Habib Malki, membre du bureau politique de l'USFP, parti qui a décidé de voter pour le «oui», explique les raisons de ce choix et aborde les nouveautés de la Constitution sans oublier la situation au sein de la maison socialiste. Comment évaluez-vous le projet de la future Constitution ? Force est de constater que nous ne sommes pas face à un document révisé, mais bien à une nouvelle Constitution, laquelle, à mon avis, est le prélude à la monarchie parlementaire. Une nouvelle Constitution également par la philosophie qui la sous-tend, une modernisation et une rationalisation de la pratique du pouvoir instaurant de nouvelles bases entre ses détenteurs. La future Constitution marquera un tournant dans notre système politique aussi par la méthodologie du travail ayant abouti à ce projet qui sera soumis, le 1er juillet, au referendum. Habib Malki : «Dans cette nouvelle Constitution, le roi est appelé à jouer plus un rôle d'arbitre, d'orientation stratégique et de préservation de l'unité nationale ». Justement, la méthodologie suivie par le Mécanisme politique qui n'a pas fait l'unanimité, a-t-elle répondu aux attentes de l'USFP ? Nous nous inscrivons dans le système politique, c'est justement pour le faire évoluer vers une plus grande démocratisation et une plus grande rationalisation. C'est sur cette base que nous agissons. C'est le cumul des expériences des partis, des syndicats et de la société civile qui a permis de faire émerger un projet collectif. Justement, la méthodologie suivie par le Mécanisme politique qui n'a pas fait l'unanimité, a-t-elle répondu aux attentes de l'USFP ? Nous nous inscrivons dans le système politique, c'est justement pour le faire évoluer vers une plus grande démocratisation et une plus grande rationalisation. C'est sur cette base que nous agissons. C'est le cumul des expériences des partis, des syndicats et de la société civile qui a permis de faire émerger un projet collectif. Qu'entendez-vous par rationalisation ? C'est principalement la séparation des pouvoirs dont il est fait état dans le projet de la nouvelle Constitution entre le législatif, l'exécutif et le judiciaire. Une séparation qui ne signifie pas pour autant des rapports conflictuels entre les trois pouvoirs mais le respect de l'exercice de leurs attributions dans le cadre de la complémentarité. Quelle est la place du roi selon cette nouvelle configuration ? Dans cette nouvelle Constitution, le roi est appelé à jouer plus un rôle d'arbitre, d'orientation stratégique et de préservation de l'unité nationale. Au cours de la réunion, samedi, du conseil national, certaines voix ont contesté le projet de la future Constitution. Je fais là référence à celles de Mohamed Boubekri et Abdelkader Baina…. Tous les points de vue sont respectables. Lors de cette session, le conseil national du parti a décidé de dire un « oui » franc à la nouvelle Constitution. Je tiens à rappeler que c'est la deuxième fois que l'USFP vote en faveur d'une Constitution après celle de 1996 qui a balisé la voie au gouvernement de l'alternance et certainement celle de 2011 mettra fin à la transition démocratique. Une transition qui a connu une parenthèse avec avec la nomination du gouvernement de Driss Jettou en 2002, cependant il y a eu un retour au respect de la méthodologie démocratique avec le gouvernement de Abbas El Fassi en 2007 mais sans fondements constitutionnels… Vous faites référence au discours du roi devant le Parlement en 2006… Absolument. La nouvelle Constitution mettra effectivement fin à la transition démocratique avec la délimitation de façon claire des champs des trois pouvoirs, une réhabilitation du rôle des partis appelés à assumer pleinement la responsabilité du pouvoir en fonction des résultats des législatives. Justement, les partis politiques sont-ils à même d'assumer cette responsabilité ? En politique, on n' attend pas que les conditions du changement se réunissent pour opérer. C'est la dynamique du changement de la société qui aide à une décantation pour mieux identifier les véritables forces matures à émerger et à se consolider. On oublie facilement que ce projet de nouvelle Constitution a été élaboré sur la base de propositions de memorandums rédigés par les élites des partis. Leur contribution a été qualitative dans l' architecture de cette nouvelle Constitution. Ces élites ont montré qu'elles sont capables de faire entrer le Maroc dans la modernité. Partagez-vous les craintes qu'ont certaines parties sur le taux de participation au referendum du 1er juillet ? A nous de jouer. Tous les partis et les syndicats ont contribué à ce projet de Constitution. Il faut être conséquent en s'impliquant et en engageant tous les moyens pour une forte mobilisation populaire au niveau local, provincial, régional et national pour un oui franc le jour du referendum. A l'USFP, des informations font état de guerre entre vous, Oualalou et Lachgar pour la succession à Radi lors du prochain congrès … Aujourd'hui, cette question ne se pose pas. Les urgences sont ailleurs. A quand le prochain congrès de l'USFP, sachant que lors de la réunion du samedi, il a été décidé la tenue d'une session extraordinaire juste après le referendum ? Une session spéciale du conseil national du parti se tiendra au lendemain du referendum. Elle sera consacrée au parachèvement de l'agenda politique du parti portant sur la préparation des prochaines élections et du prochain congrès.