Le pire est qu'ils ont demandé au corps professoral de choisir entre les deux manuels, arguant qu'ils entendent suivre l'exemple du système éducatif français. Vraiment, il faut être dupe pour ne pas s'apercevoir de l'enjeu économique qui sous-tend une telle entreprise. À ce niveau, le lobbying des “ imprimeries ” y est certainement pour quelques chose. Comme quoi, l'industrie des programmes scolaires peut s'avérer une source de rentabilité garantie pour les finances de l'Etat. De fait, le principe de gratuité de l'enseignement n'est qu'une illusion trompeuse, vu que chaque citoyen est censé investir une somme considérable pour assurer l'achat des manuels scolaires, dont les prix sont en hausse une année après l'autre.
Apprentissage politique
D'après les données d'une enquête sociologique sur le processus de la socialisation politique des enfants au Maroc (Taoufik Rahmouni), auprès d'un échantillon d'enfants de l'enseignement fondamental, il ressort que l'école, et l'instituteur en particulier, ne s'acquittent pas d'un rôle important dans l'instruction civique des enfants. D'où la démission de l'institution scolaire dans la formation et l'apprentissage politique des enfants. Ainsi, la majorité des enfants interviewés ne se rappellent que de deux thèmes politiques sur huit. Les thèmes les plus connus sont la patrie et les élections (38%) et le thème le moins cité, les partis politiques (9%). Alors que les thèmes les moins connus sont : patrie, parlement, ministre, Roi, Sahara. (voir figure 1)
À cet égard, deux remarques doivent être faites : d'une part, les données révèlent une nette supériorité des élèves du public en termes de connaissances politiques. En effet, les élèves du public sont plus nombreux à connaître les thèmes politiques proposés que ceux du privé. Ceci est dû aux contenus des programmes qui différent d'un secteur à l'autre de l'enseignement. Alors que l'éducation civique et islamique est relativement renforcée dans les cours et manuels scolaires des élèves du public, elle est nettement écartée dans le privé.
Et d'autre part, il paraît qu'au niveau de l'instruction, ce sont les élèves du 2 ème cycle de l'enseignement élémentaire qui se rappellent le plus des thèmes de l'éducation civique, même s'ils sont largement éclipsés par ceux relatifs à l'instruction islamique. (voir figure 2)
Pour exemple, trente textes d'instruction islamique sont prévus dans le livre de l'éducation islamique et civique, programmé pour la 2 ème année de l'enseignement élémentaire. En troisième année, les sujets enseignés n'ont aucun rapport avec la matière de l'instruction civique à proprement parler. Et il faudrait attendre jusqu'à la quatrième année de l'enseignement élémentaire pour que les élèves puissent suivre des cours d'éducation civique avec des thèmes appropriés comme : le chef de l'Etat, le gouvernement et les différents ministères. Les cours des années suivantes traiteront des thèmes classiques relatifs aux collectivités locales, au conseil communal, à la monarchie constitutionnelle, au parlement, à l'organisation judiciaire, aux libertés publiques, aux partis politiques, aux syndicats. Tandis que le cours de la huitième année se consacre, uniquement, à la personne de Mohammed V et à la lutte contre le protectorat français.
En somme, l'instruction civique est tellement dévalorisée, tant par les élèves que par les enseignants. Du coup, elle ne semble exercer aucun effet sur la formation des connaissances politiques chez les enfants. Par exemple, pour le thème “ gouvernement ”, 88% des enfants interviewés, au niveau du 1er cycle de l'enseignement élémentaire, ont affirmé qu'ils n'avaient pas étudié un tel thème et qu'ils ne se souvienaient pas de l'avoir étudié durant les années passées. C'est le cas également pour le thème “ partis politiques ”. A ce propos, on dénote que 89% des enfants interviewés, du 2 ème cycle de l'enseignement élémentaire, et précisément de la 7 ème à la 9 ème année, ne semblent pas avoir étudié un tel sujet.
