L'économie algérienne vacille. À mesure que les cours du pétrole retombent à leur niveau d'avant la pandémie de Covid-19, le pays, lourdement dépendant de ses exportations d'hydrocarbures, voit se profiler le risque d'une récession brutale. Un double coup de semonce s'abat sur Alger : d'un côté, l'inflexion stratégique de l'OPEP+ conduite par Riyad et Abou Dhabi ; de l'autre, une recomposition accélérée des flux énergétiques mondiaux sous impulsion américaine. Sous la pression combinée de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, l'alliance OPEP+ s'oriente vers une hausse de sa production, avec une cible fixée à 411 000 barils supplémentaires par jour. Une décision qui fait vaciller l'équilibre fragile des économies rentières, au premier rang desquelles figure l'Algérie. Pour Alger, qui fonde près de 90 % de ses recettes en devises sur les exportations d'hydrocarbures, cette manœuvre équivaut à un sabordage : l'augmentation de l'offre mondiale, dans un contexte de demande tempérée, ne peut que tirer les prix vers le bas. Mais la pression ne s'arrête pas aux portes de l'OPEP. Depuis le retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les exportations américaines de gaz naturel vers l'Europe ont connu un essor fulgurant. Résultat : l'Algérie, jadis premier fournisseur gazier du Vieux Continent, se retrouve reléguée au troisième rang, derrière la Russie — toujours active malgré les sanctions — et les Etats-Unis, devenus le nouvel acteur hégémonique du marché transatlantique. Lire aussi : Le Trésor place 1 MMDH d'excédents de trésorerie Cette érosion du rang algérien sur l'échiquier énergétique mondial n'est pas sans conséquences. Les rentrées en devises s'amoindrissent, les marges budgétaires se rétrécissent, et les fragilités structurelles du modèle économique algérien — fondé sur une rente fossile de plus en plus instable — apparaissent au grand jour. Dans ce contexte, le scénario d'une récession sévère n'est plus une hypothèse marginale, mais une menace de plus en plus concrète. À l'instar du Nigeria, autre géant pétrolier africain, l'Algérie affronte un dilemme stratégique : persister dans une dépendance à l'égard d'un or noir devenu capricieux, ou accélérer une diversification économique qui, malgré les discours officiels, tarde à se concrétiser. Car si les chocs extérieurs dictent une grande partie de l'agenda conjoncturel, c'est bien l'absence de réformes structurelles en profondeur qui expose le pays aux turbulences les plus graves. La décennie entamée s'annonce décisive. Sans réorientation audacieuse de sa stratégie économique, l'Algérie risque de payer au prix fort son attachement prolongé à une rente énergétique en déclin. Un réveil brutal, dans un environnement géopolitique et énergétique en mutation rapide.