Le secteur recèle un potentiel de développement important mais devrait également faire face à de nombreux défis. Le secteur des assurances au Maroc est considéré comme étant le marché «le plus mature» au Maghreb selon l'agence de notation internationale Standard and Poor's. Celui ci compte 17 compagnies d'assurance dont 2 sont des mutuelles et une compagnie de réassurance. Depuis quelques années, le secteur de l'assurance au Maroc ne cesse de croître et prendre de l'ampleur, tant par le chiffre d'affaires qu'il réalise que les sommes qu'il place sur les marchés financiers. Ainsi les revenus du secteur se sont situés à 26 MMDH en 2012, en hausse de 8,9% sur un an. Pour en arriver à ce niveau de maturité, le secteur de l'assurance au Maroc a connu de profondes mutations, notamment la libéralisation des prix à partir de 2006, la mise en place de l'assurance maladie obligatoire, le renforcement des règles prudentielles, un mouvement de concentration assez important (le nombre des entreprises d'assurance est passé de 23 en 1990 à 17 au terme de 2012), mais aussi le contrat-programme, signé en 2011 entre le gouvernement et les principaux acteurs. Avec le projet de rendre certaines assurances obligatoires, ce contrat-programme a l'ambition de doubler le chiffre d'affaires du secteur à l'horizon 2015. Un contrat-programme qui traîne. Sur les 75 mesures que compte le contrat-programme, certaines sont en vigueur mais bien d'autres attendent. L'implémentation a dû être légèrement ralentie à cause de l'arrivée du nouveau gouvernement qui a préféré prendre le temps de connaître le dossier. «Eu égard aux changements qu'ont connus les différents départements avec la nomination du nouveau gouvernement, les discussions ont été momentanément interrompues en attendant l'installation des nouvelles équipes», explique à cet effet l'adjoint au directeur des assurances et de la prévoyance sociale. Néanmoins et depuis la signature de ce contrat-programme, plusieurs mesures sont entrées en vigueur. Les premiers bénéfices du contrat-programme vont bientôt voir le jour avec l'obligation d'assurance «tous risques chantier» et «responsabilité civile décennale». D'autres mesures sont prévues et seront entamées durant l'année 2013. Elles concernent d'abord l'instauration de l'obligation d'assurance responsabilité civile pour les établissements recevant du public, l'amélioration des procédures d'expertise médicale et la normalisation des pratiques relatives à l'indemnisation des victimes, l'encouragement du financement des priorités économiques, le chantier de l'assurance maladie et le renforcement de la formation du secteur. Marchés plus volatiles. Par ailleurs, les entreprises d'assurances sont l'instrument par excellence de collecte de l'épargne nationale. L'épargne collectée irrigue ainsi l'économie nationale par le biais de l'investissement dans différents secteurs d'activité. Les placements des entreprises d'assurances se sont élevés à 109,1 MMDH en 2012, apportant à ces dernières un complément de bénéfice. Toutefois, avec environ 15% de baisse, les marchés boursiers engendrent une volatilité des revenus financiers des compagnies d'assurance. Certes, «L'ensemble des entreprises d'assurance dispose de matelas de plus-values latentes leur permettant de faire face à des baisses conjoncturelles», comme l'a souligné aux ECO, le directeur de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance, «mais nous ne sommes plus face à un élément conjoncturel car la baisse s'est installée dans la durée». La baisse dure depuis 3 années et la reprise des marchés tarde à venir, ce qui va continuer à peser sur le résultat financier des compagnies d'assurance. Ces dernières n'ont aujourd'hui d'autre choix que de concentrer leurs efforts sur la partie haute du compte de résultat, à savoir leur cœur de métier. Toutefois, dans le sillage du chiffre d'affaires, les charges des compagnies d'assurance ont également connu une progression significative sur les dernières années. Les prestations et frais payés ont ainsi atteint, au titre de l'année 2012, 15,2 MMDH contre 13,6 MMDH une année auparavant, soit une progression de 11,3% en une année. Pour la fédération, le dénouement serait que les compagnies soient plus regardantes sur la tarification de leurs produits et sur le contenu des garanties car «l'équilibre financier doit être avant tout recherché au niveau de leur activité». Dans ce sens, le ratio combiné doit être toujours inférieur à 100%. La révision de la tarification par les compagnies ne sera pas chose aisée, eu égard au caractère très concurrentiel du marché des assurances. Dans ce contexte, l'augmentation tarifaire doit demeurer un dernier recours. Nouvelle phase de croissance Un nouveau venu devrait également perturber l'activité du secteur, à savoir le projet relatif à la finance islamique qui prévoit la création de compagnies d'assurance spécialisées dans le Takaful. Pour cause : l'importance de l'investissement que pourrait générer cette spécialisation risque de dissuader bon nombre de compagnies nationales à investir ce créneau, qui présente pourtant un gisement indéniable pour la croissance du secteur. Nous risquons de voir une concentration sur ce marché. En définitif, le secteur des assurances au Maroc recèle un potentiel de développement important, eu égard à la faiblesse du taux actuel de pénétration du marché (quand le taux de pénétration était à 3% celui de la France culminait à 10% et celui de l'Afrique du Sud à 12,9%). Ainsi dans un pays où se confirment l'amélioration du niveau de vie de la population et l'émergence d'une nouvelle classe moyenne où le changement des mentalités se traduit par une réticence moindre aux produits d'assurance, le secteur est amené à davantage croître surtout avec la signature de son contrat-programme. Pour profiter de ces opportunités, des défis restent à relever, à savoir maîtriser les taux de sinistralité et la volatilité des marchés financiers. En parallèle, les compagnies de la place devront poursuivre l'extension de leur réseau d'agents, intensifier leurs efforts en termes d'innovation, renforcer leur dispositif de gestion des risques et optimiser leurs synergies avec les partenaires financiers, notamment les banques auxquelles elles sont adossées.