Lors dun débat entre experts financiers et boursiers de différentes nationalités, à loccasion du forum EMEA, organisé par « Atos Euronext » dernièrement à Casablanca, plusieurs axes ont été débattus : amélioration de la liquidité des marchés, plan daction G30, technologies et surveillance des marchés... Détour. Le Forum EMEA tenu récemment à Casablanca a été loccasion de faire le point sur plusieurs thèmes dimportance relatifs aux marchés boursiers. Le premier thème avait trait a trois axes : dabord, la bonification de la liquidité du marché boursier; ensuite, les mesures susceptibles de faire de la Bourse un lieu privilégié dinvestissement (un marché offrant non seulement différents instruments financiers, mais également un niveau raisonnable de risque et de rentabilité); et enfin le rôle important que jouent la technologie, la presse et les médias dans lattrait des investisseurs nationaux et étrangers. À cet égard, plusieurs pistes ont émané des débats entre spécialistes de nationalités différentes. Ainsi, selon Omar Drissi Kaïtouni, Directeur IT de la Bourse de Casablanca, qui a dressé un bilan concernant lexpérience marocaine, les mesures prises dans le Royaume visaient surtout à instaurer un climat de confiance et de transparence sur le marché boursier. Ce qui impliquait, en parallèle, la vivacité, la sécurité et une certaine qualité du marché boursier. Selon Kaïtouni, il fallait, en premier lieu, donner aux investisseurs la possibilité deffectuer des entrées/sorties sans perte considérable en terme de temps ; chose effectivement faite depuis 2001. Deuxièmement, il fallait mettre en place, pour une intervention plus accrue sur le marché, une série de mesures incitatives dignes dun marché de type «EURONEXT». En dernier lieu, il fallait doter les sociétés de Bourse dune possibilité de passer des contrats de liquidités avec la Bourse. Sur un autre volet, un certain nombre de mesures ont été prises en ce qui concerne les agents, émetteurs de valeurs mobilières, à besoin de financement. Ces agents peuvent désormais intervenir directement sur le marché via lexécution de contrats de rachat. Par ailleurs, il sest agi dencourager les agents ayant un potentiel de financement pour plus dintervention sur le marché. En effet, puisque «linformation» est importante pour tout investisseur, il était crucial dy faciliter laccès en usant de la technologie Internet, des médias, de la presse Un système denchères électroniques en continu Concernant lexpérience jordanienne, Jalil Tarif, président de la Bourse dAmman, a précisé que malgré quelque 200 sociétés cotées à la Bourse dAmman et 17 milliards de dollars en termes de capitalisation boursière, la Bourse dAmman ne peut prétendre à une position de leader au niveau international. En revanche, ces données peuvent lui octroyer une taille moyenne au niveau des marchés boursiers du Moyen-Orient. Selon lui, le marché boursier jordanien a pu bénéficier, grâce aux efforts déployés par les autorités, dun système de négociation électronique depuis 4 ans. Ce système a favorisé la progression du marché entier vers un système denchères électroniques en continu, afin de faire bénéficier le marché boursier dune plus grande efficience et capacité à générer de la liquidité. Par ailleurs, les autorités jordaniennes ont manifesté une forte volonté pour lamélioration des infrastructures et le perfectionnement technologique, aux dépens de la diversification des instruments financiers. En ce qui concerne le flottant des valeurs, la Jordanie a réduit la part du gouvernement de 17% à moins de 5%, sur les quatre dernières années, afin de laisser plus despace pour le flottant des sociétés. Pour une cotation adaptée Jean-Baptiste Prevoteau, directeur des Opérations sur le marché de cash (Euronext), avait aussi son mot à dire sur la manière de bonifier la liquidité des marchés boursiers. «Le monde de la cotation repose sur le chiffre de 2.500 négociateurs par an. Si une action le dépasse, elle peut être cotée en continu ; sans cela, elle est cotée selon un système de doubles enchères. Il est capital de trouver le mode de cotation adapté. Si le carnet dordres est vide, ou si lécart entre cours vendeurs et acheteurs est disproportionné, ce nest bon ni pour les investisseurs, ni pour les émetteurs, ni pour la place boursière. Je suis favorable à lenchère de clôture qui permet au marché de concentrer une grande masse de liquidité au moment de lenchère de clôture et de parvenir à un prix de clôture pertinent. Sur le marché «Euronext», le créneau de lenchère de clôture peut produire 5% du chiffre daffaires du jour pour une valeur Blue chip au prix de clôture. Cest un élément très important», a-t-il affirmé. Une gestion correcte des risques Pour lexpérience «omanaise», Soulaiman Al Rashidi, vice-président, Muscat Depository and Securities Registration Co, a précisé quaprès la mise en place dun dépositaire revêtant la forme dune société distincte, dont 40% du capital sont entre les mains de la Bourse qui profite depuis 1997 dun système de négociation électronique, et lintroduction dun système de règlement administré par la Bourse afin dassurer une gestion correcte des risques, une série de mesures daccompagnement a été prise à fin de remplir les conditions proposées par le «G30». Il sagit, entre autres, de linterdiction des ventes à découvert sur le marché omanais et du blocage des instruments financiers. À cet égard, il a fallu assurer le règlement des valeurs mobilières et des liquidités; chose qui a rendu nécessaire le recours aux fonds de garantie, en cas notamment dinsolvabilité des agents concernés. À ce propos, Philippe Castelanelli, chef des Opérations HSBC CCF (Banque et marchés corporate et institutionnel de France), a signalé le fait que «la compensation et le règlement » se traitent avant tout au niveau national. La question est donc la suivante : est-il possible de rendre les recommandations du G30 «transfrontalières» ? Philippe Castelanelli pense que la tâche nest certes pas impossible, mais il faut la prendre et lanalyser comme un «défi», puisque, selon lui, «nous avons besoin dans le monde des affaires de processus uniformisés, étayés par un cadre légal et réglementaire cohérent, afin de rendre le réseau mondial de compensation et de règlement plus efficace et plus fiable».