Rabat : un atelier scientifique rapproche les conseils religieux du Maroc et des Emirats arabes unis    Marsa Maroc clôt le 10 septembre un appel d'offres pour des bâtiments et un poste électrique à Nador West Med    Le Maroc concentre 234 000 tonnes de cobalt dans la région MENA, 91 % de la production et de la consommation totales, un record    Une étude démontre l'efficacité du grignon d'olive marocain pour éliminer le bleu de méthylène des eaux usées    Aïd Al Mawlid Annabaoui célébré le vendredi 05 septembre    Maroc : un incendie ravage 180 hectares dans le parc naturel de Bouhachem à Chefchaouen    Droits de douane : Washington cible les importations de meubles étrangers    Espagne: Les incendies bientôt sous contrôle    Vol Lyon-Porto : un passager tente d'entrer dans le cockpit, l'avion fait demi-tour    Mondial 2026 : le Mexique espère obtenir plus de trois milliards USD de retombées    Aid Al Mawlid célébré le 5 septembre. Un jour férié ou deux ? Ce que prévoit la loi    Sénégal : Un cas de Mpox confirmé à Dakar    Liga / J2 : Résultats (samedi). Programme (dimanche)    Sports aquatiques. : Conférence de presse de la FRMN ce mardi à Casablanca pour présenter la 4e édition du Championnat arabe de natation (Maroc)    Liga / J2 : Une énième remontada du Barça !    Diaspo #403 : Zineb Fares, de Casablanca à Londres, la success story de Raphia une marque de chocolat marocaine    Algérie dans le rapport du département d'Etat américain 2024 : Dictature sombre et risques pour les investisseurs et les touristes    Eid Al Mawlid Annabaoui 2025 to be celebrated on September 5 in Morocco    Le 1er Rabie I 1447 correspond au lundi 25 août, Aïd Al Mawlid Annabaoui sera le 5 septembre    L'enquête «Dames de fraises, doigts de fée» de Chadia Arab devient une bande dessinée    La Mamounia... A Moroccan Legend Crowned Among the World's Greatest Hotels    New organization unites Moroccans worldwide for development and diversity    Tourisme en images – EP6. Les immanquables de Casablanca-Settat    Ifrane : Scandale dans un camp d'été, deux encadrants poursuivis pour atteinte à un mineur    En Algérie, un appel d'opposants dénonce un pouvoir «privé de légitimité réelle» et réclame une mutation démocratique    Su-57 : l'Algérie demeure l'unique cliente d'un chasseur en mal de crédibilité internationale    Les thèses de rivalités et de succession dans les institutions marocaines, relayées par certains médias espagnols, «sont purement fictives», écrit Omerta    Qualifs Mondial 2026 : Walid Regragui dévoilera sa liste le jeudi 28 août    ONU : Un Zambien nommé Conseiller spécial pour la prévention du génocide    Interview avec Abderazak kabouri : Décryptage des enjeux de la réforme électorale    Bangladesh: Visite du chef de la diplomatie pakistanaise, une première en 13 ans    La plateforme Kick de nouveau sous pression après le décès du streamer Jean Pormanove    CHAN-2024 (Quarts de finale): Le Maroc bat la Tanzanie (1-0), va en demi-finale    AS Monaco : Leverkusen proche de recruter Eliesse Ben Seghir    Morocco leads as top buyer of Spanish gas    Un tribunal prononce une peine alternative pour la première fois au Maroc    Mondial 2026 : les Lions de l'Atlas proches d'une troisième qualification consécutive    Le Maroc entre vérité et propagande : des services de renseignement harmonisés et une expérience sécuritaire pionnière qui renforcent la stabilité    L'armée algérienne interdit aux Sahraouis de quitter Tindouf afin de réduire l'émigration vers l'Espagne    L'auteur américain Jeff Koehler revisite le séjour de Henri Matisse au Maroc    Une exposition itinérante célèbre l'Histoire partagée entre Amsterdam et le Maroc    Xing-Tang célèbre 60 ans de développement et de prospérité sociale    L'UNESCO annonce un record de 264 millions d'étudiants inscrits    Nador : Les images d'un mariage extravagant à Zeghanghane font polémique    Congrès du soufisme: le Royaume affirme son modèle de l'islam modéré    Team'Arti Festival 2025 : Témara et Harhoura s'installent au cœur de la culture urbaine    Interview avec Dr Aziz El Kobaiti : « Le soufisme invite chacun à agir avec justice et à servir la société »    Aziz Chikh, cet ambassadeur de la cuisine meknassie qui a fait élever sa cuisine au rang de gastronomie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'autre récit de Bachir Dkhil #4 : «La population de Tindouf est un otage politique»
Publié dans Yabiladi le 18 - 03 - 2018

Dans ce dernier épisode d'entretien avec Bachir Dkhil, ancien membre fondateur du Front Polisario, notre invité revient sur l'évolution du mouvement séparatiste, depuis la Marche verte jusqu'à aujourd'hui, en passant par le bras-de-fer armé avec le Maroc.
