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Quand l'Oriental nargue l'Algérie…
Publié dans L'observateur du Maroc le 04 - 10 - 2011

Entre deux montagnes du massif de Beni Snassen, des voix brisent les silences politiques. Séparés par l'Oued Kiss de quelques mètres de largeurs, des jeunes et moins jeunes font tomber, symboliquement, la frontière encore fermée par le gouvernement algérien.
La scène est hilarante ! Sur la frontière méditerranéenne, au niveau de Saïdia, côté marocain et de Marsa Ben M'Hidi, côté algérien, Marocains et Algériens s'en donnent à cœur joie pour décomplexer le grand malentendu entre les deux pays.
Drapeaux et bons sentiments
Sur le territoire algérien, trois drapeaux frappés du croissant et de l'étoile rouge marquent la zone de notre voisin de l'est. Deux gardes-frontières algériens observent avec nonchalance les discussions, les taquineries, voire même les insultes qui fusent entre les citoyens des deux pays. De l'autre côté, au Maroc, nul signe de l'appartenance territoriale. Pas de membres des Forces armées royales, ni d'emblème rouge et vert. La raison à cela ? «Pendant plusieurs semaines, les autorités algériennes et marocaines ont mené une bataille autour des drapeaux. L'Algérie a commencé par mettre le sien, le Maroc a fait de même. Nos voisins en ont hissé de nombreux autres. Au final, le Maroc n'a pas voulu céder à cette surenchère et a retiré tout ses drapeaux», nous raconte un des curieux visiteurs de cette frontière, un habitant de Saïdia. Ce dernier nous explique les raisons de sa visite : «venir ici est un passage obligé pour les habitants de la région. On y vient, seul ou en famille, saluer nos frères algériens».
Pour Hajja Mina, venue d'Oujda avec ses enfants et ses petits-enfants, cette visite est émouvante. Saluant affectueusement de la main des jeunes algériens, elle se remémore son enfance algérienne : «je me sens autant Algérienne que Marocaine. Mes enfants ont vécu et étudié à Tlemcen. Les liens de sang et du partage ne peuvent disparaitre avec le temps». À peine sa phrase terminée, Hajja Amina laisse couler une larme. Ses enfants regrettent la déchirure entre les deux pays, qui dure depuis 50 ans.
4-0 La vanne assassine
Les jeunes de la région sont aussi marqués par ce lien à l'Algérie. Bouteille de bière à la main, Saïd est installé avec ses amis sur le bord de la frontière marocaine. Il lance des vannes aux Algériens sis sur l'autre rive. Ce jeune homme énumère les différentes tares de l'Algérie avant de clore avec les déboires du foot algérien. Cette remarque assassine irrite le groupe d'Algériens qui rétorque avec force pour «sauver l'honneur» de la patrie au million de martyrs. Le ton monte, les Marocains moqueurs leur lancent un «pas de rancœur entre frères». L'incident est clos, l'ambiance bon enfant reprend ses droits.
M'hamed est de Berkane, il a emmené avec lui trois de ses amis fassis pour «voir» l'Algérie de plus près. Gagné par la nostalgie, ce Berkani déplore la fermeture de la frontière. Pessimiste, il ne croit pas à son ouverture prochaine «mais on s'est habitué à cette réalité et on fait avec», relativise-t-il, avant de reprendre la route.
Loin de l'Algérie… proche de l'Europe
Le chemin du développement de la région ne dépend plus que du bon vouloir des autorités algériennes. Au Maroc, un important effort d'investissement public est réalisé depuis dix ans pour désenclaver la région et rompre sa dépendance économique envers l'Algérie. Mohamed Mbarki est le Directeur général de l'agence de l'Oriental. Ce natif de la région pilote l'Initiative Royale pour le développement de l'Oriental, annoncée par le Roi Mohammed VI le 18 mars 2003. «D'une part, les citoyens et l'économie de la région sont traumatisés par le cycle d'ouverture-fermeture des frontières. D'autre part, la technostructure de Rabat regardait cette région avec dédain», regrette Mbarki. Aujourd'hui, la région tient son destin en main. «D'une région cul-de-sac pendant longtemps, où on se heurte à un mur [la frontière], on est en train de jeter les bases d'un développement économique. Et ce, grâce à des investissements stratégiques que l'Initiative Royale permet d'apporter», souligne le DG de l'agence de l'Oriental.
Taoufiq Boudchiche est économiste. Cet oujdi dirige le pôle coopération internationale et promotion économique à l'agence de l'Oriental. Pour lui, les projets structurants actuels intègrent la région à des espaces plus larges. «L'économie locale était, pendant longtemps, associée à l'ouverture des frontières. L'Initiative Royale relie la région à l'espace de la Méditerranée et à l'Europe. Le Maghreb demeure un choix vital mais il dépend des aléas de la diplomatie», explique cet expert de la région.
