On ne pouvait aspirer à mieux. On craignait de les voir timorés ou trop obnubilés par l'importance de l'enjeu. Il n'en fut rien. Ils se sont faits plaisir. Ils ont vaincu et convaincu. Après une aussi belle entame, il leur restait tout juste à confirmer. Certes, en face, il y avait la Namibie qui est loin d'être une foudre de guerre, mais prendre le match avec autant de sérieux et dominer aussi outrageusement les débats, dénote d'une grande maturité et d'une bonne dose d'expérience. Le premier but est vite venu, suivi bientôt d'un deuxième. Et c'est là qu'il y a eu un certain flottement. On avait peur que les nôtres ne sous estiment trop leur adversaire du jour. Mais ce but encaissé permettra un rapide retour à l'ordre. Il aura tout de même le mérite de dévoiler une permissivité inquiétante, tant au milieu que sur le flan gauche de la défense, avec un Kadouri qui avait oublié les consignes de marquage. Le gardien Fouhami n'avait pas grand-chose à se reprocher sur ce but. C'est déjà ça. Aloudi, en état de grâce, réalisera son premier hat trick, juste avant la pause. Si les trois buts étaient l'œuvre de l'ex-feu follet du Raja, le passeur n'était jamais le même. La première fois, c'était Chammakh, la seconde Hadji et la troisième Sektioui sur un centre magistral, après avoir donné le tournis à deux défenseurs namibiens. Le récital allait se poursuivre en seconde période. C'est le même Sektioui qui transformera, imparablement, un penalty obtenu après le fauchage du très entreprenant Chrétien Basser. Zerka entré en cours de jeu se chargera d'arrêter la facture. Aloudi avait cessé de marquer. Mais il avait fait tellement mal qu'un certain Richard, plus boucher que footballeur, s'est fait un devoir de le faire sortir avant terme et sur une civière. C'est cette grande efficacité qui plaît, surtout que la manière était également de la partie, mais sans que cela ne nous fasse oublier la modestie de l'adversaire. Cette première sortie aura renseigné sur les préférences d'Henri Michel concernant l'effectif dont il dispose. Comme gardien de but, un poste qui lui donne bien des soucis, c'est Fouhami qui a fini par s'imposer. Et dans l'axe central de la défense, c'est la paire Ouaddou/ Erbati qui a été retenue. L'ère d'un Karkouri serait, semble-il, révolue. En milieu de terrain, nous avons eu à apprécier le travail titanesque de Safri, désormais très bien épaulé par «l'invité surprise» Kabous. Lors de cette première rencontre, il est évident que Michel était décidé à jouer la carte offensive. Avec Hadji, Chammakh et Aloudi en plus de Sektioui pour les pourvoir en balles intéressantes et pour s'ouvrir, lui-même, des boulevards dans la défense adverse, il était évident qu'il voulait non seulement la victoire mais un score reposant pour la suite (sait-on jamais ?) et très dopant pour le moral. Même pour les plus sceptiques, et même pour ceux qui pensaient, à juste raison d'ailleurs, que les matchs à venir ne devaient ressembler en rien au premier, ont dû apprécier. Il s'agit du score le plus large jamais marqué par l'équipe du Maroc dans les phases finales d'une CAN.