Durant six jours, les auditeurs de la majeure «défense et sécurité économiques» de la cinquième session nationale de l'Institut des hautes études de défense nationale (Ihedn, France) ont mené un parcours d'étude dans cinq villes marocaines. Au programme : coopération civilo-militaire, excellence industrielle, dialogue universitaire et consolidation d'un partenariat inédit avec le Collège royal de l'enseignement militaire supérieur. Rapprocher les cadres français des enjeux régionaux marocains Du 19 au 24 mai, l'Ihedn a conduit une mission d'étude au Maroc, dans le cadre de sa session nationale dédiée à la «défense et sécurité économiques» (DSE). Composée de hauts fonctionnaires, d'officiers supérieurs et de cadres dirigeants, la délégation a poursuivi un objectif central : «approfondir la compréhension des relations franco-marocaines dans une perspective stratégique, éducative et sécuritaire». Ce déplacement s'est inscrit dans une logique de projection pédagogique : «permettre aux auditeurs d'appréhender concrètement les mécanismes de coopération bilatérale en visitant des institutions civiles, industrielles et militaires de premier plan», a-t-on affirmé. Structurée autour de cinq pôles urbains – Rabat, Kénitra, Tanger, Casablanca, Ben Guerir – la mission a multiplié les visites d'installations, les entretiens institutionnels et les exposés doctrinaux. Dialogue académique à Rabat et immersion militaire à Kénitra À Rabat, les auditeurs ont été accueillis à l'université internationale de Rabat (UIR) par le vice-président Abdelaziz Benjouad et le professeur Michel Boyer. La présentation des cursus de la Rabat Business School (RBS) a permis de mettre en évidence «une orientation forte vers l'entrepreneuriat, l'innovation pédagogique et les partenariats internationaux». Le lendemain, à Kénitra, la délégation a été reçue au collège royal de l'enseignement militaire supérieur (CREMS), en présence du colonel-major Oussama Aqachmar, directeur du centre de recherche et d'études pour la relève de la défense (CRERD), et du colonel Stéphane Chalmin, officier de liaison français. Après une présentation des dispositifs de formation des officiers supérieurs, les auditeurs ont assisté à des démonstrations de simulation tactique (système JCATS) et opérative (système JTLS), utilisés dans l'entraînement des unités marocaines. Trois fondements pour un partenariat stratégique entre l'IHEDN et le CREMS Ce passage par le CREMS a permis de jeter les bases d'une collaboration académique structurée. Trois axes ont été définis : «un accompagnement pédagogique à travers le partage de la méthodologie de décision stratégique mise en œuvre à l'IHEDN» ; «la création de cycles de conférences conjointes à distance, fondées sur des thématiques stratégiques communes» ; «l'ouverture de la revue Horizons défense, éditée par le CRERD, à des contributions françaises en matière doctrinale et méthodologique». Ce dialogue inédit repose sur une volonté partagée de faire émerger «un pôle de réflexion stratégique civilo-militaire à l'échelle africaine et euro-méditerranéenne», à partir de formations de haut niveau, de publications croisées et d'échanges réguliers entre praticiens, enseignants et chercheurs des deux pays. Rencontre avec les acteurs économiques à Tanger et Casablanca À Tanger, la délégation a été reçue par le consul général de France, avant de visiter l'usine Renault et le port Tanger Med, première plateforme portuaire du continent. Cette étape a mis en évidence «la structuration logistique du nord marocain et sa complémentarité avec les filières industrielles européennes». Casablanca a ensuite offert un panorama du tissu technologique et aéronautique marocain : visites de Thalès 3D Maroc, du groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), de l'institut des métiers de l'aéronautique (IMA), de Safran Electronics & Defense et du cyber centre Deloitte. La journée s'est achevée à la chambre française de commerce et d'industrie du Maroc (CFCIM), en présence du directeur général Jean-Charles Damblin. Clôture à Ben Guerir et Marrakech : innovation et prospective africaine Dernière étape du parcours, Ben Guerir a offert aux auditeurs une plongée dans l'université Mohammed VI polytechnique (UM6P), considérée comme l'un des pôles scientifiques les plus avancés du continent. Fondée sur une approche interdisciplinaire, cette institution est tournée vers les grands enjeux de l'agriculture durable, de la transition énergétique et de l'innovation africaine. La mission s'est conclue à Marrakech par une réception au consulat général de France.