L'ouverture de l'autoroute Fès-Oujda en juillet 2011, 320 km de bitume qui ont coûté pas moins de 9 milliards de dirhams, permet à la région de l'Oriental d'être mieux reliée à l'économie nationale. «Les opérateurs ne peuvent plus parler d'une région enclavée, difficile d'accès», affirme T. Boudchiche. L'Est du Maroc est désormais très bien relié à l'Europe aussi. «Nous sommes à moins d'une heure de Marseille et à deux heures des grandes capitales européennes. Notre région est plus liée à l'Europe que Casablanca. D'ailleurs il est plus facile d'aller à Düsseldorf à partir de Nador que depuis la capitale économique», précise M. Mbarki.
Un plan Marshal
Pour faire de la région un pôle d'excellence, l'Etat a choisit d'installer trois plateformes industrielles intégrées (P2I) innovantes. Il s'agit de la Technopole d'Oujda (20 000 emplois directs et indirects), le Parc industriel de Selouane et l'Agropole de Berkane. Une offre territoriale consolidée par une infrastructure aéroportuaire, ferroviaire et routière qui croît à un rythme accéléré. Trois aéroports (Oujda, Nador et Bouarfa), un port à Nador, la rocade méditerranéenne (Tanger-Saïdia, Saïdia-Nador, le tronçon jusqu'à Al Hoceima sera mis en service en 2012), le dédoublement de la route Oujda-Nador sur 120 km, la voie ferrée Taourirt-Nador sur 117 km et enfin le projet, encore en cours, de Marchica à Nador. Ce complexe maritimo-touristique, d'une valeur de 11 milliards de dirhams, s'ajoute à la station Mediterrania Saïdia, l'un des projets prévus par le plan Azur, inauguré le 19 juin 2009. Sur la bordure de la Méditerranée et à 7 km de Saïdia, cette cité touristique se compose de trois hôtels et un port de plaisance (le 3e plus grand de toute la Méditerranée). Prochainement, onze résidences touristiques et douze villages de vacances, d'une capacité de 17 000 lits, seront édifiés. Un projet pharaonique nécessitant un investissement public-privé de 19 milliards de dirhams et ayant déjà créé 900 emplois directs et 3000 indirects.
Ce plan Marshal dédié à la région permet de la hisser, selon T. Boudchiche, de la «11e à la 6e place nationale, au niveau du PIB et du pouvoir d'achat. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes. Après cette phase de mise à niveau des infrastructures, la prochaine étape devrait nous permettre d'attirer les investissements privés créateurs d'emplois pour prendre le relais et favoriser l'arrivée de nouvelles compétences dans la région».
Un chômage inquiétant
Ces réalisations et ces espérances buttent néanmoins sur une réalité de terrain peu reluisante. À la deuxième semaine de septembre, le vent souffle sur les hôtels de la station Saïdia. La fin de la saison touristique contribue à la baisse de la qualité des services d'un des hôtels de la station. Le laisser-aller est manifeste. Les derniers groupes de touristes présents ne se plaignent pas pour autant. Venus d'Europe de l'Est, les quelques rayons de soleil leur donnent satisfaction.
Les chaînes hôtelières internationales réduisent déjà leur effectif, avant même la fin de la saison touristique de trois mois. Soufiane est originaire de Berkane, il travaille dans un hôtel de la station et touche 2300 DH dans le cadre d'un contrat ANAPEC. «D'ici quelques jours, je devrai trouver un nouveau travail, tout en espérant être repris pour la saison prochaine», souhaite ce jeune homme, lauréat d'une école de formation en hôtellerie.
Dans la ville de Saïdia, même ambiance. Les cafés et les restaurants ferment l'es uns après les autres, signant la fin de la saison estivale. La main-d'œuvre, venue des villes avoisinantes, plie bagage. «Il nous reste encore une semaine de travail avant de fermer et d'aller vers une autre ville», déclare Mohammed, serveur dans un snack, originaire de Figuig.
Mais le rush estival que connait la ville crée son lot de désagréments et laisse des traces dont continue de souffrir la population locale car l'inflation des prix atteint des sommets et perdure tout au long de l'année. «Les prix des produits de base sont comparables à ceux pratiqués à Casablanca ou à Tanger. C'est beaucoup trop pour une population qui dépanne pendant 8 mois et ne travaille que 3 mois par an», proteste, agacé, Jalal, informaticien originaire de Fès. Le taux de chômage dans l'Oriental se situe à 18%, soit le plus élevé au Maroc. Ce chiffre atteint 21.1% en milieu urbain, un record national avec celui enregistré dans la région du Gharb. Le défi des années à venir sera de résorber le nombre important des demandeurs d'emplois qui arrivent sur le marché. Mais les nombreux projets lancés arriveront-ils à atteindre ce but ? Wait and see.


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