Même le corps enseignant et des responsables des établissements, contactés dans le cadre de l'enquête, signalent la dévalorisation de l'instruction civique. Dans ce sens, ils déclarent que cette matière n'est réellement programmée pour les élèves qu'à partir de la sixième année de l'enseignement élémentaire. Quant à son contenu, il paraît que chaque établissement choisit les sujets qu'il veut enseigner tout en se conformant aux directives du ministère de l'éducation nationale, qui sont formulées d'une manière imprécise et générale.
Pour aller plus loin, l'enquête a cherché, dans d'autres matières, des leçons qui puissent constituer une approche initiatique aux concepts et représentations politiques. Après avoir consulté tous les livres
de lecture en langue arabe et française, de la première à la neuvième année, il ressort que le pourcentage des textes,
aussi bien à caractère religieux que politique, croît mais d'une manière démesurée. (voir figure 3)
A titre d'exemple, on favorise les thèmes à caractère politique portant sur la patrie, la marche verte, Sebta et Mellilia, la lutte contre le protectorat, Mohammed V , Hassan II, jusqu'à la 5ème année. Mais, à partir de la 6 ème année, une transformation s'opère au profit de l'enseignement religieux mettant l'accent sur les vertus islamiques et le comportement d'un “ Musulman modèle ”. Et ce n'est que durant les deux dernières années de l'enseignement élémentaire, la huitième et la neuvième année, qu'un certain équilibre est instauré pour une répartition régulière entre les textes religieux et politiques.
D'après la lecture des textes programmés durant l'enseignement élémentaire, les résultats de l'enquête sus-mentionnée, révèlent que le souci principal des architectes des programmes scolaires est d'inculquer aux jeunes enfants les trois éléments constitutifs de notre système politique et qui sont d'ailleurs inclus dans la devise nationale : Dieu, la Patrie, le Roi. L'enfant doit apprendre à être un bon Musulman, un patriote dévoué pour l'unité de sa patrie et un bon citoyen modèle dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle.
D'ailleurs, excepté le Roi et la patrie, l'école ne contribue pas à la formation politique de l'enfant en lui transmettant des connaissances politiques nécessaires. Du coup, l'enfant se trouve dans l'impossibilité de développer des représentations politiques susceptibles de constituer le noyau dur d'une culture politique. Ce faisant, il lui serait extrêmement difficile, à l'avenir, de prendre part à la vie politique et de décider des orientations politiques de son pays.
Les résultats de l'enquête en donnent plus d'illustration : d'un côté, l'école, en tant qu'agent de socialisation, ne figure qu'à la troisième place derrière la famille et les mass media. En effet, c'est la télévision qui demeure l'agent de socialisation politique le plus déterminant dans l'apprentissage des connaissances politiques. De l'autre côté, les sujets les plus évoqués à l'école sont le Roi et la patrie. En fait, ce sont les deux thèmes qui figurent sur tous les manuels scolaires notamment ceux de lecture, d'éducation civique et d'histoire. A ce propos, les chiffres en disent long sur cet état de fait : Le Roi 52%, le sport 42%, les sujets religieux 41% et la patrie 37 %.
Constat d'une défaillance
En se basant sur les résultats de l'enquête réalisée, on retiendra la démission de l'école sur le plan de la socialisation politique des enfants. À travers les réponses des enfants interviewés, la démobilisation de l'école dans le processus d'apprentissage politique est un fait. Et même si les programmes et les manuels scolaires comprennent des cours d'instruction civique, notamment sur le patriotisme et la connaissance des institutions, il n'en demeure pas moins que, sur le plan opérationnel, leur mise en application ne va pas de concert.
En contre-partie, l'institution scolaire s'ingénie à la légitimation de l'ordre social, culturel et surtout politique représenté par les institutions politiques et religieuses dont le Roi est l'acteur central. Et même la famille ne semble pas en mesure d'assurer la transmission des connaissances politiques aux jeunes enfants.
