« Le Maroc vit une transition démographique » est le constat qui découle du Recensement général de la population et de lHabitat effectué par le Haut Commissariat au Plan en septembre 2004. Les signes de cette transition sont les suivants : recul de lâge de mariage, diminution du taux de fécondité chez les femmes, célibat endurci de la population Les résultats du Recensement général de la population et de lHabitat effectué par le Haut Commissariat au Plan en septembre 2004 méritent analyse et commentaire. A cet effet, Jawad Kerdoudi, président de lInstitut marocain des relations internationales, a invité Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan pour une meilleure interprétation des résultats. Avant de donner la parole à Lahlimi, le président de lIMRI sest félicité du recensement basé cette fois-ci sur une expertise entièrement marocaine. La tâche na pas été facile parce quil sagit de 7 millions de documents traités, soit 7.000 documents par jour et qui ont nécessité une année de travail. Toutefois, en dépit de la qualité du travail et bien que le taux de la pauvreté sest amélioré, les efforts à déployer sont importants. Pour Jawad Kerdoudi, les points qui ont attiré son attention sont le taux danalphabétisme qui reste élevé. 12 millions dhabitants ne savent ni lire ni écrire, dont 60% dans le milieu rural. En outre et bien que le taux de scolarisation oscille autour de 80%, il est noter que 27% des élèves sarrêtent à la fin du primaire, 22% accèdent au secondaire et 5% au supérieur. Lapprentissage de langues étrangères, en plus des langues nationale et française laisse beaucoup à désirer. 5,6% de la population marocaine apprend des langues étrangères. Un autre point a été soulevé par le président de lIMRI : il sagit du pourcentage de la pauvreté qui sest amélioré (56,8%), mais qui reste contrebalancé par lhabitat insalubre qui concerne 15% de la population. A signaler aussi les efforts appréciables de lONE et de lONEP pour laccès à lélectricité (90%) et à leau potable (83%), mais cela nempêche que des défis sont à relever dans le milieu rural. Transition démographique : des conséquences trop lourdes ! Pour le Haut Commissaire au Plan, le recensement sest effectué sur des bases plus avancées que celles de 1994. Parmi les caractéristiques du recensement, nous pouvons citer la lecture automatique des documents, le traitement de lexhaustivité et le taux derreur de 0,00 pour mille. Les résultats sont basés sur le calcul de deux indices. Le premier est lindice de développement humain qui prend en considération trois variables (revenu, niveau dinstruction et santé) et le second est le développement social qui sadresse à la collectivité et se matérialise par laccès aux services de base. Ces deux indicateurs ajoutés à celui de la pauvreté précisent la dynamique de la pauvreté. Les résultats du recensement ont mis en évidence que le Maroc est en train de vivre une transition démographique. La fécondité est passée de 7 enfants par femme au cours des années 60 à 2,5 en 2004. 60% des femmes dans le milieu rural ont recours à la contraception. Autre élément de la transition démographique : la baisse de la part de la proportion des jeunes de moins de 15 ans. Pour le Haut Commissaire au Plan, cette baisse signifie moins de problèmes denseignement et quil est temps de se poser la question quant à lamélioration de la qualité de lenseignement à tous les niveaux. Le raisonnement adopté par Ahmed Lahlimi mérite une attention particulière. Il estime que dans les 20 années à venir, le Maroc est appelé à créer 30 millions de postes de travail. Au cours de cette période, lEurope aura également besoin de 30 millions demployés. Il savère donc plus judicieux pour les deux pays de coordonner ensemble en matière de formation, sans pour autant que lEurope considère quelle le fait uniquement pour le Maroc. Une autre problématique se posera et sur laquelle il faut réfléchir dès aujourdhui : il sagit de la retraite. Ahmed Lahlimi a aussi attiré lattention sur les travaux délaboration des cartes qui ont été bouclés. Cette carte a la particularité dêtre 100% marocaine. Le taux de pauvreté a été défini conformément aux normes internationales. Il est la somme de deux composantes : une composante alimentaire équivalente au coût du panier garantissant le minimum nutritionnel requis (1984 KC/jour/personne) qui est une norme recommandée par la FAO : et une composante non alimentaire équivalente au coût du panier non alimentaire des ménages qui atteignent effectivement le minimum nutritionnel, approche recommandée par la Banque mondiale. La pauvreté est donc la croissance, lemploi et le revenu. Si la croissance de la population reste ce quelle est et le taux de croissance du PIB reste le même, le Maroc aura un taux de chômage de 16% au moment de la zone de libre-échange avec lEurope. Comment accroître le PIB, comment le répartir pour que les zones défavorisées aient leur part ? Tels sont les vrais problèmes quil faut aborder dès maintenant.