Depuis mercredi dernier, l'aéroport Maroua est habilité à assurer les vols internationaux. La première compagnie aérienne à en bénéficier pourrait bien être Turkish Airlines. L'aéroport de Maroua-Salak, dans l'Extrême-Nord du Cameroun, va désormais assurer des vols internationaux. Cette nouvelle est tombée le mercredi 16 avril dernier à la faveur d'un arrêté du ministre des Transports, Robert Nkili. Dans cette communication, ce dernier précise néanmoins que «l'ouverture au trafic intercontinental sera constatée par un texte particulier à l'issue des opérations de mise aux normes» de cette plateforme. En attendant, apprend-on des cadres de ce département ministériel s'exprimant sur la radio nationale, le tout nouvel aéroport international va assurer des vols en provenance ou en direction des pays d'Afrique centrale. Situé dans la partie septentrionale du Cameroun, non loin des frontières du Nigeria et du Tchad, l'aéroport de Maroua-Salak, avec sa piste de 2.100 m de long, était jusque-là un aérodrome de catégorie B n'assurant que des liaisons domestiques. Selon les statistiques de l'Autorité aéronautique du Cameroun, il a enregistré 130 mouvements d'avions en 2012 pour un total de 11.569 passagers pour 15,5 tonnes de fret, ce qui représente à peine 1% de l'ensemble du trafic fret et passagers pour les aéroports camerounais. Pour autant, la mutation de cet aéroport n'est pas une surprise. Elle vient confirmer ce que l'on subodorait depuis un certain temps, compte tenu des travaux qui y ont été effectués et des équipements dont il a été doté ces derniers temps. C'est ainsi qu'en 2007, son unique piste d'atterrissage a été entièrement refaite et un balisage lumineux été installé pour permettre les atterrissages et les décollages de jour comme de nuit. En mars 2013, l'Autorité aéronautique a même fourni à cette plateforme deux véhicules incendie de moyenne puissance. L'on apprend qu'un ensemble d'autres équipements sont en cours d'installation ou en projet pour permettre les mouvements des aéronefs en toute sécurité, à l'instar de la réhabilitation de sa centrale électrique qui devra avoir une puissance de 500 KVA. Enfin, à en croire le service de communication de l'Autorité aéronautique, «il est prévu d'allonger la piste de Maroua qui mesure actuellement 2.100 m pour la porter à 2.800 m afin qu'elle puisse accueillir des avions de type Boeing 747 ou Airbus A340». Commentant ces travaux en mars 2014 lors d'un atelier à Douala, André Paulin Ndongo, haut cadre de l'Autorité aéronautique du Cameroun, indiquait déjà que «l'aéroport de Maroua va s'inscrire dans une perspective sous-régionale», avant de conclure: «De surcroît, cette ville est à un jet de pierre de Ndjamena au Tchad, donc la plupart de nos voisins utiliseront cette plateforme comme aéroport de transit vers leur pays». Toutefois, à en croire Joël Wadem, responsable de la communication de l'Autorité aéronautique, l'ouverture de l'aéroport de Maroua au trafic international répond aussi à la demande de certaines compagnies étrangères qui ont «maintes fois» exprimé leur désir de desservir le Nord du Cameroun. Parmi ces compagnies, l'on cite Turkish Airlines qui assure, depuis décembre 2012, des liaisons directes entre le Cameroun et la Turquie, pays déterminé à développer davantage ses échanges avec le Cameroun. Entre-temps, il y a d'ailleurs eu un jumelage entre Maroua et Kayseri, ville natale du président turc, Abdullah Gül. Il y a eu aussi un forum économique turc dans la ville de Maroua en avril 2013. Avec Maroua-Salak, le Cameroun compte désormais quatre aéroports internationaux (Douala, Yaoundé, Garoua). Cette dernière ville, située à 210 km au sud de Maroua, détenait en 2012 seulement 4% du trafic passagers au Cameroun qui était de 1.044.534 passagers au total, avec la première place pour Douala (66%) et la deuxième place pour Yaoundé (29%). En 2013, cette fréquentation est passée à 1.119.150 passagers. Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Protéger la loi fondamentale Plus les années passent, plus la démocratie se désagrège en Afrique noire. Au Burkina Faso, c'est connu, le mandat du président Blaise Compaoré, arrivera à son terme en 2015. Néanmoins, l'on sait que ce dernier nourrit secrètement l'intention de faire sauter la disposition constitutionnelle qui lui interdit de se représenter. En RDC, la même volonté anime le président Joseph Kabila, dont le mandat actuel s'achève en 2016 et la loi fondamentale ne lui permet par de rempiler. Certes, ces deux présidents n'ont pas encore clairement exprimé les intentions que l'on leur prête dans les médias, mais la démarche est classique. Des associations qui leur sont acquises ou des militants de leur parti politique respectif font soudain des sorties pour insinuer que la majorité de la population souhaite qu'ils soient reconduits à la tête de leur Etat, moyennant un amendement de la Constitution. En général, lorsque les dirigeants sont engagés dans cette voie de la modification constitutionnelle, plus rien ne peut les arrêter. Ni le bon sens, ni l'intérêt de la nation, ni l'opposition de la majorité des populations. On l'a vu par le passé au Cameroun, au Gabon, au Tchad, etc. Cette vulnérabilité des constitutions des pays d'Afrique traduit sans aucun doute le peu de respect qu'accordent les dirigeants à l'expression «loi fondamentale». De quoi se demander s'il ne faut pas que le législateur dans chaque pays envisage un mécanisme pour protéger la Constitution afin de sauver la démocratie sur le continent. Par exemple, fixer une durée pendant laquelle la Constitution ne peut pas être modifiée...