Dans le cadre de ses activités d'animation et de dialogue autour des questions et thématiques diverses, le Club Régional de la Presse (CRP) d'Agadir a organisé, samedi dernier au Royal Atlas d'Agadir, une cérémonie de présentation et de signature de deux importantes œuvres académiques et scientifiques. Il s'agit, en fait de l'ouvrage « le théâtre et l'Etat » du Dr Azzeddine Bounite, directeur régional de la culture de Souss Massa Drâa et l'essai « le Sud face aux délocalisations » du Dr Brahim Labari, enseignant chercheur en sociologie à la faculté des lettres et sciences humaines d'Agadir. Cette rencontre à laquelle a pris part une pléiade de journalistes, d'intellectuels, d'artistes et d'intéressés, a été également l'occasion pour l'assistance de faire connaissance de ces deux productions de haute qualité messagère et cognitive et de mener un débat large et pertinent autour des problématiques de l'art dramatique en corrélation avec son entourage et de l'entreprise étrangère en rapport avec les évolutions sociétales dans le pays d'adoption. En effet, Azzeddine Bounite, lors de son allocution de présentation de son livre, a mis en exergue la dialectique étroite qui a constamment émaillé l'évolution du théâtre vis-à-vis de l'Etat, depuis des siècles. Les expressions et de spectacles de théâtre adoptés par le pouvoir, sous ses différentes formes, ont eu des incidences indissociables du développement artistique de l'intelligentsia, à travers l'histoire. De son côté, Brahim Labari, dans un autre registre, évoque, à partir de son ouvrage, les mesures inhumaines des entreprises qui s'adonnent éperdument à la fermeture de leurs portes en prenant de vitesse leurs salariés, mis dans le désarroi et la désolation. Devant cette démarche, « des syndicats se mobilisent pour résister à cette fermeture aussi brutale qu'inopinée et l'Etat se déclare impuissant face à une telle situation », poursuit-il dans son analyse et son labeur, mené depuis plus de huit ans. Après ces dérobades cruelles, ces mêmes entreprises réapparaissent dans une autre zone ailleurs pour y refaire son nouveau travail… A première vue, poursuit-il, « il s'agit d'une opération économique de déplacement d'une entreprise vers d'autres territoires censés satisfaire à sa rentabilité dans un environnement concurrentiel ». Loin de se limiter à cette explication, Brahim Labari interroge les délocalisations d'entreprises françaises au Maroc comme un phénomène multidimensionnel obéissant au « temps long », c'est à dire à la spécificité des rapports franco-marocains depuis les conquêtes coloniales. « Il entreprend de monter la figure néocoloniale du patron délocalisant, amoureux du Maroc mais enclin à tirer parti des avantages de service que le contexte social lui offre ». Il décrypte et analyse, dans un style piquant et parfois anecdotique, le monde du travail au sein de ces entreprises, la mobilisation de la religion comme mode de management et les résistances ouvrières, notamment féminines, à la lourdeur et à la pénibilité du travail. Ces deux présentations ont, par la suite, suscité un débat approfondi par l'audience, très admirative par la qualité et le contenu de ces œuvres. Nombre de questionnements ont été soulevés d'ordres anthropologique, culturel, économique et scientifique…pour donner à cette rencontre beaucoup plus d'ouverture et de diversification.