Dans l'épisode précédent, Bachir Dkhil a évoqué auprès de Yabiladi les premières réactions des partis politiques marocains face à l'évolution du Front Polisario, au début des années 1970. Ici, il nous indique que l'année 1975 a marqué un nouveau tournant dans l'histoire du mouvement, né au départ en tant que front de résistance contre l'occupation pour porter, par la suite, des revendications séparatistes.
Revenu au Maroc au début des années 1990, notre interlocuteur rappelle que la Marche verte (6 novembre 1975) a eu un grand impact sur l'atmosphère politique au cœur de Tindouf, «malgré sa coïncidence avec de graves erreurs commises par l'Etat marocain à Laâyoune, Smara, Dakhla, Tan Tan et Guelmim, en matière de droits humains et de sécurité des personnes», précise-t-il.
Bachir Dkhil ajoute que depuis, «le Maroc a reconnu ses erreurs, ce qui est positif. Mais l'autre partie ne reconnaît toujours pas sa part de responsabilité pour le tort causé aux Sahraouis, dont des habitants ont été emprisonnés et tués. Abdelaziz (leader défunt du Polisario) a lui-même reconnu, lors du huitième congrès du Polisario, que 54 Sahraouis ont été tués à cause d'erreurs stratégiques et qu'ils sont ainsi considérés comme des martyrs».
Le jour où la «RASD» a été proclamée
Lors de son entretien avec Yabiladi, Bachir Dkhil a également évoqué la proclamation de la «République arabe sahraouie démocratique» (RASD) par le Front Polisario, le 27 février 1976. Pour lui, cette décision a été «une grave erreur» :
«Le Front réclamait la tenue d'un référendum d'auto-détermination. Cela signifie que le Sahara occidental pouvait devenir un Etat comme il pouvait rester, après cela, une province du sud du Maroc. Comment peut-on décréter la création d'un état sans avoir donc suivi de processus ? Lorsqu'un Etat existe bel et bien, on ne peut pas revenir en arrière pour évoquer le principe d'autodétermination. Si le Polisario en était encore là, c'est que lui-même n'était pas convaincu de l'existence de son Etat.»
Ainsi, Bachir Dkhil considère que la proclamation de la «RASD» a eu pour but d'impliquer l'Afrique dans ce conflit plus qu'autre chose :
«Il s'agit de donner l'impression qu'il existerait une certaine légitimité et que le Polisario est le représentant unique. Sauf que prétendre représenter un peuple qui n'a pas été consulté pour vous choisir ni pour vous élire revient à reconnaître que vous avez recours aux mêmes méthodes qu'une dictature, à l'image de la Corée du Nord.»
Concernant la guerre ayant opposé le Polisario au Maroc et à la Mauritanie, Bachir Dkhil nous confie que «le but derrière cela a été l'élimination de la jeune élite politique des deux pays. Sauf que mathématiquement et logiquement, le Polisario ne peut jamais vaincre le Maroc, sur le plan militaire».