En effet, l'influence propre des familles se réduit aux moments de la vie où l'école ne retient pas les enfants. D'autant plus que l'école est souvent considérée, par les parents, comme un moyen qui assure l'éducation et la promotion sociale et professionnelle de leurs enfants. Dans ce sens, Raymond Boudon (1973) remarque que: “ l'école est inscrite dans un système de stratification sociale et hiérarchie des compétences où les individus sont des acteurs cherchant à rentabiliser au mieux leur investissement scolaire ”
Toutefois, l'enquête révèle que les parents des enfants interviewés continuent à croire à la fiction d'une éducation politique à l'école. En effet, les parents qui ont désigné l'école comme l'agent le plus influent, sur le plan de la socialisation politique, représentent 41%, suivis de la famille 32%, des mass media 23% et du groupe de pairs 4%.
Il est vrai que l'école se voit attribuer la plus grande part de responsabilité dans l'éducation civique des enfants, puisque 66% des parents questionnés ont répondu que la formation civique revient plutôt à l'école. Néanmoins, les parents ne semblent se préoccuper que de l'éducation morale 80%. Ce, malgré le fait qu'ils ne voient aucun inconvénient à ce que des cours politiques soient organisés dans les écoles pour tous les élèves. Ainsi, près de 93% d'entre eux se sont prononcés pour une telle initiative à condition qu'elle s'effectue dans un cadre officiel, c'est-à-dire qu'elle se limite à l'intérieur de l'école. Vu sous cet angle, un bon nombre d'entre eux refuse le débat et l'échange d'idées politiques que ce soit entre l'élève et son professeur ou entre les élèves eux-mêmes.
En somme, il ressort de ce qui précède, un désengagement de l'institution scolaire en tant qu'agent dynamique dans le processus de socialisation politique. En contre-partie, on relève l'importance de son rôle au niveau de l'apprentissage aux enfants des relations d'autorité et de hiérarchie sociale.
L'objectif des pouvoirs publics est d'inculquer à l'élève les règles du conformisme et de la soumission à l'ordre social et politique établi. Cela atteste de l'absence d'un projet cohérent d'apprentissage politique susceptible de fournir aux enfants les connaissances politiques nécessaires, qui leur permettraient de prendre part, activement, à la vie politique. Comme quoi, il ne suffit pas de sensibiliser les membres de la communauté à l'importance de la participation politique, surtout à l'approche des échéances électorales . Encore faudrait-il qu'ils soient dotés d'une culture politique qui puise son fondement d'un apprentissage politique dès le plus jeune âge.
C'est pourquoi, il serait grand temps que l'institution scolaire au Maroc assume ses responsabilités en prenant en charge l'apprentissage politique moderne des jeunes enfants. A cette fin, elle devrait rompre avec la logique de reproduction du citoyen soumis et assujettit à son système social. A ce niveau, seule une éducation civique démocratique serait capable de réhabiliter l'école en tant qu'agent de socialisation politique de premier ordre.
Si nos responsables s'entêtent à copier le système éducatif français, autant qu'ils le fassent honnêtement. Pourquoi ne pas procéder à un enseignement pratique à l'image de ce qu'on appelle en Occident le “ self-government à l'école ” : si l'enfant arrive par expérience à identifier un parlement, un comité exécutif et un tribunal, il arrivera par analogie à se familiariser avec les institutions politiques nationales et, par là même, à se forger une représentation politique plus constructive. Entre temps, il semblerait bien que l'image de l'enfant marocain, qui peine à se déplacer avec un cartable, qui dépasse parfois son propre poids, restera pour longtemps comme un point noir dans notre système éducatif. Pire, voulant soulager les élèves de la corvée du cartable bourré de manuels scolaires, des industriels ont eu l'idée “ astucieuse ” de fabriquer des “ cartables-chariot s” qui se déplacent sur des roulettes ?!! Sans commentaire.


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