Depuis, «les choses ont changé»
Actuellement et depuis le temps, la situation dans le Sahara a changé, selon l'ex-membre fondateur du Polisario :
«Le Maroc évolué sur le plan étatique et institutionnel, depuis les années 1970. Le droit de rassemblement est garanti par la loi. Nous sommes encore dans le processus de construction d'un Etat démocratique, mais malgré quelques aspects à débattre, la nouvelle Constitution de 2011 a permis des avancées. Elle s'intéresse notamment à l'action de la société civile à travers douze points-clés. Aujourd'hui et rien que dans les provinces du Sud, il existe 13 000 associations et il est important de le souligner.»
A la question de la solution pacifique au conflit, Bachir Dkhil indique que «toutes les décisions basées sur la résolution onusienne 15-14 doivent être revues. Cette décision prévoit trois options possibles, à savoir que la population dans le Sahara se dote d'un Etat, obtienne un statut d'autonomie ou se fonde avec l'un des pays voisins» :
«Dans la zone disputée du Sahara, l'Espagne a comptabilisé près de 74 000 habitant. Mais lorsque Hassan II a déclaré en 1980 être prêt à permettre à cette population de jouir du principe d'autodétermination, l'Algérie et le Polisario sont remontés à la charge, arguant que le peuple sahraoui était constitué de 750000 habitants, ce qui a poussé le Maroc à exiger leur identification.»
Selon Bachir Dkhil, «le Polisario a commencé à faire une propagande, selon laquelle le Maroc refusait l'option de l'autodétermination. Au même moment et pour Erik Jensen (représentant spécial du secrétaire général de l'ONU au Sahara Occidental de 1993 à 1998, ndlr), la tenue d'un référendum ne pouvait être la solution la plus équitable».
Ainsi, notre interlocuteur estime que «le problème doit être résolu par la négociation entre les parties prenantes de la question. Il existe une réelle volonté de mettre fin au conflit, mais cela ne peut se faire sans que la France, historiquement acteur-clé de la situation, n'entreprenne des démarches dans ce sens».
Quel avenir pour le Polisario et pour la population de Tindouf ?
Bachir Dkhil se projette dans l'avenir de la situation, concernant notamment le Polisario :
«D'ici quelques années, un changement s'opérera au sein des instances politiques et décisionnelles du Front. C'est la loi de la nature. Les personnes-clés seront remplacées par une génération mieux formée et plus pragmatique. Aujourd'hui, les jeunes ne croient plus en des promesses dont les actes ne suivent pas. Ils veulent vivre en paix.»
Par ailleurs, Bachir Dkhil a indiqué que les Etats-Unis ne pouvaient pas laisser grandir un conflit de plus dans la région, qui s'ajouterait à la lutte antiterroriste et à la guerre menée contre les groupuscules armés opérant dans le Sahara et le Sahel.
Dans cette configuration, la population de Tindouf serait-elle donc réfugiée ou détenue ? Notre interlocuteur l'explique :
«Le Polisario la considère comme réfugié, sans lui accorder de statut officiel. Quant au Maroc, il la considère comme détenue puisqu'elle ne peut effectivement pas sortir des camps sans permission. Malgré une certaine ouverture dans ce sens, la problématique de la mobilité de pose toujours.»
De ce fait, notre interlocuteur insiste sur l'impératif de différencier les membres du Front de la population civile des camps de Tindouf : «Le Polisario est un groupe de personnes bien défini, contrairement aux habitants des camps. Ces derniers constituent des familles entières, loin de tout calcul politique.»
Précisant être bien informé sur les conditions de vie d'une population considérée comme «otage d'objectifs politiques divergents», Bachir Dkhil conclut en rappelant que les habitants des camps de Tindouf «vivent dans une situation précaire et inhumaine». Il indique que même si certains parmi eux souhaitent de tout leur cœur passer la frontière pour revenir au Maroc, «ils obtiennent de moins en moins de permis de sortir ou de visa. C'est extrêmement injuste».


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.